A la tête de cette structure qui œuvre pour le développement de l’informatique depuis quelques années, M. Nongolougo Soro, Directeur Général de la SNDI, dans le cadre de notre Edition Spéciale sur Les Cerveaux Sont De Retour, a tenu à faire le bilan de ses activités depuis sa prise de fonction ainsi que ses projets futurs.
Q1 – PME PMI : Monsieur le Directeur Général, veuillez-vous présenter aux opérateurs économiques et à la population ivoirienne.
Nongolougo Soro [NS] : Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette opportunité d’échanges. Je me nomme Monsieur Nongolougo SORO et je suis le Directeur Général de la SNDI, la Société Nationale Développement Informatique, qui est une société d’Etat sous tutelle de la Primature.
Q2 – PME PMI : Si l’on vous demandait de présenter succinctement la SNDI, que diriez-vous ?
[NS] :La SNDI, Société Nationale de Développement Informatique, est une société d’Etat créée le 10 Mars 1999 pour accompagner le Gouvernement dans son effort de modernisation de l’administration publique ivoirienne par la vulgarisation de l’usage adéquat des outils informatiques ou des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la conduite des activités des services administratifs. Plus précisément, de par son décret de création, la SNDI a des missions d’études et de conseils en Informatique, de conception et de développement d’applications métiers pour les différents secteurs de l’administration, de conception, de déploiement et d’exploitation de systèmes d’information (systèmes informatiques) intégrés sectoriels et à l’échelle de toute l’administration, de formation continue à l’endroit des fonctionnaires et agents de l’Etat, et de contribution à la promotion de la recherche dans les domaines de l’Informatique ou TIC dans les universités et les grandes écoles d’Ingénieurs.
A sa création, la SNDI était sous la tutelle du Ministère de l’Economie et des Finances étant donné qu’elle est née des cendres de l’Office Central de la Mécanographie (OCM). Ainsi, le focus initial de la société a été sur l’informatisation de la gestion des finances publiques en Côte d’Ivoire bien que ses missions, de par son décret de création, soient transversales par rapport aux activités de tout le Gouvernement et de toutes les Institutions du pays. C’est dans cette veine que la SNDI a développé une de ses nombreuses applications métier de référence à savoir le Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFIP).
Etant donné le caractère transversal et multisectoriel des missions de la SNDI, le rôle de coordination que la société doit jouer dans l’informatisation de l’administration et des exemples de réussite de structures similaires à travers le monde, le Gouvernement a décidé de transférer la tutelle de la société à la Primature à partir du 16 Septembre 2011.
En somme, on pourrait résumer le rôle de la SNDI en considérant le cas des compagnies à travers le monde. En effet, de nos jours, toute compagnie ou société a une Direction des Systèmes d’Informations (DSI) chargée de vulgariser l’usage adéquat des outils informatiques ou TIC dans la conduite des activités de ladite compagnie avec pour objectifs plus d’efficacité, plus de productivité, plus de qualité de services et tout ça à un coût moindre. La SNDI est cette DSI pour l’administration publique de notre pays. En d’autres termes, la SNDI, de par son décret de création et ses activités, est la DSI de l’Etat de Côte d’Ivoire aux côtés du Gouvernement.
Q3-PME PMI : A votre prise de fonction, quel était l’état des lieux ?
[NS] : A notre prise de fonction, nous avons trouvé la SNDI avec d’excellentes réalisations dans la modernisation de la gestion des finances publiques de tous les Ministères, un début de réalisations orientées métier pour certains Ministères comme ceux de la Santé et de l’Enseignement Supérieur, une infrastructure TIC vieillissante du fait des aléas de la crise post-électorale mais couvrant une bonne partie des sites à forte concentration de l’administration à Abidjan et la majorité des grandes villes surtout dans la partie sud du pays, et une situation financière difficile découlant de la période que le pays venait de traverser.
