La dégradation des relations de Donald Trump avec les milieux d’affaires et les doutes sur sa capacité à meser à bien ses réformes, notamment celle sur la fiscalité, cruciale pour l’évolution de Wall Street, ont fait dévisser les actions américaines jeudi.
Wall Street a clôturé en nette baisse jeudi, les investisseurs s’inquiétant de l’impact des turbulences politiques entourant Donald Trump sur l’avancée des réformes économiques : le Dow Jones a perdu 1,24% et le Nasdaq 1,94%. Selon les résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 274 points à 21.751 points, enregistrant ainsi sa plus forte baisse depuis mi-mai. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 123 points à 6.222 points. L’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,54%, ou 38,10 points, à 2.430,01 points.
L’annonce de la dissolution de conseils économiques rattachés à la Maison Blanche et composés de grands patrons mercredi “a généré beaucoup d’inquiétudes chez les investisseurs”, a relevé Adam Sarhan, 50 Park Investment. “C’est la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Trump qu’il y a une rupture entre lui et le milieu des affaires”, a-t-il expliqué. Aussi, quand des rumeurs sont apparues jeudi sur une éventuelle démission du conseiller économique en chef de la Maison Blanche, Gary Cohn, les marchés se sont un peu plus alarmés. Ancien banquier de Goldman Sachs, M. Cohn est perçu à Wall Street comme un gage de stabilité au sein d’une administration en proie à des difficultés. Il travaille actuellement sur une réforme de la fiscalité. “Si le président perd le soutien de ses propres alliés, cela va devenir très difficile de légiférer”, a relevé Art Hogan de Wunderlich Securities.
Plus tard dans la journée, l’annonce d’un attentat à Barcelone ayant causé la mort d’au moins 13 personnes “a déclenché une réaction émotionnelle”, a relevé Art Hogan. Par ailleurs, “quand en août le marché part dans une direction, c’est compliqué de l’arrêter car le faible volume des échanges tend à exagérer les tendances”, a-t-il ajouté.
Les résultats en demi-teinte de l’équipementier en télécoms Cisco ont aussi pesé, le titre de ce membre du Dow Jones chutant de 4,02%. En réaction au regain d’aversion au risque, les cours des obligations ont grimpé : le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans s’affichait à 2,189% contre 2,224% mercredi soir et celui des bons à 30 ans à 2,775%, contre 2,807%.
L’évolution récente des marchés financiers reflète les faiblesses de l’économie américaine et doit inciter la Réserve fédérale à être “très patiente et pertinente” quant à l’opportunité de relever de nouveau les taux d’intérêt, a déclaré de son côté Robert Kaplan, le président de la Fed de Dallas. Déjà connu pour être favorable à une gestion prudente de la politique monétaire, il a souligné dans un discours suivi d’une conférence de presse sa préoccupation après une série de chiffres inférieurs aux attentes sur l’inflation aux Etats-Unis.
“Il ne fait aucun doute que l’inversion et l’aplatissement de la courbe (des rendements) est le reflet d’un problème économique”, a déclaré jeudi Robert Kaplan, qui dispose d’un droit de vote cette année au Federal Open Market Committee (FOMC), le comité de politique monétaire américain. Certains investisseurs jugent les rendements obligataires inhabituellement bas alors que la Fed a déjà annoncé trois hausses de taux depuis décembre. Ce décalage peut être perçu comme le signe annonciateur d’une dégradation de la situation économique aux Etats-Unis…
Avec AFP