L’Etat nigérian compte faire accroître sa population de contribuables à 17 millions, ce qui équivaudrait à un accroissement de 35% de sa base fiscale, a-t-on appris du ministre des finances, Kemi Adeosun. S’exprimant dans le cadre d’une conférence de presse à Abuja, le haut fonctionnaire a expliqué que cette mesure fera accroître le PIB du pays.
C’est une disposition qui fera parler dans la première puissance démographique d’Afrique. Le gouvernement nigérian vient de décider d’accroître sa base fiscale de 35% en augmentant sa population de contribuables de 3 millions de plus que le nombre actuel. La base fiscale comptera ainsi désormais 17 millions de personnes.
« Nous ciblons une hausse de 35% du nombre de contribuables. Nous pensons que c’est faisable », a déclaré Kemi Adeosun, le ministre fédéral des finances du Nigeria.
S’adressant à la presse dans la capitale nigériane, Abuja, le membre du gouvernement a expliqué que cette disposition est sous-tendue par l’ambition du gouvernement d’augmenter et de renforcer la participation des impôts au PIB du Nigeria, alors que le pays se démène actuellement pour financer son ambitieux budget 2017 de 7,44 trillions de nairas. Abuja table désormais sur 350 milliards de nairas, soit 1,5 milliards de dollars de recettes fiscales chaque année, comptant sur sa population active estimée à 69,5 millions d’âmes.
Pour arriver à atteindre son objectif, le gouvernement nigérian enclenchera une stratégie de communication, a ajouté le ministre Kemi Adeosun. Selon lui, le gouvernement enrôlera de manière aléatoire, 7.500 jeunes diplômés nigérians âgés de 18 à 35 ans pour informer les populations sur le bien fondé et l’utilité des impôts pour le fonctionnement et la croissance de l’Etat. Les jeunes sensibilisateurs n’auront pas le droit de collecter les impôts mais uniquement de procéder aux opérations de sensibilisation, a précisé l’argentier du gouvernement.
Deux mesures fiscales en moins de 30 jours
C’est la deuxième fois en quelques jours que le gouvernement nigérian prend une résolution pour augmenter ses recettes fiscales et atteindre ses prévisions en la matière. Fin mai dernier, les autorités avaient décidé de l’augmentation du taux d’intérêt sur les impôts impayés. Une mesure qui dépasse de 5% le taux de réescompte minimum de la Banque centrale et qui rentre en vigueur à compter du 1er juillet prochain.
« La révision à la hausse du taux d’intérêt exigé sur les impôts impayés figure parmi les mesures adoptées par l’exécutif en vue d’améliorer la discipline fiscale, réduire l’évasion fiscale et éviter les paiements tardifs », avait expliqué le ministre nigérian des finances dans une déclaration à la presse le 22 mai 2017.
Une justification qui indique bien la volonté des dirigeants du pays à passer à la vitesse supérieure pour relancer l’économie.
Par ailleurs, le gouvernement a proposé une augmentation de la taxe sur les produits de luxe de 5% à 15%. Aussi les efforts seront redoublés pour intégrer de manière efficace et efficiente le secteur informel (48 % de l’économie du pays) du Nigeria à la base fiscale.
Avec latribuneafrique