Si Neymar mettra assurément un coup de fouet à l’activité du PSG, la rentabilité de l’investissement est loin d’être assurée pour le club, contrairement à ce qu’expliquent la plupart des experts. Démonstration.
Avant de parler de Neymar revenons un instant en 1997 pour évoquer le sort d’un autre Brésilien, Ronaldo, transfert record en son temps. À l’époque, l’Inter Milan débourse la somme de 48 milliards de lires (35 millions d’euros, inflation comprise) pour l’arracher, déjà, au FC Barcelone. Beaucoup sont choqués par le montant. Le président du club italien Massimo Moratti déclare alors six mois plus tard : “À propos de Ronaldo, on a parlé de transfert du siècle. Moi, je n’ai jamais considéré le prix comme très haut. Je ne veux pas dire que j’avais raison ; mais on se rend compte qu’il s’agit d’un excellent investissement. Pour l’image qu’il véhicule à la fois de l’Inter mais aussi de Pirelli, qui est sponsor et actionnaire”, confie alors l’homme d’affaires, à la tête du club milanais entre 1995 et 2014.
Pour Neymar, le constat est le même si l’on raisonne à long terme. Le PSG change de dimension et s’offre un Ballon d’Or en puissance, avec les contrats de sponsoring qui vont avec. Sauf qu’au niveau comptable, le club ne pourra pas présenter des comptes dans le vert d’ici 2022, année de la fin du contrat du Brésilien.
Neymar va coûter 152,5 millions d’euros par an (hors primes)
Le montant de la clause libératoire s’élève à 222 millions d’euros. Celle-ci est taxée à 40% par le fisc espagnol, soit 80 millions d’euros en plus. Enfin, sur les 222 millions d’euros que le PSG a versé au joueur pour qu’il se libère de son contrat, le PSG devra payer environ 100 millions d’euros de charges sociales. Le droit français considère une telle transaction comme une avance sur salaire. Au final, le transfert de Neymar coûterait jusqu’à 400 millions d’euros.
Il faut ajouter un contrat mirobolant de cinq ans évalué à 35 millions d’euros net d’impôt par an. Or, selon Pierre Rondeau, économiste du sport cité dans Le Figaro, il faut ajouter à cette somme 37,5 millions de prélèvements par an. Soit 72,5 millions d’euros à débourser pour le PSG chaque année, pour un total de 362,5 millions d’euros en cinq ans. Ce montant ne comprend pas les différentes primes à la performance qui peuvent encore faire grimper l’addition. Barcelone devait par exemple lui verser 26 millions d’euros cette année s’il restait au club.
Au final, en additionnant le transfert et le salaire, l’opération atteint un minimum de 762,5 millions d’euros (152,5 millions par an). Voyons maintenant ce qu’il peut rapporter au club.
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Contrats de sponsoring : 80 à 100 millions d’euros en plus par an
La renégociation du contrat d’équipementier de Nike (20 à 25 millions d’euros par saison) devrait rapidement refaire surface. En tenant compte du marché, la nouvelle équipe de Neymar peut espérer au moins un doublement des termes actuels. Chelsea, vainqueur de la Ligue des champions en 2012, est actuellement le club qui reçoit le plus de la marque américaine avec 66 millions d’euros.
La compagnie aérienne Fly Emirates verse quant à elle 25 millions d’euros par an pour apparaître sur la tunique du PSG. Aujourd’hui, Manchester United est le leader du marché et touche 63,5 millions d’euros de la part de Chevrolet. Viennent ensuite Barcelone avec 55 millions d’euros de Rakuten et Chelsea avec 51 millions d’euros de Yokohama.
En prenant en compte l’ensemble des partenaires du club (Nike, Emirates, QNB, Ooredoo, Nivea, MoneyGram, etc.), ces derniers rapportent 80 millions d’euros par an selon Le Parisien. L’arrivée de la star brésilienne peut laisser espérer un doublement de ces revenus.
Pour Vincent Chaudel, expert sport pour le cabinet Wavestone interrogé par Capital, le club pourrait obtenir un peu plus car Neymar (25 ans) est un potentiel Ballon d’Or compte tenu de l’âge de Cristiano Ronaldo (32 ans) et Lionel Messi (30 ans). “Les entreprises voudront profiter de cette exposition et voir leur nom associé à la marque Paris mondialement reconnue”, souligne-t-il.