Plus spécifiquement, de sa création en 1999 à 2011, la SNDI a développé plusieurs applications métier destinées à la modernisation de la gestion des finances publiques. La première application informatique orientée métier de l’administration que la société a développée est le SIGFiP, le Système Intégré de Gestion des Finances Publiques. Cette application informatique conçue et développée par la SNDI est utilisée depuis lors pour l’exécution du budget de l’Etat de Côte d’Ivoire. Du fait de son succès en Côte d’Ivoire, le SIGFiP a été adopté par quatre (4) autres pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) à savoir le Bénin, le Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau pour l’exécution de leurs budgets de l’Etat incluant la comptabilité pour deux (2) d’entre eux (le Togo et la Guinée-Bissau).
La deuxième application majeure que la SNDI a développée pendant la première décennie de son existence est le SIGMaP, le Système Intégré de Gestion des Marchés Publics, utilisée pour la passation des marchés par tous les Ministères et autres démembrements de l’Etat.
La troisième application développée par la société dans cette même période est le RICI-EPN, le Réseau Informatique de Comptabilité Informatique pour les Etablissements Publics Nationaux, utilisé par les EPN pour la tenue de leur comptabilité et pour le suivi de l’exécution du budget mis à leurs dispositions par l’Etat.
Dans cette même période, la SNDI a développé le GUOAR, la Gestion Unifiée des Opérations d’Assiette et de Recette, et IMMAT, une application informatique pour l’immatriculation des contribuables, pour la conduite des activités de collecte des impôts de la Direction Générale des Impôts.
En dehors du secteur des finances publiques, la société a développé le GBE, la Gestion du Bureau des Entrées, et le SIGBOUR, le Système Intégré de Gestion des Bourses d’Etudes. Le GBE est aujourd’hui utilisé par les CHU de Cocody, de Treichville et de Bouaké pour la gestion des patients à leur entrée. Et le SIGBOUR est utilisée par la Direction des Bourses du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
La majorité de ces applications, en particulier celles relatives à la gestion des finances publiques, sont utilisées à Abidjan et à l’intérieur du pays, mais à partir du Datacenter de l’Administration basée à Abidjan. Aussi, la SNDI a conçu et déployé l’Intranet de l’Administration couvrant tous les sites à forte concentration de l’administration à Abidjan par fibre optique ou boucle locale radio (BLR) et, à travers une infrastructure satellitaire, une cinquantaine de villes à l’intérieur du pays. Dans la même veine, une messagerie, Worknet, basée sur les plateformes ouvertes a été développée et déployée dans le cadre de l’offre de services Internet aux fonctionnaires et agents de l’Etat. Au 31 Décembre 2011, le service Internet offert par la SNDI comportait 3 500 fonctionnaires et agents de l’Etat comme utilisateurs.
Cependant, du fait des aléas de la crise post-électorale, les infrastructures TIC de l’Intranet de l’Administration étaient vieillissantes ou vétustes en 2011et la situation financière de la société présentait un déficit cumulé de 536 millions FCFA au 31 Décembre 2011. Ce déficit financier présentait un risque majeur pour la SNDI étant donné le capital de 200 millions FCFA et le niveau des capitaux propres de la société.
C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’état des lieux de la société à notre prise de fonction fin 2011. Et c’est aussi le lieu d’exprimer, comme nous l’avions fait à notre prise de fonction, nos sincères remerciements à nos aînés qui nous ont précédés à la SNDI pour le travail qu’ils ont abattu et pour le fondement mis en place pour la modernisation de l’administration de notre pays.
Q4 – PME PMI : Quel bilan faites-vous de votre gestion depuis votre arrivée à la tête de la SNDI ?
[NS] : Le bilan de notre gestion depuis notre arrivée à la tête de la SNDI est très positif à notre humble avis et il nous réconforte dans notre décision d’avoir accepté le challenge de venir diriger la société.
Nous avons pris fonction à la SNDI le 28 Octobre 2011. Environ un mois plus tard, en Novembre 2011, nous avons reçu une feuille de route de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre d’alors, Monsieur Guillaume Kigbafori SORO, qui nous fixait les objectifs de résultats à courts termes (3 à 6 mois), à moyen terme (12 mois) et à long terme. Il faut rappeler que la SNDI est sous tutelle de la Primature depuis le 16 Septembre 2011 dans l’optique de favoriser la mission transversale et multisectorielle de la société.
Au nombre des objectifs à court terme qui nous étaient fixés pour la SNDI figurent la relance des activités de la société suite à la crise post-électorale et en tenant compte des ambitions de développement affichées par le Gouvernement pour le pays, l’assainissement des finances de la société et la définition d’un plan stratégique de développement de la société pour l’atteinte des objectifs du long terme.
