Une étude réalisée par Idéalo montre que de nombreux produits ont tendance à augmenter en ligne avant les soldes. Des pratiques qui peuvent être durement sanctionnées par la DGCCRF.
Les sites bradent-ils vraiment les produits durant les soldes? Les démarques parfois spectaculaires s’appliquent-elles sur les vrais prix pratiqués par les e-commerçants en dehors des soldes? C’est ce qu’a voulu vérifier le comparateur de prix Idéalo. Et le résultat a de quoi surprendre. Le comparateur a mesuré l’évolution de 300 produits avant et durant les soldes d’été 2016 dans trois catégories: les baskets, les produits high-tech et les produits de maison et de jardin. Et sur chacune de ces trois catégories, Idéalo a observé des hausses de prix.
+8% sur les baskets avant les soldes
Pour les baskets par exemple, les prix augmentent de 8% entre la quatrième semaine et la dernière semaine avant les soldes, approchant en moyenne les 100 euros. Ce prix moyen chute ensuite fortement de 21% pour atteindre environ 79 euros lors de la première semaine des soldes. Les prix restent ensuite assez stables, subissant une hausse légère et progressive pendant la durée des soldes.
+5% pour les produits high-tech juste avant les soldes
En ce qui concerne les produits high-tech, comme les télévisions, les enceintes, les smartphones, les reflex ou les objectifs photo, le même phénomène s’observe: une augmentation de 5% entre la quatrième et la dernière semaine avant les soldes, pour perdre ensuite presque 10% à la première semaine des soldes (prix moyen de l’ensemble des produits high-tech: 903,54 euros à 949,53 euros puis 865,05 euros). La baisse des prix progresse ensuite pour atteindre son minimum lors de la 4ème semaine des soldes avec -9,2% (820,95 euros) par rapport au prix de référence (903,54 euros).
+5% pour le mobilier… mais pas de baisse durant les soldes!
Enfin, pour les produits de maison et jardin, tels que les perceuses, les barbecues, les tondeuses, les nettoyeurs haute pression ou les réfrigérateurs, une variation sensiblement identique des prix s’observe: les prix grimpent de 5% pendant les 4 semaines précédant les soldes. D’environ 363 euros de prix moyen pour l’ensemble de cette catégorie de produits à près de 382 euros. Mais paradoxalement note Idéalo, les prix continuent à monter même après le début des soldes! De 2% en moyenne la première semaine puis ensuite le prix moyen fluctue énormément, atteignant son prix le plus élevé (près de 387 euros) lors de la 2ème semaine des soldes, puis atteignant son prix le plus bas à la 5ème semaine (364 euros). Pour cette catégorie de produits, relève le comparateur, il est intéressant de noter que le prix le plus bas recensé sur ces 10 semaines d’observation est en dehors de la période de soldes.
Ont-ils le droit d’augmenter les prix avant les soldes?
Mais si les sites marchands ont tout à fait le droit de ne pas pratiquer de rabais durant les soldes, en revanche peuvent-ils faire gonfler les tarifs juste avant les soldes? En France la fixation des prix est laissée à la libre appréciation des commerçants. En revanche, c’est s’ils communiquent sur un prix barré durant les soldes que cela peut poser problème, si les tarifs ont artificiellement augmenté avant les soldes. Autrement dit, si une paire de baskets vendue normalement 100 euros passe à 110 euros une semaine avant les soldes, un rabais éventuel de 20% l’amènerait à 88 euros au lieu de 80 euros si on considère qu’elle est normalement vendue 100 euros.
Le prix sur lequel doit s’appliquer le rabais est appelé “prix de référence” et il n’est plus défini légalement depuis 2015. Mais il doit être loyal sous peine de sanction de la part de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Cette dernière définit le prix de référence comme “le prix le plus bas qu’ils ont pratiqué au cours d’une période raisonnable avant le début de la promotion”.
Amazon, Zalando, Vente-privée… épinglés en février dernier
Si cette période n’est pas définie, l’usage veut ce soit au moins un mois avant le début des soldes. “Et les inspecteurs de la DGCCRF ne plaisantent pas, explique Matthias Berahya-Lazarus, président de Bonial France. Ils peuvent être alertés par des associations de consommateurs ou s’auto-saisir eux-mêmes s’ils constatent des irrégularités. Ils vont alors en magasin, demandent à voir les anciens prix et peuvent aussi aller dans les entrepôts.”
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en février dernier. Dix-neuf entreprises d’e-commerce dont Amazon, Vente-privée ou encore Zalando ont été épinglées par la DGCCRF pour pratiques commerciales trompeuses. “Pendant plusieurs mois, nous avons réalisé des relevés de prix sur quelques produits. En cas de doute, nous avons demandé des justificatifs ou fait des perquisitions. Et, en définitive, on peut dire que le système de fausses promotions est assez généralisé dans l’e-commerce”, explique Vincent Designolle, directeur de cabinet de la DGCCRF. L’ensemble de ces sites ont été condamnés à une amende globale de 2,4 millions d’euros. De quoi leur faire passer l’envie de mettre en avant de faux prix barrés?
Avec bfmbusiness