Le pétrolier se lancera à la rentrée sur le marché français des particuliers. Ces derniers mois, il a étudié plusieurs acquisitions en France et en Belgique.
Total accélère tous azimuts. Il y a un an, son PDG Patrick Pouyanné annonçait qu’il souhaitait se développer dans l’électricité après le pétrole et le gaz. Une mue visant à transformer le groupe d’un pur pétrolier à un énergéticien multi-ressources. Silencieux depuis sur ses intentions, Total a toutefois clarifié sa stratégie depuis quelques mois. Elle est désormais claire. D’abord, obtenir une place de taille sur le marché de la distribution de gaz et d’électricité en France. Et pour maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, détenir d’importants moyens de production d’électricité mais essentiellement dans les énergies renouvelables.
Selon plusieurs sources proches, Total vise à long terme environ 5 millions de clients particuliers en France. Soit une part de marché significative de 15% des 31 millions de foyers français. Pour y parvenir, Patrick Pouyanné a déclaré il y a deux semaines sur Boursorama qu’il commercialiserait des offres de gaz et d’électricité sous la marque Total. Un lancement qui doit intervenir à la rentrée. Il s’appuiera notamment sur le réseau de 2.200 stations essence en France. Mais pour aller plus vite, il entend aussi racheter des sociétés de distribution. L’an passé, il a mis la main sur le belge Lampiris. Et va continuer dans ce sens. Au printemps, le pétrolier a fait une offre de rachat sur la filiale belge d’Eni qui a finalement été rachetée par Eneco.
En France aussi, le groupe cherche à racheter des distributeurs et des producteurs d’énergies renouvelables. “Depuis un an, Total veut grossir et regarde tout!” assure un bon connaisseur du groupe. Ces derniers mois, ils ont approché Direct Energie, le seul vrai distributeur alternatif qui compte 2,2 millions de clients. Mais leurs actionnaires (Jacques Veyrat, Stéphane Courbit…) ne sont pas vendeurs. On lui prête aussi des vues sur la filiale française d’Eni qui sera à vendre d’ici deux ans.
Cap sur les énergies renouvelables
Côté production, ils ont étudié le rachat du producteur indépendant d’énergie verte Quadran. La société a finalement été rachetée par Direct Energie alors qu’Engie avait aussi fait des offres de rachat. Total a également des visées sur Neoen -tout comme Engie- spécialiste de l’éolien et du solaire présent en Australie, en Afrique et Amérique centrale. Ses actionnaires (Jacques Veyrat, BPIFrance…) ne sont pas vendeurs. Tout comme celui d’Akuo, une autre “start-up verte” pour laquelle Total aurait un intérêt. “Je ne suis pas vendeur, assure son fondateur Eric Scotto. Nous allons renforcer nos moyens”. Un rachat qui aurait du sens puisqu’Akuo achète à Total ses panneaux solaires Sunpower et ses batteries Saft, rachetées l’an passé. Un bon moyen de tester l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique comme le souhaite Patrick Pouyanné. Contacté, Total n’a pas souhaité faire de commentaires.
Le moment est propice pour le groupe pétrolier. Dix ans après la libéralisation du marché de l’électricité, son ouverture est restée limitée. Mais face aux deux anciens monopoles EDF et Engie, Total va jouer le rôle du véritable mastodonte qui risque de bouleverser un marché qui peine à s’ouvrir à la concurrence. Seul Direct Energie a réussi à faire son trou. Mais aujourd’hui, la baisse des prix de marché et la rentabilité des énergies renouvelables créent un espace pour de nouveaux acteurs. Pour capter massivement des clients, une marque forte est indispensable, ce dont Total dispose. Le groupe pourrait aussi bénéficier de la fin annoncée des tarifs réglementés du gaz qui sont le dernier obstacle à la concurrence. Dans l’électricité, nul doute qu’ils disparaîtront aussi à terme, même si la forte résistance d’EDF repoussera l’échéance.
Avec bfmbusiness