Ils manifestent en réaction aux propos d’un conseiller du chef du gouvernement, qui a évoqué la possibilité de privatiser la RNTA pour renflouer les caisses de l’État.
Les employés de la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) ont manifesté jeudi 3 août à Tunis, pour exprimer leur refus catégorique de toute privatisation de leur entreprise. Cette manifestation organisée par le syndicat national des employés de la RNTA − qui relève de la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) −, intervient suite aux propos du conseiller du chef du gouvernement Faycel Derbel, le 18 juillet dernier, lors d’une table ronde organisée par l’Institut tunisien des experts-comptables. Le conseiller avait alors évoqué l’hypothèse d’une privatisation partielle ou totale de la RNTA pour renflouer les caisses de l’État.
Au cours de cette manifestation dans les rues de Tunis, les employés ont exprimé leurs refus catégorique de toute cession partielle ou totale de la RNTA et ont appelé le gouvernement à déclarer publiquement qu’il ne procédera pas à la privatisation de la RNTA.
Un préavis de grève pour le 15 août
Contacté par Jeune Afrique, le secrétaire général des employés de la RNTA, Hichem Oueslati, a affirmé que la privatisation des entreprises publiques n’était pas une solution pour résoudre les difficultés actuelles. Hichem Oueslati appelle à un audit approfondi de la situation de la RNTA avant d’entreprendre toute autre action.
Le secrétaire général a exposé une des solutions proposées par le syndicat, à savoir une restructuration de l’entreprise sur un délai de 5 ou 10 ans, précisant que les employés ne sont pas frontalement opposés à l’idée d’un programme de départ anticipé à la retraite des employés, si cela est dans l’intérêt de la RNTA.
« Nous sommes un syndicat responsable et nous appelons au dialogue avec les autorités compétentes », déclare Hichem Oueslati, ajoutant que « c’est notre première marche de protestation depuis 10 ans ». Un préavis de grève a d’ores et déjà été déposé pour la journée du 15 août 2017 par le syndicat des employés de la RNTA.
Un contexte économique difficile
La Tunisie connait des difficultés économiques très importantes depuis la révolution de 2011. Devant l’augmentation des dépenses de l’État (hausse des salaires sous la pression syndicale, recrutement massif dans la fonction publique) et la baisse de la production et des exportations, la Tunisie s’est tournée vers les institutions internationales (FMI, Banque mondiale) pour obtenir des financements. Le FMI et la Tunisie se sont ainsi accordés sur un programme d’aide conditionnée à hauteur de 2,8 milliards de dollars.
Le pays a déjà reçu deux prêts à hauteur de 628,8 millions de dollars. S’agissant de prêts conditionnés, le FMI a exigé que le gouvernement tunisien entreprenne des actions pour réduire le déficit fiscal, stabiliser la dette publique sous la barre des 70% du PIB d’ici 2020, augmenter les investissements, réduire les dépenses sociales et introduire davantage de flexibilité dans le système de change, tout en contenant l’inflation en dessous de 4%.
Le secrétaire général des employés de la RNTA estime d’ailleurs que c’est le FMI qui a suggéré au gouvernement tunisien l’idée de privatiser la RNTA .
Entreprise publique fondée en 1891, la RNTA affiche un capital de 3,5 Millions de dinars tunisiens. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 206,6 Millions de dinars HT en 2012. Ces dernières années, elle a subi de plein fouet la concurrence des cigarettes entrées illégalement sur le territoire tunisien, par des opérations de contrebande provenant d’Algérie et de Libye.
Avec jeuneafrique