Ainsi, pendant les mois de Novembre 2011, Décembre 2011 et Janvier 2012, nous avons pris des décisions drastiques surtout au niveau financier pour mettre en place les bases de l’assainissement des finances. A titre d’exemples, nous avons résilié un certain nombre de contrats qui nous paraissaient budgétivores et lancé des appels d’offres pour profiter de la compétition sur le marché pour avoir des services à moindre coût mais à qualité égale ou supérieure. Ceci nous a permis par exemple de doubler le débit de la connexion Internet de l’Intranet de l’Administration avec le même budget qu’avant, de réduire presque de moitié le coût du service satellitaire en le contractant directement avec Intelsat au lieu de passer par un intermédiaire, etc.
Début Janvier 2012, nous avons doté la société d’un plan d’actions pour l’exercice 2012 en tenant compte des objectifs de résultats de la feuille de route.
Au premier trimestre de 2012, nous avons conduit plusieurs audits pour faire de façon formelle l’état des lieux et pour comprendre les forces et les faiblesses de la société au niveau organisationnel, au niveau des ressources humaines, au niveau financier et de la trésorerie, au niveau des procédures administratives, financières et techniques, et au niveau du patrimoine de la société étant donné ses missions.
En Mai 2012, à la lumière des résultats des audits, nous avons réorganisé la société en mettant en place un nouvel organigramme tenant compte des missions de la société, des objectifs de la feuille de route reçue de la Primature et de notre ambition pour la société. Au nombre des points saillants de cette réorganisation, nous allons citer deux.
Le premier point saillant est la création du Centre de Formation SNDI (CFS) dédié au renforcement des capacités des fonctionnaires et agents de l’Etat dans l’usage adéquat des outils informatiques. Ce centre, créé à partir des constats faits sur le terrain à Abidjan et à l’intérieur du pays, permet de rentabiliser les énormes investissements consentis chaque année par le Gouvernement pour doter les services de l’administration d’outils informatiques. En effet, l’on peut mettre en place les meilleurs outils informatiques et des systèmes d’information très sophistiqués ; mais, si les utilisateurs ne sont pas bien formés pour l’usage efficient de ces outils, ces investissements sont perdus ou ont des rendements très en-dessous des objectifs de résultats. Depuis l’ouverture des portes du CFS le 10 Septembre 2012 à ce jour, ce sont plus de 10 500 fonctionnaires et agents de l’Etat qui ont bénéficié de formation continue sur les outils de bureautique (Word, Excel, PowerPoint, etc.), l’usage d’une messagerie, l’usage d’outils collaboratifs, la navigation sur le web, la gestion de projets informatiques, les formations avancées pour les DSI des Ministères et autres démembrements de l’Etat. Ces fonctionnaires et agents de l’Etat sont à Abidjan ou dans l’une des cinq (5) régions qui ont déjà bénéficiées de nos formations continues (le Bélier (Yamoussoukro), le Poro (Korhogo), le Gbèkè (Bouaké), la région de San-Pedro et le Haut-Sassandra (Daloa)). La formation est actuellement en cours à Abengourou pour les fonctionnaires de la région de l’Indénié-Djuablin.
Le deuxième point saillant que nous voulons citer de cette réorganisation est la création du Département de Veille Technologique et de Cyber sécurité (VTC). Ce département nous permet de constamment monitorer les nouvelles technologies sur le marché et de juger du moment opportun de leurs usages par les services de l’administration publique, et surtout d’œuvrer chaque jour à sécuriser les ressources informatiques ou TIC de l’administration, à protéger les données de l’Etat et à assurer la continuité ou la reprise des activités en cas de cyber attaque. La cyber attaque du 16 Juin 2012 a conforté notre initiative de création de ce département VTC.
