L’opposition a manifesté le 2 août à Conakry pour dénoncer les atteintes à la démocratie du président Alpha Condé. Ce dernier est notamment accusé de vouloir réaliser un troisième mandat, une possibilité interdite par la Constitution.
“Sur les pancartes, on pouvait lire ‘Alpha Condé, 7 ans de fausses promesses ça suffit !’ ; ‘Le respect de la parole est sacré’ ; ‘Halte à la corruption’ ; ‘Touche pas à ma Constitution’ […] ‘Non à un troisième mandat’”, raconte le site d’informations guinéenGuinée7, qui s’est rendu à la manifestation organisée par l’opposition mercredi 2 août dans la capitale, Conakry.
Conduits par des figures de l’opposition comme l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, des dizaines de milliers de partisans ont marché pour exiger du président Alpha Condé le respect d’accords politiques signés en octobre 2016 entre le pouvoir et l’opposition. Ils prévoyaient notamment la tenue d’élections locales, depuis lors sans cesse repoussées.
“Velléités de tripatouillage”
“Peut-on encore croire à la bonne foi de Condé ? s’interroge Le Pays. Sur la question, l’opposition est catégorique. C’est non. Seule la rue peut le contraindre”, poursuit le quotidien burkinabé. “Le pouvoir de Condé, a dit un opposant, est ‘comme une tortue. Si on ne la chauffe pas, on n’aura rien.’”
L’opposition craint surtout que le président refuse de quitter le pouvoir en 2020, à la fin de son deuxième et dernier quinquennat. “L’homme présente des velléités de tripatouillage de la Constitution pour s’offrir un troisième mandat. Certes, de manière concrète, il n’a pas encore franchi la ligne rouge. Mais tout porte à croire qu’il est en train de préparer les esprits pour faire le saut”, explique Le Pays.
Alpha Condé a récemment déclaré qu’il doutait de la pertinence de la limitation à deux mandats en Afrique, inscrite pourtant dans la Constitution guinéenne. Selon lui, cette exigence n’est la norme ni en Europe ni en Asie.
“Un autre signe assez parlant de sa volonté de briguer un troisième mandat, c’est la sortie de ses courtisans et autres Raspoutine l’appelant sans équivoque à modifier la Constitution pour prolonger son bail à Sékhoutouréya [résidence officielle du président]”, note le journal de Ouagadougou :
L’argument honteux avancé est que sans Alpha Condé toute la Guinée est dépeuplée. Et l’on peut prendre le risque de dire qu’Alpha Condé a des chances de répondre favorablement à ces chants de sirènes.”
Depuis la capitale du Burkina Faso, Aujourd’hui au Faso lance ainsi un cri du cœur : “Professeur Alpha, des actes pour vous dédouaner de toute velléité !”
“Le n° 1 guinéen est suspecté, à tort ou à raison, de nourrir des velléités de modification constitutionnelle pour demeurer au pouvoir. Vrai ou faux ?” se demande le quotidien burkinabé, qui suggère une façon de mettre fin aux spéculations :
Pour que l’opposant historique qui a connu les geôles de Sékou Touré et de Lansana Conté [ex-présidents guinéens] et qui a été le premier artisan d’une alternance civile en Guinée [en 2010] ne confirme pas le préjugé qui veut que les vieux opposants fassent de piètres présidents, il est temps que le professeur Alpha se prononce une fois pour toutes sur ce sujet crisogène. À deux ans et demi de la prochaine présidentielle, rien, absolument rien, ne coûte au professeur Condé de se prononcer sur la question, cela aura l’avantage de la clarté.”
Avec courrierinternational