L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies alerte dans un rapport sur les dangers des surdoses et des nouvelles substances, qui font de plus en plus de morts chaque année dans les 28 états de l’UE.
Les surdoses de drogues font de plus en plus de morts en Europe, où circulent de nouvelles et nombreuses substances “dangereuses” pour la santé, s’inquiète l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) dans son rapport annuel publié le 6 juin 2017. “Les stupéfiants sont une menace continue sur nos sociétés”, a souligné le commissaire européen en charge des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, lors d’une conférence de presse de présentation de ce document à Bruxelles. “Aucun pays n’a encore trouvé la réponse miracle sur ces questions”, a relevé de son côté la présidente du conseil d’administration de l’OEDT, Laura d’Arrigo. “Il est crucial de partager les expériences et les pratiques, celles qui ont réussi bien sûr, mais aussi celles qui ont eu moins de succès”, a-t-elle exhorté.
Lutter contre le détournement des opiacés
Le cannabis reste de loin la drogue la plus populaire en Europe, devant la cocaïne, la MDMA (principe actif de l’ecstasy) et les amphétamines (amphétamine et méthamphétamine). Deux phénomènes préoccupent plus particulièrement Dimitris Avramopoulos : “L’augmentation, pour la troisième année consécutive, du nombre de décès par surdose” de drogue, et l’exposition croissante des jeunes “à de nombreuses drogues nouvelles et dangereuses” pour la santé, notamment les “drogues de synthèse”. Le rapport de l’OEDT, fondé sur des données collectées en 2015 et 2016, souligne l’augmentation “grave” et “préoccupante” du nombre de décès par surdose dans les 28 Etats de l’UE ainsi qu’en Turquie et Norvège (8.441 décès en 2015, +6% par rapport à 2014), “principalement liés à l’héroïne et à d’autres opiacés” (dérivés de l’opium).
Cette hausse de la mortalité, pour la troisième année consécutive, concerne presque toutes les tranches d’âge et des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Lituanie ou la Turquie. Elle frappe plus particulièrement les 1,3 million d’Européens considérés comme des “usagers problématiques d’opiacés”, un groupe particulièrement “vulnérable”. L’OEDT souligne que dans des pays comme la France, le Danemark, l’Irlande ou la Croatie, les surdoses d’opiacés utilisés dans des traitement de substitution (méthadone et buprénorphine notamment) tuent plus que l’héroïne. Il appelle donc les Etats à s’adapter pour lutter contre “le détournement de ces substances”.
© Vincent LEFAI, Sophie RAMIS / AFP
Inquiétude autour des fentanyls
Autre préoccupation de l’OEDT, les “nouvelles substances psychoactives” (drogues ou produits de synthèse) qui “représentent toujours un défi considérable pour la santé publique en Europe”, d’autant plus que ces produits se renouvellent rapidement (66 nouveautés détectées en 2016 par l’UE) et “ne sont pas assujettis aux mesures de contrôle international”. Leur disponibilité globale reste élevée – l’OEDT en surveillait plus de 620 en 2016, contre environ 350 en 2013 – avec des ventes de plus en plus clandestines, notamment sur des marchés en ligne ou illicites, souligne le rapport.
L’OEDT s’inquiète des dangers des nouveaux opiacés de synthèse à forte teneur en principe actif, qui imitent les effets de l’héroïne et de la morphine, et constituent une “menace croissante pour la santé” en Europe et en Amérique du Nord. Car si ces substances restent encore minoritaires sur le marché des drogues, on les retrouve de plus en plus impliquées dans “des intoxications, mortelles ou non”. Ces poudres, comprimés, gélules, voire pour certains liquides et pulvérisateurs nasaux, sont “faciles à distribuer et à transporter”, et donc difficiles à traquer, note l’OEDT.
Parmi ces substances figurent les fentanyls, des sédatifs très puissants qui provoquent chaque année des overdoses par dizaines de milliers, notamment en Amérique du Nord. Selon le rapport, “plus de 50 décès associés à ces substances” ont déjà été signalés en Europe. Ces fentanyls, dont la teneur en principe actif est exceptionnellement élevée (parfois beaucoup plus que l’héroïne), représentaient plus de 60% des 600 saisies de nouveaux opiacés de synthèse signalées en 2015, selon l’OEDT. Quant à la cocaïne, davantage consommée dans les pays de l’Ouest et du Sud alors que les amphétamines le sont plus au Nord et à l’Est, elle semble être de plus en plus disponible dans certaines régions d’Europe, avec une hausse du nombre de saisies et une présence accrue de ses résidus dans les eaux usées, souligne le rapport.
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