En définitive, au niveau mondial, il devrait y avoir encore plus de cacao produit et plus de cacao consommé sur cette campagne 2016/15 qui s’achève à la fin de ce mois-ci, que ce à quoi on s’attendait. Et les prévisions initiales, en juin, étaient déjà plantureuses. Mais la campagne en cours -et qui s ‘achève à la fin de ce mois-ci en Afrique de l’Ouest, principale zone de production au plan mondial- devrait être légèrement moins excédentaire que ce qui était envisagé en juin, a annoncé hier l’Organisation internationale du cacao (ICCO) en publiant son troisième rapport trimestriel de statistiques sur la base de statistiques obtenues début août.
En résumé, la production mondiale serait encore plus importante que le record prévu en juin, et de 18,1% supérieure à 2015/16. La consommation, quant à elle, serait aussi en hausse par rapport aux estimations de juin et de 3,7% supérieure à 2015/16, sans doute grâce aux prix en baisse. Bien évidemment, l’excédent en cacao est confirmé pour cette campagne mais légèrement moindre qu’initialement attendu, avec des stocks de fin de campagne attendus allégés de 1 000 t par rapport aux chiffres avancés en juin, mais 26,3% plus abondants qu’en fin de campagne 2015/16. Le ratio stocks/broyages baisse à 41,6% mais demeure largement supérieur aux 34,2% à fin 2015/16.
A noter que l’ICCO a également révisé à la baisse le déficit sur la campagne dernière, 2015/16, à 187 000 t alors qu’il était précédemment estimé à 197 000 t. En effet, la production a été revue à la hausse de 8 000 t pour la République dominicaine et de 1 000 t pour la Tanzanie, donnant une production totale sur 2015/16 de 3,981 Mt contre 3,972 Mt estimé précédemment. Les broyages mondiaux auraient été moins élevés (- 1 000 t) qu’initialement escomptés.
Une production ivoirienne attendue à 2,01 Mt
Sur 2016/17, la performance de la production serait meilleure encore que prévue il y a trois mois, essentiellement du fait de l’Afrique (+22% ou encore 647 000 t, à 3,565 Mt) et notamment de l’Afrique de l’Ouest. L’ICCO a augmenté de 30 000 t la production attendue en Côte d’Ivoire, le n°1 mondial , qui devrait atteindre le chiffre extraordinaire de 2,01 Mt contre 1,581 Mt en 2015/16.
Les estimations de juin pour le Ghana se confirment, à 950 000 t. Et l’ICCO de rappeler que la Côte d’Ivoire a réduit son prix garanti au planteur à $ 1,252 la tonne pour la campagne intermédiaire alors que le Ghana a maintenu son prix de la campagne principale, à $ 1 924. D’où l’inévitable mouvements frauduleux de fèves à travers les frontières, difficiles à évaluer.
Le Nigeria serait en hausse de 5 000 t (à 225 000 t) par rapport aux estimations en juin et de 3 000 t en Sierra Leone. Le Cameroun relève aussi bien la tête avec une production attendue à 240 000 t. Certes les prix -libres- ont baissé en concordance avec les cours mondiaux, mais les volumes ont compensé, les conditions météorologiques étant favorables. Pour faire face à la situation, rappelons que le gouvernement a abaissé de 50% son droit à l’exportation qui n’est plus que de FCFA 75 le kilo. La récolte tanzanienne est également attendue en hausse de 1 000 t par rapport aux prévisions initiales.
La production dans les Amériques a été revue à la hausse, de 14% ou encore de 91 000 t, à 757 000 t. A noter que la révision à la hausse de la production en Afrique correspond, grosso modo, à la production totale latino-américaines. La production brésilienne a été révisée à la baisse de 10 000 t, attendue à 180 000 t, tandis que celle de l’Equateur serait de 270 000 t et celle du Pérou, en hausse constante en raison des investissements importants réalisés, atteindrait 105 000 t.
En revanche, l’Asie produirait 4,5% de moins de cacao que prévu en juin, soit en baisse de 18 000 t à 379 000 t. La production en Indonésie serait en définitive de 20 000 t inférieure à ce qui était attendu, à 290 000 t.
Une hausse de 7% des volumes de fèves transformés en Afrique
Côté demande, après une campagne 2015/16 particulièrement léthargique, avec des broyages qui n’auraient même pas augmenté de 1%, ils caracoleraient en 2016/17, en hausse de 3,7% ou de 154 000 t, à 4,282 Mt, par rapport aux prévisions en juin.
S’agissant de l’Afrique, l’ICCO s’attend à une hausse de 7%, ou encore de 25 000 t, des volumes de fèves transformés . A noter que la progression serait encore plus importante en Asie mais sur des volumes moindres (+10% ou 88 000 t). En revanche, elle ne serait que de 1% (25 000 t) en Europe et baisserait même, de 2% (15 000 t) dans les Amériques.
Les capacités de transformation dans les pays producteurs, notamment en Afrique, Asie et Océanie, sont prévues atteindre 1,919 Mt contre 1,98 Mt en 2015/16. Ainsi, 45% des fèves transformées le seront dans les pays producteurs. La capacité de broyages en Côte d’Ivoire devrait augmenter de 48 000 t cette campagne, et atteindre 540 000 t, tandis que chez le n°2 mondial, le Ghana, la capacité s’établirait à 220 000 t, le Cocoboard ayant entrepris un vaste programme de rénovation de ses usines de transformation ainsi qu’une vaste politique de promotion de la consommation de chocolat auprès de sa population, note encore l’ICCO.
Les chiffres de transformation en Indonésie ont été révisés de 10% par rapport aux chiffres de juin, à 420 000 t, tandis que les broyages en Malaisie augmenteraient de 14% sur la campagne précédente, à 220 000 t. Un niveau équivalent à celui du Brésil (228 000 t), dont la capacité de transformation augmenterait de 3 000 t cette campagne.
Dans les pays importateurs, les broyages ne progresseraient que de 1,6%, ou encore de 37 000 t, cette campagne 2016/17, à 2,362 Mt. Les principales hausses cette campagne seraient en Europe, l’Association européenne du cacao estimant la progression de l’ordre de 2,1% à 331 850 t, tandis qu’en Amérique du Nord, ces broyages seraient de 494 000 t, dont 390 000 t aux Etats-Unis, 62 000 t au Canada et 42 000 t au Mexique.
Avec commodafrica