Après le récent coup de torchon sur la Bourse et la devise brésiliennes, les actions de la première puissance d’Amérique latine sont actuellement très attractives, juge Matthew Vaight, gérant du fonds M&G Global Emerging Markets Fund.
Capital.fr : Les investisseurs français ayant misé sur le marché d’actions brésilien ont récemment déchanté, entre la chute verticale de la Bourse de Rio de Janeiro et celle du réal. Que s’est-il passé ?
Matthew Vaight : Le marché d’actions brésilien et le real ont lourdement chuté sous l’effet des craintes d’une nouvelle crise politique dans la première économie d’Amérique latine. Cette correction a fait suite aux accusations selon lesquelles le Président Michel Temer, qui a remplacé l’ancienne Présidente Dilma Rousseff suite à sa destitution l’an dernier, serait impliqué dans un scandale de pots-de-vin. Les investisseurs craignent que les révélations conduisent à une tempête politique et compromettent les projets du gouvernement visant à relancer l’économie brésilienne. Le Président a jusqu’à présent rejeté les appels en faveur de sa démission et assure qu’une enquête prouvera son innocence.
Les récents événements sont-ils de nature à enrayer, selon vous, la dynamique de redressement de l’activité du pays et celle des bénéfices des sociétés cotées ?
Pour le moment, les investisseurs se polarisent sur la situation politique et les marchés sont dominés par l’incertitude et les spéculations concernant l’avenir. Toutefois, au-delà du tumulte qui règne à l’heure actuelle en raison du contexte politique, nous pensons que la conjoncture économique s’améliore progressivement au Brésil. Après deux années de récession, la pire que le pays ait jamais connue, la croissance économique s’est révélée positive au 1er trimestre 2017. Les récents chiffres de l’emploi ont été encourageants et l’inflation ralentit. Selon nous, le Brésil pourrait avoir déjà traversé le pire : la récession semble prendre fin et la reprise paraît engagée. Il y a un risque de voir les réformes indispensables du gouvernement, notamment sur le front des retraites, être différées par la crise qui engloutit le pays, mais nous demeurons globalement optimistes quant à l’avenir. Nous pensons que l’embellie de l’économie devrait aider les entreprises à augmenter leurs bénéfices.
Après le récent coup de torchon sur les actions brésiliennes, leur valorisation devrait être logiquement plus attractive…
La correction récente de la Bourse brésilienne a créé des opportunités d’investissement potentiellement attractives. Les craintes entourant le récent scandale politique ont, par exemple, entraîné une forte baisse du titre du géant brésilien de la boisson Ambev (filiale du belge AB Inbev, le premier groupe brassicole mondial, NDLR) mais les fondamentaux ne semblent pas s’être dégradés de manière importante. Cette divergence entre la valorisation et les fondamentaux pourrait offrir des opportunités aux investisseurs à long terme. Au 24 mai, le ratio cours sur bénéfices prévisionnel (PER) du marché brésilien était de 12 fois, sur la base de l’indice MSCI Brazil, soit l’un des plus attractifs d’Amérique latine.
Avez-vous profité de la chute des cours pour renforcer votre exposition à ce marché, au sein du fonds M&G Global Emerging Markets ?
Nous avons profité des récentes baisses de cours pour modestement renforcer certaines de nos positions brésiliennes. A fin avril, notre fonds M&G Global Emerging Markets était investi à hauteur de 11,1% en valeurs brésiliennes, soit une surpondération de 3,6 points par rapport à l’indice de référence MSCI Emerging Markets. Nous allons chercher à tirer avantage de toutes les opportunités de valorisation qui se présentent dès lors que nous estimons que les inquiétudes du marché liées à la situation politique se traduisent par une baisse excessive du cours des actions.
Quelle est votre plus grosse ligne d’actions brésiliennes ?
Ambev est la valeur brésilienne la plus importante du fonds. Outre un portefeuille étoffé de grandes marques de bières et de boissons non alcoolisées, ce producteur de boissons possède une part de marché dominante dans plusieurs pays latino-américains, dont le Brésil et l’Argentine. Selon nous, Ambev est l’une des entreprises les mieux gérées de l’univers des marchés émergents, grâce à une excellente équipe de direction qui redouble d’efforts en matière d’allocation du capital, de gains d’efficience et surtout de rentabilité.
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