En prélude des élections présidentielles de 2015, le président Henri Konan Bédié, ex-chef d’État et président du PDCI, décida de ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle pour favoriser la réélection d’Alassane Ouatarra (ADO). En retour, Ouattara prit l’engagement de soutenir un candidat PDCI aux élections présidentielles de 2020.
Quelques décisions prises depuis lors, poussent à être prudent sur le respect de cet engagement. En effet, suite au référendum du 30 octobre 2016 Daniel Kablan Duncan (jusque-là Premier ministre issu du PDCI) fut nommé vice-président de la république. Remplacé à la primature par Amadou Gon Coulibaly.
Cette nomination mérite qu’on s’appesantisse quelques instants sur cet éminent serviteur de la république ivoirienne. Ingénieur en travaux publics et économiste, il fait partie des fidèles du président ADO.
Leur compagnonnage débute au début des années 90 à l’époque où Ouattara était Premier ministre. L’ascension de Gon Coulibaly suivra celle de son mentor. À l’arrivée d’ADO à la présidence de la république AGC fut nommé secrétaire général de la présidence avec rang de ministre. Il occupa ce poste jusqu’à sa nomination à la maison blanche (siège de la primature ivoirienne) le 10 janvier 2017. Pour beaucoup d’Ivoiriens, si ADO a mis AGC à ce poste-là, à ce moment-là, c’est pour le préparer à lui succéder. Faisant fi ainsi de l’accord avec le PDCI.
Il faut rajouter également que ce réaménagement à la tête de l’État taille une part belle au RDR d’ADO dans le sens où tous les postes exécutifs de premier plan sont aux mains du RDR. Le PDCI a eu le poste de VPR qui protocolairement n’est pas négligeable, mais sans réelle marge de manœuvre. Le Vice-Président étant dépendant de ce que le Président consent à lui donner comme autonomie et champs d’action.
À la vérité, il faut aussi reconnaître que des postes importants sont toujours occupés par des alliés du RHDP atténuant un tant soit peu cette prééminence du RDR. Ainsi, pêle-mêle Patrick Achi est secrétaire général de la présidence avec rang de ministre, Thierry Tanoh a le portefeuille du pétrole ou Marcel Amon Tanoh autre PDCI qui lui est ministre des Affaires étrangères. Cette liste est non exhaustive…
Ces inquiétudes sont d’autant plus légitimes au regard des transitions politiques dans ce pays depuis les indépendances Il n’est nullement dit que le non-respect de cet engagement serait un désastre. Seulement dans un pays meurtri par une décennie de guerre, toute décision qui pourrait provoquer une déstabilisation est fortement proscrite.
Attendons-nous trop de Ouattara ? C’est une éventualité. On attend surtout de lui qu’il soit un homme d’État qui fera entrer la Cote d’Ivoire dans une ère de stabilité avec un état de droit digne d’un pays moderne. Pays où les alternances politiques se font sans effusion de sang et avec des scrutins transparents. L’Histoire lui en saura gré.
Avec africapostnews