Les pays du Conseil de coopération du Golfe, au Moyen-Orient, affichent dans l’ensemble de solides fondamentaux, estime Carlos Hardenberg, directeur stratégique des marchés frontières de Templeton Emerging Markets Group et gérant du fonds Templeton Frontier Markets. Actuellement abordables, leurs marchés d’actions disposent selon lui d’un fort potentiel d’appréciation à long terme.
A l’exception de la Bourse du Qatar, qui a chuté de 9% depuis la crise diplomatique du 5 juin, l’impact de cette dernière sur les marchés d’actions du Moyen-Orient semble pour le moins limité… Leurs niveaux de valorisation actuels sont-ils attractifs pour un investisseur en actions ?
A notre avis, la valorisation des marchés d’actions du Moyen-Orient reste attractive. Prenez l’indice large MSCI Arabian Markets, représentatif des marchés d’actions de 11 pays de la région (avec notamment un poids de 54% pour l’Arabie saoudite, 14% pour le Qatar, 13% pour les Emirats arabes unis et 8% pour le Koweit, NDLR). Sur cette base, les sociétés cotées de la région se payaient en Bourse 13,8 fois leurs bénéfices (PER ou ratio cours / bénéfices par action) en moyenne à fin mai et 1,6 fois la valeur comptable revenant aux actionnaires (P/B ou ratio cours / valeur comptable). Des niveaux plus bas que ceux des marchés émergents en moyenne – avec un PER de 15,2 et un P/B de 1,7 pour l’indice MSCI Emerging Markets – et surtout que ceux du monde développé – avec un PER de 21,7 et un P/B de 2,3 pour l’indice MSCI World (représentatif de 23 pays riches, NDLR).
Les marchés d’actions du Moyen-Orient sont donc abordables, mais quels éléments pourraient tirer les cours à la hausse, sur la durée ?
A moyen terme, les économies du Conseil de coopération du Golfe (le CCG, regroupant l’Arabie saoudite, Bahreïn, Oman, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar, NDLR) devraient progresser, en termes de PIB réel, portées par les secteurs non-pétroliers. Elles demeureront financièrement stables, car si leur niveau d’endettement est croissant, il reste très faible. Et si les réserves ont récemment diminué, elles demeurent encore importantes. Jusqu’à présent, ces pays n’ont été que peu affectés par les turbulences régionales et internationales. Nous surveillons également leurs déficits budgétaires, qui se creusent. Les fortes expansions budgétaires des dernières années laissent place à un resserrement. Maintenant, les pays du CCG réduisent les subventions et rationalisent les dépenses, même si leur situation s’est améliorée suite au net redressement des prix du pétrole depuis le point bas de 2016 et aux réformes.
Les pays du CCG affichent ainsi des fondamentaux relativement solides…
Avec une forte croissance économique, un accès aux ressources facilité et un profil démographique favorable, les fondamentaux sont solides. Nous pensons ainsi que ces marchés pourraient offrir d’incroyables opportunités d’investissement à long terme. Sans parler de possibles progrès sur le front des technologies, des infrastructures et d’un éventuel changement des normes de gouvernance, qui pourraient constituer des bonus pour l’investisseur en actions. Enfin, miser en Bourse sur la région pourrait permettre aux investisseurs de diversifier utilement leurs avoirs, car de nombreux secteurs sont influencés par des facteurs domestiques, ce qui les rend moins corrélés à leurs pairs des autres marchés émergents et des pays développés.
Quelle est la part des actions du Moyen-Orient, au sein de FTIF-Templeton Frontier Markets Fund, le fonds d’actions des marchés émergents “frontière” que vous gérez ?
À l’heure actuelle, plus de 20% du portefeuille est investi dans les pays du Moyen-Orient (le seul poids du Koweït était de 10%, à fin mai, NDLR). Cela dit, les poids des différents pays et secteurs sont le résultat de notre processus fondamental de sélection d’actions au cas par cas, dit bottom-up (le gérant investit dans une action jugée sous-évaluée, en privilégiant les caractéristiques de la société cotée à celles du secteur et de la conjoncture économique, NDLR)”.
Quels sont les secteurs que vous préférez, au sein des marchés “frontière” ?
Une grande partie de notre portefeuille dédié aux marchés frontière est investie, directement ou indirectement, dans la consommation domestique, ce qui inclut la vente au détail, l’agroalimentaire, les télécommunications et la banque. Des secteurs portés par la croissance de la population domestique, de leurs revenus et de leurs dépenses, ainsi que par le passage à un commerce de détail organisé.
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