Rachetée pour trois fois rien en 2010, l’usine de Tesla a été transformée de fond en comble. Elle fabrique 50.000 véhicules par an.
Est-ce le blanc d’Apple qui a inspiré Elon Musk ? L’usine de Fremont, logée au fond de la baie de San Francisco. rappelle davantage l’univers futuriste de la tech que celui de l’automobile. A dessein. Il y a cinq ans, quand Tesla a racheté cette usine à Toyota et GM pour une bouchée de pain (42 millions de dollars), il l’a faite complètement repeindre aux couleurs de la marque : murs, plafonds et structures métalliques blanc « glowy », sols gris clair, robots rouges. Des puits de lumière renforcent la clarté du lieu, qui n’a conservé presqu’aucune trace de son lointain passé. C’est le letimotiv de Tesla. « Il faut oublier la voiture traditionnelle et repartir de zéro », martèle Ricardo Reyes, vice-président chargé du marketing.
Iceman et Wolwerine à l’usine
La Silicon Valley est plus proche que Detroit : les employés sont jeunes, circulent à vélo entre les machines et écoutent de la musique. Les ingénieurs partagent un espace ouvert au milieu du site, où Elon Musk se rend une fois par semaine. Quant aux traditionnels robots Kuka qui s’activent le long des lignes d’assemblage, ils portent les noms des personnages du blockbuster hollywoodien X-men, dont Elon Musk est fan (Xavier, Iceman, Wolverine, Beast, Storm, Colossus…). « Ces robots sont comme des super-héros, donc ils méritent de porter des noms de super-héros ! », explique Tesla. Une salle de gym et un supermarché bio complètent le tableau. A l’arrière, un circuit permet de tester les véhicules qui sortent de l’usine, mais les employés ont droit d’y faire un tour de temps en temps.
La mise en scène a son importance. « L’endroit ne ressemble pas à une usine traditionnelle et c’est volontaire, explique un ancien de la maison. Il est conçu pour galvaniser ceux qui y travaillent. Et ça marche. Je n’ai jamais connu d’équipes à ce point passionnées par le produit qu’elles fabriquent. Si les employés en avaient les moyens, ils s’achèteraient tous une Tesla »… Le constructeur est d’ailleurs presque aussi fier de son usine que de ses voitures, et il offre volontiers un tour à ses meilleurs clients. Dernièrement, on a ainsi vu Sheryl Sandberg (Facebook) munie de lunettes de protection circuler en voiturette entre les presses de carrosserie, ainsi que le prince du Liechtenstein, ou encore le premier ministre d’Estonie.
A 10 % des capacités
Depuis qu’elle s’est remise à tourner, l’usine est montée en régime de façon quasi continue. « Il y a cinq ans, nous fabriquions 600 voitures par an, aujourd’hui, nous en assemblons 600 en trois jours », résumait Elon Musk début août. Le rythme va encore s’accélérer avec le démarrage de la production du Model X, prévu dans six à huit semaines. L’usine a dû fermer quelques jours pour équiper l’une des deux lignes d’assemblage, celle qui produira simultanément et à la demande des Model S et X. Avec une surface de plus de 500.000 mètres carrés, la Tesla Factory a de la marge : calibrée pour produire 500.000 véhicules par an à l’époque de General Motors et de Toyota, elle n’est pour l’instant utilisée qu’à un dixième de ses capacités. Mais pour le constructeur, c’est un peu plus qu’un défi logistique. « Quand nos concurrents lancent un nouveau SUV, ils partent de ce qu’ils ont déjà fait, explique Ricardo Reyes. Nous n’avons jamais fabriqué de SUV et personne n’a jamais fabriqué de SUV électrique jusqu’alors. Nous devons tout inventer, c’est incroyablement complexe. » Tesla a en outre la réputation de ne presque rien sous-traiter, à part les cellules qui composent ses batteries, fabriquées au Japon par Panasonic. Mais plus pour longtemps : à partir de l’an prochain, la « giga » usine Tesla en construction dans le Nevada produira en grande quantité les batteries nécessaires à la fabrication du troisième modèle. Et en 2020, si tout va bien, l’usine fabriquerait 500.000 véhicules par an. Dix fois plus qu’aujourd’hui.
avec les Echos Business