La conférence organisée par la Jil’FCE (section jeune du Forum des chefs d’entreprises d’Algérie) sous le thème «La bourse d’Alger et les start-ups » s’ouvre ce jeudi 13 juillet dans les locaux de l’Assemblée nationale populaire (ANP) à Alger. Objectif : sensibiliser les start-ups du pays sur l’alternative que représente le marché boursier. Dans un entretien avec «La Tribune Afrique», Mohamed Skander, président de la Jil’FCE revient sur le potentiel que recèlent les start-ups pour une place boursière qui peine à décoller.
LTA : Après 20 ans d’existence, la Bourse d’Alger n’a toujours que 5 entreprises cotées. Une situation loin d’être louable pour un pays comme l’Algérie. Comment s’explique ce désintérêt de la part des entreprises ?
Mohamed Skander : Il y a beaucoup de facteurs qui ont joué en défaveur du décollage de la Bourse d’Alger, dont trois principaux. Le premier est pratique : les banques algériennes étaient pendant longtemps en surliquidité et offraient des conditions très attractives -notamment avec les taux bonifiés par l’Etat- pour le financement des projets. Les opérateurs économiques ont alors préféré profiter de ces conditions plutôt que d’ouvrir leurs capitaux ou d’émettre des titres de dettes. Le deuxième facteur, très surmontable selon moi, est culturel. Les entreprises algériennes doivent accepter d’ouvrir leur capital ou celles de certaines filiales quand cela permet de maximiser la valeur de l’entité. Cependant, Il faut savoir que les entreprises algériennes d’aujourd’hui ne sont pas celles d’il y a 10 ans, et beaucoup sont tout à fait prêtes, même en terme de transparence financière, à entrer en bourse. Enfin le troisième facteur concerne les investisseurs et épargnants qui doivent penser à la bourse pour placer leurs liquidités. Mais cela pourra se faire naturellement quand le nombre de titres cotés sera suffisant.
Jusqu’ici les tentatives de la SGBV pour attirer les PME se sont soldées par des échecs. Le compartiment dédié créé en 2012 n’a toujours pas réussi à en convaincre une seule. Comment les start-ups, généralement de taille plus petite, pourraient-elles booster l’activité boursière à Alger ?
Quand on pense à la bourse, on pense directement aux grandes capitalisations. Mais les PME peuvent aussi venir contribuer à dynamiser le marché. Il y a certes des projets d’IPO de grandes sociétés privées et publiques qui vont être essentielles pour l’avenir de la Bourse d’Alger, mais autant gagner du temps et dynamiser dès à présent le segment PME, car le plus important est de créer les réflexes aussi bien auprès des opérateurs économiques que chez les épargnants. Le défi commun est celui de la liquidité, et plus il y aura de titres cotés, plus le marché pourra être efficient.
Combien la Jil’FCE (Section jeunes du Forum des chefs d’entreprise) compte-t-elle de startups parmi ses membres et combien ambitionnez-vous conduire sur le marché boursier ?
Il y a environ 3 000 membres jil’FCE dont les entreprises vont de la micro-entreprise, à la grande entreprise ayant plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous représentons les jeunes entrepreneurs, mais également les créateurs de start-ups quel que soit leur âge. Nous allons promouvoir la bourse comme moyen de levée de fonds auprès de nos membres, et si 5 entreprises sont introduites la première année, nous considérerons cela comme une réussite.
L’un des critères de sélection pour autoriser l’IPO d’une start-up est qu’elle devrait figure parmi «les plus prometteuses». Qu’est-ce que cela signifie ?
Il faut savoir qu’investir dans une start-up est plus risqué que d’investir dans une entreprise établie. Le risque est plus grand, mais l’espérance de gain est aussi beaucoup plus grande. Nous souhaiterions que les premières entreprises à être introduites en bourse soient des sociétés dont les marchés sont clairement identifiés et dont les fondateurs sont aguerris pour favoriser une plus-value intéressante chez les investisseurs. Si les premières introductions offrent de bons rendements aux épargnants et investisseurs, alors le pari sera remporté.
Quels sont concrètement les avantages qu’ont ce type d’entreprises à rejoindre le marché boursier algérien ?
Il existe d’une part une grande épargne disponible en Algérie et d’autre part des projets à grand potentiel de croissance. L’avantage pour les porteurs de projet est d’aller capter ces liquidités pour leur financement. Par ailleurs, en plus de tous les avantages fiscaux qu’offre la Bourse -défiscalisation des dividendes par exemple- la Bourse peut être un outil disciplinant pour les start-ups, les poussant dès l’origine à respecter les obligations de rigueur et de transparence financière. Enfin, une cotation peut contribuer positivement à la perception de la société par toutes les parties prenantes et les clients.
Avec latribuneafrique