Pas moins d’une quinzaine de ces agences nationales africaines, censées ramener au pays des investissements étrangers, étaient représentées début juin à Paris. Dans les faits, la majorité d’entre elles peine à atteindre les objectifs fixés.
À l’image de la baisse des investissements directs étrangers arrivés en Afrique en 2016, annoncés en baisse par la Cnuced début juin, les agences africaines chargées de les attirer peuvent mieux faire. C’était tout du moins l’avis de plusieurs investisseurs et responsables financiers interrogés, de façon anonyme, à la sortie de la deuxième conférence annuelle du Réseau international des agences francophones de promotion des investissements (Riafpi). Pour eux, l’immense majorité de ces agences peinent à atteindre leurs objectifs faute d’expertise ou de moyens.
Ainsi par exemple de l’agence burkinabè qui été été créée voilà quatre ansespérant promouvoir la stabilité politique du pays, une fiscalité avantageuse ou les exonérations à 5% des droits de douanes. Objectifs : porter la contribution de l’investissement privé au produit intérieur brut à 20% voire 25% d’ici à 2020 contre une part de 9% en 2012. Dans le contexte politique agité de la chute de Blaise Compaoré, l’Agence pour la promotion des investissements du Burkina Faso (API-BF) n’a pas réellement porté ses fruits et s’apprête à faire peau neuve.
La création de ces agences « est un phénomène mimétique », regrette un capital-investisseur. Un autre financier pointe leur éloignement du secteur privé. « Elles ne fonctionnent pas mis à part dans quelques pays, au Rwanda, en Côte d’Ivoire ou à Maurice », assure-t-il.
Ces agences doivent travailler dans un contexte compliqué : celui d’une défaillance des États et d’une défaillance des marchés
« Ces agences doivent travailler dans un contexte doublement compliqué : celui d’une défaillance des États et d’une défaillance des marchés », a aussi indiqué lors de la rencontre Kako Nubukpo, l’ex-ministre togolais de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques, directeur de la francophonie économique et numérique au sein de l’OIF.
Des difficultés d’expertise et de financement
Morne bilan que le Riafpi, créé en 2014 et qui compte désormais 18 agences membres − quasi exclusivement africaines à l’exception du Liban −, reconnaît également. « Les agences font régulièrement face à des difficultés d’expertises et de financement de leurs activités », notait ainsi le réseau à l’occasion de sa deuxième conférence annuelle au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris.
Une quinzaine de ces agences avait fait le déplacement début juin. « Le réseau a été créé en réaction à une prédominance des réunions anglophones sur les IDE », dit Emmanuel Esmel Essis, le directeur général du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici) qui occupe la présidence du Riafpi.
Le Cepici compte 140 personnes à bord et « quelques millions d’euros » de budget de fonctionnement alloués chaque année par l’État ; il prospecte dans plusieurs pays pour les intéresser aux mérites ivoiriens. Même mission pour Robert Moustafa, le directeur général de l’Anapi (Agence nationale pour la promotion des investissements) de Kinshasa dont les équipes (53 salariés) étaient récemment en missions de prospection au Brésil, en Chine et en Turquie.
Avec un million d’euros de budget de fonctionnement chaque année, l’agence revendique d’ailleurs des résultats en hausse : 66 projets d’investissement enregistrés en 2016 cumulant des investissements de 3 à 5 milliards de dollars qui s’étaleront sur 3 à 5 ans, contre 55 projets pour 2,5 milliards de dollars en 2015.
Avec jeuneafrique