Le scénario d’une hausse du salaire minimum au Nigéria, défendu par les syndicats et une partie du secteur privé, devra être bientôt étudié par le Conseil exécutif fédéral. Avec des salaires minimums de 18 000 nairas (quelque 60 dollars), une grande partie de la population voit son pouvoir d’achat de plus en plus menacé par l’augmentation des prix des denrées et du carburant.
Le Nigéria étudie la possibilité d’inscrire l’augmentation du salaire minimum dans les prescriptions politiques nécessaires au redémarrage de l’économie. Une option défendue à la base par le Financial Derivatives Company Limited (FDC), un cabinet d’investissement et de recherche basé à Lagos. Pour la FDC, une hausse du salaire minimum serait un moyen de compenser la perte de pouvoir d’achat causé par l’inflation.
De 140 à 45 dollars par mois, en 6 ans
La mise en œuvre effective d’augmentation de salaires permettra également d’éviter les mouvements sociaux, de contenter les syndicats et par ricochet de mettre fin aux émeutes et troubles sociaux qui ont secoué le pays lors des deux dernières années. Une demande qui a été récemment approuvée par le Conseil exécutif fédéral (FEC), qui a mis en place un comité de 29 membres pour délibérer sur les modalités de cette hausse.
Fixé actuellement à 18 000 nairas (quelque 140 dollars par mois, depuis son entrée en vigueur en 2012 ), le salaire minimum a été fortement impacté par dévaluation de la naira, suite au contre-choc du trend négatif du pétrole. Depuis plusieurs mois, le montant du salaire oscille, au gré des marchés financiers internationaux, entre 45 et 60 dollars, soit 1,5 à 2 dollars par jour.
Une mesure à double tranchant
Avec cette éventuelle augmentation, le salaire atteindrait 5 dollars par jour, soit 150 % le montant actuel. L’inflation et la faible valeur de la monnaie ont impacté les prix des produits de base, tels que le riz, le pain ou l’eau. Les prix des denrées alimentaires ont ainsi augmenté de 19,3% en 2016. L’élimination de la subvention du carburant en 2016 a d’un autre côté débouché sur une hausse de 67%.
Il n’empêche que l’adoption de cette mesure pourrait également avoir comme conséquence l’augmentation du taux de chômage. Une possibilité justifiée par le fait que la majorité des Etats fédéraux du Nigéria peuvent à peine se permettre de payer des pensions et pourraient difficilement supporter les coûts liés à une hausse du salaire minimum. Cette mesure pourrait aussi entraîner des licenciements en série dans les entreprises pour que ces dernières puissent couvrir leurs coûts.
Le scénario d’un salaire à 5 dollars/jour salaire pourrait avoir des répercussions sur les fonctionnaires. Selon Abuja, près de la moitié des Etats du Nigéria n’ont pas pu s’acquitter de leurs obligations mensuelles entre janvier et juillet 2015, alors que seuls trois Etats ont pu y faire face sur la même période en 2016.
Avec latribuneafrique