Ventes de maillots : au maximum 12 millions d’euros supplémentaires
S’il est certain que les maillots floqués Neymar vont s’arracher, il faut rappeler que le club ne reçoit qu’une part minime du prix de vente (entre 10 et 15%). Les tarifs en boutique oscillent entre 85 euros et 150 euros selon le modèle choisi. Actuellement le PSG vend en moyenne 526.000 maillots par saison sur la période 2011-2016, selon le cabinet RP Marketing. Le leader mondial est Manchester United avec 1,75 million unités vendues.
Les experts estiment que le PSG pourrait vendre entre 1 et 1,2 million de maillots par saison grâce à Neymar. Soit un gain d’environ 12 millions d’euros par rapport à la situation actuelle.
Billetterie : pas de miracles à attendre
C’est l’un des postes où le club ne peut pas espérer grand chose. La billetterie rapporte déjà 92,5 millions d’euros par an au club selon le dernier rapport annuel du cabinet Deloitte. La configuration actuelle du Parc des Princes limite l’affluence à 48.000 places et le prix des places est déjà dans la fourchette haute de ce qui se pratique en France. En revanche, les tarifs VIP pourraient enregistrer une progression. Selon une enquête de Capital, les loges privées que réservent les entreprises pour inviter leurs partenaires se négocient entre 200.000 et 450.000 euros par saison. Elles sont au nombre de 39 actuellement. Quant au projet d’agrandissement du Parc des Princes à 60.000 places, il n’a pour l’instant guère avancé.
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Droits TV : aucune rentrée substantielle avant juin 2021
C’est la grande inconnue de l’opération, même si les étoiles sont alignées pour que le prochain contrat des droits de retransmission de la Ligue 1 soit revalorisé. En effet, SFR Sport vient bouleverser le duo historique Canal+/beIN Sports et chacun voudra remporter une part du gros lot. On ne sait pas encore quand aura lieu l’appel d’offres, mais le prochain cycle ne débutera de toute façon pas avant 2020. Le PSG a touché 58 millions d’euros au titre de la saison écoulée. Ce montant devrait être similaire jusqu’à la fin de la saison 2020/2021.
Actuellement, les diffuseurs versent 749 millions d’euros par an aux clubs de Ligue 1. Un montant encore loin de l’intouchable Premier League anglaise (2,3 milliards d’euros). Le prochain contrat pourrait tutoyer l’Italie (915 millions d’euros) et l’Espagne (968 millions d’euros). Il reste encore de la marge avant de rattaper la Bundesliga allemande et ses 1,16 milliard d’euros.
Restent ensuite les droits de diffusion à l’étranger, un secteur où la marge de progression apparaît bien plus importante. La LFP a confié leur commercialisation à beIn Sports jusqu’en 2024. En échange, le groupe qatari lui verse un montant garanti de 80 millions d’euros par saison plus 50% des sommes qu’il parvient à obtenir au-delà de ce seuil.
Vincent Chaudel estime que l’on peut s’attendre à un montant total au moins multiplié par quatre sur les droits à l’étranger (Neymar étant un véritable atout pour attaquer le marché chinois), tandis que les droits locaux ne devraient pas crever les plafonds. Naturellement, le PSG ne touchera qu’une petite part de ces droits supplémentaires. “Les principaux bénéficiaires seront l’ensemble des clubs de Ligue 1”, précise-t-il.
Pour sa campagne 2015/2016 en Ligue des champions (où il a été éliminé en quarts de finale), le club a également touché 70 millions d’euros de la part de l’UEFA. En cas de victoire finale, le PSG ne pourrait compter que 17,5 millions d’euros supplémentaires, selon le barème des dotations de l’UEFA.
Ce que nous n’avons pas intégré
Nous avons décidé d’écarter les ventes de joueurs, même si certains devraient faire leur valise pour laisser une place à Neymar. Ces transactions sont valables pour une seule année et ne font pas parties du modèle économique du club (au contraire de Monaco qui revend à prix fort ses jeunes talents). Nous n’avons également pas intégré les revenus dégagés par l’influence du joueur sur les réseaux sociaux (79,2 millions de followers sur Instagram). Ceux-ci font parties des contrats de sponsoring traditionnels évoqués plus haut.
Avec capital