Le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA) vient de débloquer une subvention d’un montant d’un millions de dollars en faveur du Burkina Faso. L’enveloppe devrait servir à promouvoir les investissements dans le secteur des énergies renouvelables en misant sur les mini-réseaux d’énergie verte afin de rehausser le taux d’accès à l’électricité du pays particulièrement faible en milieu rural.
Le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA, en anglais) a approuvé l’octroi d’une subvention d’un million de dollars en faveur du Burkina, en appui aux efforts du pays pour la promotion de l’accès à l’énergie verte particulièrement en milieu rural à travers des mini-réseaux. La subvention vise à renforcer les moyens d’intervention du Fonds de développement de l’électrification (FDE), mis en place par le gouvernement burkinabé à travers la création d’un cadre propice aux investissements du secteur privé dans l’énergie, en particulier dans les mini-réseaux basés sur les énergies renouvelables. Le FDE a déjà permis l’installation de près de cinquante mini-réseaux à base de diesel qui sont principalement gérés par des coopératives de femmes agricultrices.
Cependant, selon les statistiques officielles, le taux d’électrification du pays ne dépasse pas encore les 18,% en 2016, un chiffre qui cache beaucoup de disparités puisque dans les détails, l’accès à l’énergie au Burkina qui est de 59% dans les zones urbaines n’est que de 3% dans les zones rurales (3 %). C’est pour cette raison que le gouvernement burkinabé s’est-il fixé comme objectif, l’augmentation du taux global d’électrification à 36 % en 2020 et à 75 % d’ici à 2030.
Afin d’atteindre les objectifs d’électrification qu’il s’est fixés, le pays devrait se doter d’un cadre institutionnel à même de promouvoir les investissements privés. C’est dans ce cadre qu’intervient le soutien du SEFA, lequel vise à accompagner l’élaboration d’une la stratégie et du cadre réglementaire appropriés qui faciliteront et inciteront le secteur privé à investir dans l’énergie verte au Burkina Faso.
Un nouveau modèle de politique énergétique
Selon la Banque africaine de développement (BAD), qui gère le fonds SEFA, cette nouvelle subvention va permettre de financer l’examen de la politique énergétique du Burkina et de formuler des recommandations pour englober les mini-réseaux à base d’énergies renouvelables. Dans le même temps, il s’agira d’élaborer un cadre réglementaire avec une grille tarifaire, d’établir des normes et des directives techniques pour les mini-réseaux , de procéder à une évaluation des mini-réseaux existants à base de diesel et d’élaborer un plan de développement durable, incluant des recommandations pour la substitution par des technologies à base d’énergies renouvelables, pour stimuler les investissements privés/publics et définir des modèles commerciaux. Au final, il sera aussi question d’identifier des incitations financières pour les investissements privés dans les mini-réseaux verts. Selon Ousseynou Nakoulima, directeur de la BAD pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, « un nouveau modèle commercial pour le déploiement de mini-réseaux à base d’énergie solaire va débloquer des investissements dans les 3 000 localités identifiées dans le programme du pays ».
Le projet s’inscrit d’ailleurs dans la droite ligne de la Stratégie décennale de la BAD axée sur la croissance verte, ainsi que du « New Deal pour l’énergie en Afrique », lequel vise entre autres objectifs, l’accès universel à l’énergie d’ici à 2025. Il répond également aux objectifs de « SEforALL », en se basant sur les énergies renouvelables pour élargir l’accès à l’énergie et en encourageant les financements privés. D’autant plus que parallèlement, le gouvernement du Burkina s’est engagé à accroître l’accès à l’électricité dans le pays, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, tel que stipulé dans sa Politique du secteur énergétique (POSEN) qui s’étale sur la période 2014-2025 et qui vient d’être renforcer par les objectifs des nouvelles autorités à travers le Programme national de développement économique et social (PNDES).
Le SEFA a été lancé en 2012 comme un fonds fiduciaire multi-bailleurs doté de près de 100 millions de dollars et financé par les gouvernements du Danemark, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Italie. Il a vocation à soutenir le programme de développement des énergies durables en Afrique, en offrant des subventions destinées à faciliter la préparation de projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique de moyenne envergure ainsi que des prises de participation pour pallier le déficit de financement des projets d’énergies renouvelables de petite et moyenne envergure . Il œuvre aussi à apporter un appui au secteur public pour créer un environnement propice aux investissements privés dans le domaine des énergies durables.
Face au déficit criant du continent en matière d’accès à l’énergie et surtout d’électrification, les études convergent à reconnaitre qu’il est plus efficace de miser sur la multiplication de mini-réseaux de production particulièrement dans les zones rurales encore très reculées pour bénéficier à court et moyen terme aux réseaux électriques qui se mettent en place progressivement sur le continent.
Avec latribuneafrique