Arrivé à proximité de la maison d’hôtes, dans le quartier des Deux-Plateaux-Vallon, le chauffeur de la berline peine à trouver l’adresse, et c’est en se faisant guider par téléphone que la voiture d’Africab rejoint sa destination. Pourtant, le lendemain, c’est sans avoir eu besoin d’aide qu’un autre chauffeur de la société attend devant la porte de la villa.
Vangsy Goma, 32 ans, patron d’Africab, le numéro un des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) à Abidjan, le sait : toujours assurer la même qualité de service est l’un de ses principaux défis. « Il faut beaucoup de patience pour élever le niveau des prestations. Nous avons formé plus d’une centaine de chauffeurs, mais 40 % d’entre eux ont depuis quitté la société. Heureusement, le turnover ralentit », constate le jeune entrepreneur.
L’idée de créer une compagnie de VTC, Vangsy Goma l’a eue en 2014, quand il effectuait de nombreux allers-retours entre Brazzaville, où il résidait, et la capitale économique ivoirienne, où vivait sa future épouse.
« Il m’arrivait souvent de prendre des taxis dont la plupart sont dans un état déplorable et sans climatisation », déplore-t‑il. Avant de se lancer, le jeune homme a pris conseil auprès de son ami Benjamin Cardoso, fondateur de LeCab, l’un des principaux concurrents d’Uber en France.
Il a aussi testé son idée auprès de la famille Pariente – 277e fortune française en 2016 selon Challenges –, ex-propriétaire de la marque Naf Naf.
Une adolescence privilégiée
Né à Brazzaville, Vangsy Goma a grandi à Puteaux, en banlieue parisienne, avant de déménager pour les beaux quartiers de la capitale. Scolarisé aux lycées Janson-de-Sailly à Paris puis Saint-Martin-de-France à Pontoise, il a ensuite passé un an à Bruxelles, où il a fréquenté le lycée français de Belgique, et a achevé son cycle secondaire dans une boîte à bac du 15e arrondissement de Paris.
Autant d’années durant lesquelles il s’est constitué un solide réseau parmi les « fils et filles de » des élites économiques parisiennes.
Doué pour entretenir les amitiés, il n’a en revanche pas brillé dans ses études. C’est sans conviction qu’il a entamé un premier cycle universitaire à la faculté d’Assas avant d’intégrer l’Idrac, une école de commerce, qu’il a quittée au bout de trois ans, après sa licence. « Je n’étais pas un très bon élève. Je survolais les choses », avoue-t‑il.
Une photo où il figure avec le chef de l’État trône d’ailleurs en bonne place dans son bureau.
La pression familiale était pourtant forte. Son père, le colonel Sébastien Goma, est l’un des premiers officiers congolais diplômé de Saint-Cyr. Surtout, il est le fils de Blandine Malila et, donc, le petit-fils d’Antoinette Sassou Nguesso, l’épouse du président congolais, qu’il considère comme son grand-père. Une photo où il figure avec le chef de l’État trône d’ailleurs en bonne place dans son bureau.
« Enfant, je le voyais tous les week-ends. Il était très strict », se remémore-t‑il. Une proximité assumée qu’il jure n’avoir jamais utilisée pour ses affaires. Tout au plus reconnaît-il avoir bénéficié de garanties financières familiales pour décrocher le crédit qui lui a permis de lancer son entreprise.
Et si, entre 2008 et 2012, il a été embauché par la fondation Congo Assistance de sa grand-mère puis au sein de la Société nationale des pétroles congolais (SNPC), il n’a pas souhaité y faire carrière pour autant. « D’ailleurs, à Abidjan, personne n’aurait eu vent de ma parenté avec Denis Sassou Nguesso, s’il n’était pas venu à mon mariage », insiste-t‑il.
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