Parallèlement à cette réorganisation de la société, nous avons mis institué dès Janvier 2012 le Cadre de Concertation entre la SNDI et les DSI (Directeurs des Systèmes d’Information) des Ministères et autres démembrements de l’Etat pour faciliter la coordination des projets informatiques structurants de l’Etat, favoriser le partage d’expérience et des bonnes pratiques, le partage des ressources informatiques ou TIC de l’Etat, la mutualisation des plateformes informatiques de l’Etat, etc. Les sessions de ce cadre de concertation se tiennent une à deux fois par an et traitent à chaque fois de thème d’intérêt pour le bon accomplissement des missions des DSIs de l’administration publique. Dans la même veine, nous avons décidé de jouer un rôle important au niveau des activités du Club DSI de Côte d’Ivoire.
Suite à la réorganisation de la société, nous avons défini une nouvelle vision pour la société et élaboré un plan d’actions stratégique triennal 2013-2015 (PAS 2013-2015) en se basant d’une part sur la feuille de route reçue de notre Tutelle, la Primature, et d’autre part sur le Plan National de Développement 2012-2015 (PND 2012-2015) du Gouvernement.
Pour accompagner la mise en œuvre de ce PAS 2013-2015, nous avons entamé la mise en place d’un écosystème public-privé autour de la SNDI afin de capitaliser sur l’expertise du secteur privé local en complément à notre expertise interne pour mieux accomplir nos missions d’informatisation de l’administration publique avec des solutions innovantes adaptées aux différents corps métiers et à moindres coûts.
Cette initiative a abouti à la signature d’un accord de partenariat stratégique le 14 Juin 2012 avec le GOTIC, le Groupement des Opérateurs du Secteur des TIC en Côte d’Ivoire.
L’exécution de ces différentes initiatives ont permis d’accroître de façon substantielle le volume des activités et le chiffre d’affaires de la société d’une année à une autre de 2012 à ce jour.
Ainsi, la SNDI a développé de nombreuses nouvelles applications informatiques orientées métiers de l’administration publique pour un nombre élargi d’Institutions, de Ministères et autres démembrements de l’Etat.
Au nombre de ces nouvelles applications informatiques métiers, nous pouvons citer : CLOE, le Décisionnel de la Primature, un outil décisionnel couplé à un tableau permettant un meilleur pilotage de l’économie ivoirienne par Son Excellence Monsieur le Président de la République et Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ; le SIGFIP-Institutions, la version du SIGFIP pour les Institutions déployée et mise en utilisations dans onze (11) institutions de la République à ce jour (la Commission Electorale Indépendante, la Cour Suprême, le Parquet Général près la Cour Suprême, la Chambre Judiciaire, la Chambre Administrative, la Chambre des Comptes, le Conseil Constitutionnel, le Conseil Economique et Social, la Grande Chancellerie, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance et la Médiature de la République) ; le SIGFIP-Ambassades, la version du SIGFIP permettant aux Ambassades de la Côte d’Ivoire à l’étranger d’exécuter leurs budgets à partir de la base de données du budget de l’Etat dans le Datacenter de l’Administration (huit (8) ambassades et un consulat connectés à ce jour : Washington DC, Paris, Pretoria, Tokyo, ONU à New York, Pékin, Genève, Berne et Rome) ; le SIGESCOD, le Système Intégré de Gestion des Collectivités Décentralisées, utilisé pour l’exécution du budget dans 25 collectivités décentralisées (Conseils Régionaux et Mairies) à ce jour ; la phase 1 de la vidéosurveillance de la ville d’Abidjan lors de la mise en place du CCDO (Centre de Commandement et de Décisions Opérationnelles) ; le système d’information du Guichet Unique de Créations des Entreprises en 24 h du CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire) ; le nouveau système d’information du Guichet Unique d’Octroi du Permis de Construire (GUPC) du Ministère de la Construction ; le SIGP, le Système d’Information de Gestion des Procédures judiciaires, administratives et pénales du Ministère de la Justice et des Libertés Publiques, système informatique intégré conçu et développé par un consortium ivoirien composé de la SNDI, d’INNOVA et de SOCITECH, et déployé actuellement en phase pilote au Tribunal de Première Instance de Yopougon et au Tribunal de Dabou ; le SIGAF, Système Intégré de Gestion des Activités Forestières permettant au Ministère des Eaux et Forêts un meilleur suivi de l’exploitation forestière incluant le reboisement et la surveillance des bois interdits d’exploitation comme le bois de veine ; le SIGEP, le Système d’Information de Gestion des Entreprises Publiques et Parapubliques permettant à la Direction Générale du Portefeuille de l’Etat un suivi automatisé macro-économique des entreprises du portefeuille de l’Etat, les GED, Gestion Electronique des Documents, déployés à la Primature et dans plusieurs Ministères, etc.
