Du moins pour l’instant… « La Cour constitutionnelle du Mali a demandé hier au gouvernement malien, constate Mali Actu, d’apporter ‘des corrections’ au projet de révision de la Constitution qui doit être soumis à référendum, l’obligeant ainsi à renvoyer le projet devant les députés. »
En effet, l’opposition avait demandé à la Cour constitutionnelle de rendre un avis sur, selon elle, l’inconstitutionnalité de ce projet. Arguant notamment que le référendum ne pouvait se tenir dans le nord du pays. Hier mercredi, la Cour n’a pas donné raison sur ce point à l’opposition. Mais elle a demandé néanmoins à IBK de revoir sa copie, principalement sur des imprécisions de date.
C’est tout de même une victoire pour l’opposition et pour une partie de la presse qui rejetait ce projet de révision. Ces derniers temps, éditos et tribunes se sont multipliés dans les journaux pour dénoncer la volonté supposée d’IBK de s’accaparer tous les pouvoirs au travers de cette révision.
Dernier exemple en date, ce point de vue d’un ancien ambassadeur publié par le quotidienL’Aube : « la préoccupation du pouvoir, affirme-t-il, est de se tailler à huis clos une constitution dans laquelle toutes les institutions sont mises au service du Président de la République. Devant la médiocrité de la gouvernance en cours, comment ne pas comprendre la grande colère des Maliens face au déni de réalité et surtout l’incapacité constante du pouvoir IBK à définir les priorités nationales ? Pour sûr, poursuit cet ancien ambassadeur, le Mali de 2017 a plus besoin de sécurité que d’une nouvelle constitution. Le Mali a plus besoin de se rassembler que de se diviser, se compter et s’affronter. Le Mali a plus besoin de se concerter pour se refonder que de s’excommunier dans une volonté absurde d’accaparement d’un pouvoir illusoire. »
En effet, renchérit L’Indicateur du Renouveau, « la vie chère, l’insécurité, la situation humanitaire sont des raisons fondamentales qui font sortir de leurs gonds les partisans du non. » Voilà les « vrais problèmes. Et c’est là que la mobilisation du peuple et la nécessité pour le pouvoir de rectifier le tir sont vivement attendues pour redonner à notre pays ses lettres de noblesse. »
Après Teodorin, à qui le tour ?
A la Une également, le procès en France de Teodorin Obiang Nguema, poursuivi pour abus de biens sociaux, blanchiment d’argent, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption.
« Après le bal des témoins à la barre, l’heure est venue pour le parquet de faire ses réquisitions,pointe Le Pays à Ouaga, avant que débutent les longues et lancinantes plaidoiries des avocats. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le procureur n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour affirmer que les 150 millions d’euros dépensés en France par le vice-président de la Guinée Equatoriale sont d’origine frauduleuse. Morceau choisi : ‘Si Téodorin Obiang est le premier à être jugé dans les affaires de biens mal acquis, ce n’est pas qu’il est une cible, mais c’est parce que son cas ne présente aucune difficulté pour le délit de blanchiment’, a déclaré le procureur. Et d’ajouter avec un brin d’ironie : ‘à moins d’être l’homme d’affaires le plus performant de la planète, cet argent ne peut que provenir d’un détournement de fonds publics’. C’est donc pour cette raison que le ministère public a requis trois ans de prison ferme assortis de 30 millions d’euros d’amende et la confiscation des biens saisis. »
« 30 millions… pour lui, c’est juste de l’argent de poche », s’exclame L’Observateur Paalga. « Plus dure à exécuter sera la peine d’emprisonnement de trois ans pour un prévenu qui n’était pas physiquement présent à la barre et qui est couvert par une certaine immunité diplomatique. Quoi qu’il en soit, que le tribunal suive le parquet national financier ou pas dans toutes ses prétentions, le premier mérite de ce jugement, estime L’Observateur, est d’avoir eu lieu après une traque judiciaire longue de dix ans. »
« Qui sera le prochain sur la liste des justiciers des biens mal acquis ?, s’interroge pour sa part Wakat Séra. En tout cas, l’étau se resserre de plus en plus autour des proches du président congolais Denis Sassou Nguesso (…). Les enfants Bongo sont eux-aussi dans l’œil du cyclone. (…) Les temps ont changé et à quelque chose malheur étant bon, conclut Wakat Séra, les dirigeants africains comprendront peut-être qu’il vaut mieux pour eux d’investir dans leurs pays, au profit de leurs peuples. »
Avec RFI