Le Nigéria, qui était jusqu’à récemment le principal marché d’Ecobank Transnational Incorporated en terme de résultat net, a perdu cette place au cours du premier semestre 2017, au profit de l’ensemble de ses filiales situées dans l’UEMOA. Cette zone a délivré au 30 juin 2017, un bénéfice net global de 54 millions $ en hausse de 7% sur celui de la même période en 2016, contre un bénéfice net de semestriel de 36 millions $ pour la filiale nigériane, en repli de 47%.
Encore et toujours des créances douteuses au Nigéria
Pourtant le Nigéria est demeuré le premier marché du groupe en termes de revenus, avec un produit d’exploitation bancaire de 316 millions $, contre seulement 220 millions $ pour la région UEMOA.
Les dirigeants expliquent le revers nigérian par deux raisons. D’une part, l’impact négatif de la dépréciation du taux de change du naira (monnaie nigériane) a provoqué des écarts négatifs sur l’ensemble de ses indicateurs de performance dans ce pays. Et d’autre part, on retrouve l’épineux problème des créances douteuses, qui a entrainé une dépréciation du portefeuille des prêts de l’ordre 139 millions $, en hausse de 63%. A taux de change constant, cette dépréciation aurait été 208 millions $. Le groupe explique cette persistance des créances douteuses nigérianes, par un risque de non remboursement de l’ordre de 97 millions $ né sur la période, du fait de son exposition au secteur pétrolier et gazier.
Les autres 42 millions $ de créances douteuses sont expliqués par le fait d’avoir repris des prêts cédés en 2011, en rapport à des structures liées à AMCON, l’entité nigériane en charge de la gestion des défaisances.
La zone UEMOA a aussi son lot de créances douteuses. Mais elles sont en baisse de 13% à seulement 29 million $ sur la période de référence. Et surtout, ce faible niveau intervient alors que cette région occupe désormais la première place en termes de volume des prêts accordés par le groupe ETI à sa clientèle, avec un encours situé à 3,64 milliards $, en hausse de 14%.
Des performances qui s’améliorent
Plus globalement, malgré les efforts de réduction des charges d’exploitation, et un apport de cash et d’immeubles d’un montant global de près de 200 millions $ par l’entité mise sur pied par ETI pour combler son trou noir de créances douteuses, les activités au Nigéria pèsent désormais pour seulement 34% sur son produit d’exploitation bancaire et 30% de son résultat après impôts, contre un peu plus de 40% précédemment.
Le groupe basé à Lome et coté sur les marchés financiers de Lagos, Accra et Abidjjan, a continué sa sortie de la zone négative au cours du premier semestre, même si ses performances de la période sont en deçà de celles de la même période en 2017. Pris en dollars US, monnaie de consolidation de ses principaux actionnaires, son produit d’exploitation bancaire a reculé de 11% à 911 millions $.
Malgré une baisse de 16% de ses charges d’exploitation à 552,7 millions $, son résultat d’exploitation a baissé de 26% à 151,5 millions $. Le groupe a été pénalisé par une hausse de 26% de ses coûts du risque, en rapport à une augmentation des créances douteuses, notamment dans ses filiales dans l’Afrique de l’ouest anglophone (+156%) et nigériane (+63%), dans ce contexte, le résultat net de la holding a baissé de 19% à 123,4 millions $.
Le top management demeure confiant, même si la valeur pour les investisseurs baisse
Pour sa part, Ade Ayeyemi (photo), le directeur général du groupe, a préféré s’appesantir sur les aspects positifs de cette période soulignant la réduction des charges d’exploitation. « Nos résultats semestriels audités ont démontré les avantages de notre modèle d’entreprise diversifié. Malgré un contexte macroéconomique fragile dans la plupart de nos marchés, nous avons réalisé un rendement de 15,6% sur capitaux propres hors immobilisation et amélioré notre coefficient d’exploitation à 60,6%, grâce à nos initiatives continues de réduction des coûts au sein du Groupe », a-t-il fait savoir.
Il a aussi exprimé son optimisme sur les perspectives de l’année 2017, s’appuyant sur les gains de la digitalisation et la mise en œuvre progressive des nouveaux processus d’amélioration des services avec les clients. Mais tout cela tarde à créer de la valeur pour les investisseurs. La publication de ses résultats semestriels a été marquée par la cession de 5,4 millions d’actions sur la BRVM, à un cours stable. Le lendemain, l’action perdait 4,3% sur ce marché et y cumule désormais une perte de valeur de 12,3%.
Avec agenceecofin