Parallèlement au développement de ces nouveaux progiciels ou applications métiers, nous avons renforcé et étendu l’Intranet de l’Administration par l’acquisition d’une nouvelle infrastructure satellitaire permettant à ce jour la couverture de 95 villes ou localités à l’intérieur du pays, l’exploitation des applications métiers à Abidjan et en région, et l’offre de services Internet à plus de 15 000 fonctionnaires et agents de l’Etat à Abidjan et en dehors.
A ces activités en Côte d’Ivoire, il faut ajouter les nouveaux marchés majeurs au Togo, en Guinée (Conakry), et avec l’UEMOA au Burkina Faso et au Mali.
La diversification des Institutions et des Ministères bénéficiaires des services de la SNDI, et l’augmentation continue du volume des activités de la société se sont traduites en une croissance du chiffre d’affaires d’une année à une autre. Ainsi, en 2012 nous avons obtenu un résultat net positif de 586 millions FCFA permettant d’absorber en un an de gestion le déficit cumulé antérieur. Dans la même veine, à la fin de l’année 2015, nous avons doublé le chiffre d’affaires de 2011 : de 3,829 milliards FCFA en 2011 à 7,695 milliards FCFA en 2015. Les résultats nets positifs ont permis de renforcer les capitaux propres de la société par un montant cumulé de plus de 1,4 milliards FCFA de 2012 à fin 2015. Le bilan de 2016 est en cours de certification, mais, le chiffre d’affaires de la société a franchi la barre des 8 milliards de FCFA.
Cependant, nous avons encore un défi à relever au niveau des finances de la société, à savoir celui de la trésorerie. Ce défi découle de notre énorme créance client en souffrance et se traduit, hélas, en une dette considérable due à nos partenaires fournisseurs et prestataires de services qui nous accompagnent dans l’accomplissement de nos missions. Nous poursuivons de façon agressive la diversification de nos clients en Côte d’Ivoire et à l’extérieur pour améliorer substantiellement notre trésorerie en attendant que nos actions de recouvrements de nos créances client en souffrance aboutissent. Les nouveaux projets en cours cette année 2017 en Côte d’Ivoire et dans la région ouest-africaine, en particulier au Bénin, sont de bons exemples d’exécution de cette stratégie.
En somme, considérant nos activités et notre rôle ce jour, la SNDI est désormais un acteur clé de la stratégie de modernisation de l’administration ivoirienne, et donc de l’administration numérique en Côte d’Ivoire.
Cela a été reconnu en Côte d’Ivoire et à l’extérieur par les nombreux prix et distinctions obtenus (Oscar du Leadership des Managers Africains décerné par le CIMA à Paris en Juin 2014, Prix du Meilleur Acteur du Processus de l’Administration Numérique Ivoirienne décerné par le Club des DSI de Côte d’Ivoire au IT Forum 2016 en Juin 2016 à Abidjan, et tout récemment le Prix Spécial du Meilleur Dirigeant d’Entreprise Publique lors du Gala des Bâtisseurs de l’Economie Africaine le 28 Avril 2017 à Abidjan, etc.).
Q5 – PME PMI : Quelle est la vision du Directeur Général de la SNDI ?
[NS] : Notre vision est de faire de la SNDI le catalyseur de l’éclosion effective et de la pérennité d’une administration numérique et efficace dans notre pays. La raison de cela est que nous sommes à l’ère de la société de l’information, une ère dont les exigences sont telles qu’aucun pays ne peut prétendre être moderne et se développer efficacement sans la vulgarisation de l’usage adéquat des outils informatiques ou TIC dans la conduite des activités des secteurs public et privé.
Nous avons défini cette vision en 2012 en prenant en compte les objectifs de la feuille de route reçue de la Primature suite à notre prise de fonction et en considérant les ambitions du Gouvernement de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020.
