Les prix du cacao devraient grimper au second semestre face à une baisse attendue de la production en Côte d’Ivoire et au Ghana lors de la campagne 2017/18 qui démarrera le 1er octobre. 2016/17 s’annonce, d’ores et déjà, record. La baisse de volumes anticipée sur la campagne prochaine devrait réduire l’excédent sur le marché mondial des fèves. D’ores et déjà, de fin juin au 24 juillet, le prix du cacao a augmenté de $ 40 la tonne, en hausse de 2% sur le marché à terme de New York, note Rabobank.
£ 1 700 en ligne de mire en fin d’année
Selon le prix médian obtenu auprès de 8 traders et analystes interrogés par Reuters la semaine dernière, le cacao en fin d’année serait à £ 1 700 la tonne sur le marché à terme de Londres et à $ 2 200 à New York ; à titre de comparaison, il a clôturé hier soir respectivement à £ 1 590 et $ 2 060 sur ces deux places. A noter que ces prix anticipés pour fin 2017 sont inférieurs à ceux obtenus lors d’un précédent sondage de Reuters en février qui, là, donnaient un prix de £ 1 880 et $ 2 400 en fin d’année.
Parmi les facteurs haussiers cités se trouvent, d’une part, un excédent mondial qui pourrait n’être que de 100 000 t en 2017/18, suite à la baisse attendue de la production en Afrique de l’Ouest. L’excédent cette année est estimée grimper à 350 000 t, toujours selon les sondés par Reuters. La production en Côte d’Ivoire baisserait à 1,9 million de tonnes (Mt) contre les 2 Mt attendues cette campagne 2016/17 ; le comptage de cabosses montre que les volumes seront en baisse et aussi que les cabosses seraient plus petites. Ces 2 Mt attendues cette campagne sont plus que plausibles étant donné que les exportateurs estiment qu’au 30 juillet, les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro atteignaient déjà 1,951 Mt et ce depuis le début de la campagne 2016/17, le 1er octobre dernier. Au Ghana on devrait être aux alentours des 850 000 t la campagne prochaine contre 915 000 t estimées pour cette campagne.
Des comportements haussiers attendus
Face à cela, on estime que la demande en chocolat devrait se dynamiser. D’ores et déjà, note Rabobank, les broyages mondiaux -baromètre de la demande- ont été en hausse de 4,2% sur les trois premiers trimestres de la campagne 2016/17. Pourquoi ? D’une part, car les marges dégagées par les industriels lors des opérations de broyages ont été très bonnes en raison de la reconstitution de leurs stocks, le cacao étant beaucoup plus abordable en terme de prix que l’année précédente. Deuxièmement, leurs ventes de confiseries et de chocolats ont été bonnes, notamment sur des articles à forte teneur en cacao et sur les marchés émergents. En raison de ces facteurs, les industriels ont pu à nouveau dégager d’appréciables marges sur leurs opérations de broyages ce qui laisse penser qu’il pourrait y avoir des baisses de prix sur le chocolat, ce qui dynamiserait la demande.
Troisième facteur haussier, les investisseurs et spéculateurs -les “non-commerciaux” selon Rabobank- devraient couvrir leur immense positions courtes tant sur le marché à terme de Londres que de New York ; ils détenaient leur plus forte position baissière sur le cacao depuis 2006, comme d’ailleurs sur le marché du café Arabica et du sucre roux, mais contrairement à celle sur le coton. S’agissant du cacao, ils auraient déjà réduit de 5 522 contrats cette position courte, à 50 441 contrats au 25 juillet. Rabobank rappelle qu’avant l’amorce de cette situation en 2017, les positiosn courtes n’étaient que de 32 246 lots.
Cette prise de position courte était un gros pari sur l’effondrement des prix, écrivent les analystes de Rabobank. Mais il est difficile de voir les prix baisser encore de façon durable. Les faibles prix occasionnent non seulement une instabilité politique dans des pays comme la Côte d’Ivoire, mais ils peuvent aussi conduire à un approvisionnement exacerbé de régions dont les filières cacao sont totalement libéralisées comme en Amérique latine.
Enfin, l’agitation militaro-politique en Côte d’Ivoire et l’insécurité qui en découle soutiennent également les cours, même si l’expérience a montré que l’activité de la filière n’était pas perturbée même dans les pires moments de guerre civile.
Avec commodafrica