La crise économique au Nigéria fait sa plus grosse victime : l’opérateur télécoms Etisalat. Après un défaut de paiement de 1,2 milliard de dollars et des négociations stériles avec les créanciers, le groupe émirati signe la fin de son aventure dans le plus grand marché en Afrique.
Après une longue lutte, Etisalat Nigeria quitte finalement le pays le plus peuplé d’Afrique. Le groupe de télécommunications basé aux Emirats Arabes Unis a mis fin à sa participation au conseil d’administration de sa filiale et a accordé du temps pour éliminer la marque Etisalat du pays. C’est ce qu’a confirmé le directeur général d’Etisalat International à l’agence Reuters après environ une semaine de rumeurs.
Etisalat Nigeria devient ainsi la plus grande victime de la pénurie de devises après le défaut de paiement d’un prêt de 1,2 milliard de dollars contracté auprès de 13 prêteurs locaux en 2013. La semaine dernière, les régulateurs nigérians sont intervenus pour éviter que Etisalat Nigeria ne s’effondre après l’échec de ses négociations avec ses créanciers pour rééchelonner le prêt dont une bonne partie est redevable en dollars. Mais Etisalat, qui détenait une participation de 45 % dans la filiale nigériane, a déclaré en juin qu’il a ordonné le transfert de ses actions à un mandataire fiduciaire, pour les transférer aux créanciers de l’entreprise, après la rupture des pourparlers.
Un sursis de 3 semaines pour la marque « Etisalat »
Le PDG d’Etisalat International Hatem Dowidar a déclaré que tous les actionnaires émiratis d’Etisalat Nigeria, y compris le fonds d’investissement public Mubadala, avaient quitté l’entreprise et avaient suspendu définitivement leur participation au conseil d’administration et à la direction de l’entreprise. Autre précision de taille : le PDG a indiqué que l’opérateur pourrait continuer à utiliser la marque « Etisalat » pour trois semaines supplémentaires avant de l’éliminer.
Selon Dowidar, les créanciers de Etisalat Nigéria, qui ont récupéré les actions des émiratis, peuvent essayer de continuer à exploiter l’entreprise jusqu’à lui trouver un acheteur, comme ils peuvent la fusionner avec l’un des opérateurs présents sur le marché.
Il devient ainsi clair que le groupe émirati deviendra, après cette douloureuse chute, beaucoup plus méfiant en investissant dans un nouveau pays, alors qu’il est l’un des deux premiers opérateurs dans les pays où il est installé : les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Maroc, l’Égypte et l’Afghanistan. L’ex-filiale occupait la quatrième place sur le marché nigérian, le plus grand en Afrique, en termes d’abonnés mobile avec plus d’une vingtaine de millions de clients et environ 12,9 % de parts de marché des télécommunications du pays.
Avec latribuneafrique