C’est dans l’optique de réalisation de cette vision que nous avons défini en 2012 le plan d’actions stratégiques triennal 2013-2015 (PAS 2013-2015) de la société. Comme nous l’avons déjà évoqué, ce plan d’actions stratégique a permis de relancer les activités de la SNDI suite à la crise post-électorale et de repositionner la société au cœur de la stratégie numérique de notre pays, ne serait-ce qu’au niveau de l’administration numérique.
En 2016, avec cette vision comme cible, nous nous sommes basés sur les acquis de la mise en œuvre du PAS 2013-2015 et sur le Plan National de Développement 2016-2020 (PND 2016-2020) du Gouvernement pour élaborer le nouveau plan d’actions stratégique 2017-2020 (PAS 2017-2020) de la société. Ce nouveau plan d’actions stratégiques dont 2017 est la première année de mise en œuvre met le cap sur l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 avec deux objectifs clés en tête : réaliser effectivement l’éclosion d’une administration numérique et efficace dans notre pays et la rendre pérenne à l’horizon 2020, et faire de la SNDI un champion national et régional de l’Informatique ou des TIC de façon générale capable de compétir avec les grands groupes internationaux, ne serait-ce que sur le marché de notre région.
Q6 – PME PMI : Quelles sont les grandes innovations apportées par la SNDI ces dernières années ?
[NS] : En termes de grandes innovations apportées par la SNDI ces dernières années, nous pouvons citer l’introduction ou le début de la vulgarisation dans l’administration publique des outils décisionnels, la gestion électronique des documents (GED) et l’archivage numérique, la numérisation des procédures administratives via le développement de nouvelles applications informatiques orientées métier, les versions en ligne d’un certain nombre d’applications initialement accessibles seulement via l’Intranet de l’Administration, la formation continue systématique des fonctionnaires et agents de l’Etat à l’usage adéquat des outils informatiques ou TIC, l’institution du cadre de concertation entre la SNDI et les DSI des Institutions, des Ministères et autres démembrements de l’Etat, etc.
Au niveau des outils décisionnels, nous en avons déployés dans plusieurs Institutions, Ministères ou structures étatiques pour aider les autorités de ces démembrements de l’administration avec la prise de décision et pour faciliter aussi la gestion axée sur les résultats (GAR) introduite ces dernières années dans le secteur public. A titre d’exemples, nous avons CLOE et le SIGEP. CLOE, le Décisionnel de la Primature, est un outil décisionnel couplé avec un tableau de bord pour le suivi et l’aide à la décision sur les indicateurs macro-économiques de la Côte d’Ivoire permettant ainsi un meilleur pilotage de l’économie de notre pays par le Président de la République, le Premier Ministre et tous les membres du Gouvernement. La version actuelle de cet outil comporte 649 indicateurs économiques et sociaux couvrant tous les secteurs d’activités du pays. Cette version a été présentée en Conseil de Gouvernement le 13 Septembre 2016 et fait l’objet d’une communication en Conseil des Ministres le lendemain. Le SIGEP, Système d’Information de Gestion des Entreprises Publiques et Parapubliques, permet le suivi de la santé économique et financière des entreprises du portefeuille de l’Etat par la Direction Générale du Portefeuille de l’Etat (DGPE) du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat. Notre objectif est de doter toutes les Institutions de la République et tous les Ministères d’outils décisionnels adaptés à leurs corps métiers pour servir d’aide à la décision et pour un meilleur suivi de la conduite de leurs activités.
L’introduction de la Gestion Electronique des Documents (GED) et l’archivage numérique a été faite dans plusieurs Ministères mais à des degrés différents. Au nombre de ces Institutions et Ministères, nous pouvons citer la Primature, le Ministère des Affaires Etrangères, le Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat, le Ministère du Commerce, et le Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration (MFPMA). Le cas du MFPMA, qui est encore en cours, constitue un projet pilote du fait de son périmètre. En effet, le projet d’archivage physique et numérique du Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration (MFPMA) vise à numériser toutes les archives et dossiers des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire depuis l’indépendance de notre pays. C’est plus d’un demi-million de dossiers et archives à numériser. Nous comptons terminer ce chantier à la fin de cette année 2017 et entamer à partir de l’année prochaine à dupliquer cela dans toutes les autres Institutions et tous les Ministères. Notre objectif est de numériser, d’ici fin 2020, la majorité les archives de l’administration ivoirienne depuis l’indépendance du pays. Nous contribuerons ainsi à sauvegarder la mémoire de l’administration ivoirienne pour les générations à venir.
