Plus de 60% des travailleurs n’ont aucun contrat de travail, alors que seuls 42% des salariés bénéficient d’un contrat à durée déterminée, relève l’Organisation internationale du travail.
Il s’agit d’un véritable changement de paradigme. Désormais, dans le monde, seulement un quart des travailleurs ont un emploi stable, révèle l’étude annuelle sur l’emploi publiée mardi 19 mai par l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève.
Ce rapport, qui couvre 180 pays totalisant 84% de la main-d’œuvre mondiale, relève que les trois quarts de ces travailleurs ont des contrats temporaires ou de courte durée, des emplois informels souvent sans contrat ou dans des emplois familiaux non rémunérés.
Un écart de revenus croissant
Plus de six travailleurs sur dix sont privés de tout contrat de travail, la plupart d’entre eux étant établis à leur compte ou contribuant au travail familial dans les pays en développement, note l’OIT. Parmi les travailleurs salariés, moins de la moitié (42%) travaillent dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée.
Les disparités selon les régions sont néanmoins fortes. Dans les économies développées et en Europe centrale et du Sud-Est, environ huit travailleurs sur dix sont des employés, alors qu’en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne le chiffre est plutôt de deux sur dix. En France, en 2012, les travailleurs sans contrat permanent étaient 27,92%.
L’écart de revenus entre travailleurs permanents et travailleurs temporaires s’est par ailleurs accentué au cours de la dernière décade. Par exemple, il s’élève à 65% en Uruguay et à 43% aux Philippines.
Les travailleurs de moins en moins protégés
Selon Guy Ryder, directeur général de l’OIT, “ces tendances nouvelles sont le reflet de l’insécurité qui touche les travailleurs dans le monde aujourd’hui”. Mais elles ont de lourds coûts:
“Ce passage que nous constations des formes classiques d’emploi à ces formes inhabituelles est dans de nombreux cas associé à la montée des inégalités et de la pauvreté dans de nombreux pays”, souligne-t-il.
Le rapport demande donc aux Etats de renforcer leur législation pour mieux protéger les travailleurs contre des traitements arbitraires et non équitables. En effet, “en Europe, la protection des travailleurs a généralement diminué depuis 2008, quand la crise financière globale a commencé”, affirme le rapport. La mauvaise conjoncture a conduit à une forte augmentation du travail à temps partiel, notamment pour les femmes entre 2008 et 2013.
Un travailleurs sur dix gagnait moins de 1,25 dollar par jour en 2014
Le rapport note néanmoins une amélioration quant au nombre de travailleurs sous le seuil de pauvreté. Il y a vingt ans, la moitié des travailleurs dans le monde gagnaient moins de deux dollars par jour. Ce chiffre est de 25% en 2014.
Toutefois, 10% des travailleurs dans le monde ont encore dû se contenter d’un revenu quotidien inférieur à 1,25 dollar en 2014.
MAXWELL/Source : AFP