La numérisation des procédures administratives est un vaste chantier actuellement en cours de réalisation à travers plusieurs initiatives. A titre d’exemples, nous avons (1) le projet e-Démarches administratives que nous réalisons avec un partenaire privé à la demande et pour le compte du Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration, et le Ministère de la Communication, de l’Economie Numérique et de la Poste ; (2) le projet de dématérialisation des procédures des marchés publics que nous réalisons avec un groupe de PME locales pour la Direction des Marchés Publics à la demande du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat ; (3) le Système d’Information de Gestion des Procédures judiciaires, pénales et administratives (SIGP) que nous avons réalisé en Consortium avec INNOVA et SOCITECH dans le cadre du programme américain PROJUSTICE de USAID (US Agency for International Development) pour le Ministère de la Justice et des Libertés Publiques ; (4) le Système d’Information de Gestion du Greffes et des Dossiers (SIGREF) que nous avons réalisé pour la Chambre des Comptes de Côte d’Ivoire. Si nous considérons toutes ces applications et projets, c’est plus de cent (100) procédures administratives qui ont été numérisées depuis environ un an sans inclure celles numérisées les années antérieures. La numérisation des procédures administratives permet non seulement d’automatiser l’exécution desdites procédures mais aussi de rapprocher les services administratifs de leurs clients à savoir les fonctionnaires et les citoyens de façon générale ; les procédures numérisées sont en fait mises en ligne et sont donc accessibles via l’Intranet de l’Administration ou via l’Internet.
Les autres innovations ou nouvelles initiatives comme le Cadre de Concertation entre la SNDI et les DSI des Institutions, des Ministères et autres démembrements de l’Etat, et le renforcement des capacités des fonctionnaires et agents de l’Etat à l’usage adéquat des outils informatiques ou TIC ont été déjà couverts dans un de nos précédents points.
Q7 – PME PMI : Quels sont les grands projets à venir de la SNDI ?
[NS] : Les grands projets à venir de la SNDI sont selon deux principaux objectifs à atteindre à moyen et longs termes. Le premier objectif principal est l’éclosion effective d’une administration numérique et efficace en Côte d’Ivoire d’ici 2020. Le deuxième objectif principal est le développement de la SNDI en tant qu’entreprise pour en faire un champion national et régional en Informatique et en TIC de façon générale.
Au niveau du premier objectif principal, celui de l’avènement d’une administration numérique et efficace en Côte d’Ivoire, nos grands projets s’inscrivent dans les programmes de l’archivage numérique généralisée à l’ensemble des structures étatiques, la numérisation de toutes ou la majorité des procédures des services administratifs, l’intégration des systèmes d’informations sectoriels via l’Intranet de l’Administration pour faciliter le partage des données et des informations, le partage des ressources informatiques de l’Etat, la conduite du changement afin de sensibiliser entre autres les fonctionnaires et agents de l’Etat sur la prise en compte de la souveraineté et de la sécurité nationales dans les choix des solutions de systèmes d’information, etc. En termes de résultats attendus de ces projets, l’on peut citer la soumission et la livraison sécurisées en ligne de documents administratifs comme les extraits et actes d’état civil (naissance, mariage, etc.), les certificats de nationalité, les casiers judiciaires, les permis de construction, etc. Dans la même veine, le dossier d’un patient sera accessible en ligne à un médecin consultant ledit patient à n’importe quel coin du pays permettant ainsi d’avoir l’historique et les précautions médicales à prendre en compte (précautions dans le cas d’un diabétique par exemple).
La réalisation de ces programmes va exiger l’acquisition ou le développement de nouvelles applications logicielles, le déploiement d’infrastructures réseaux à haut débit à l’échelle nationale, la création de data centers capables d’héberger le Cloud Etatique dont nous avons entamer la réalisation afin de s’assurer que toutes les données de l’Etat de Côte d’Ivoire sont hébergées sur le territoire national pour des raisons de sécurité nationale et de souveraineté, etc.
Au niveau du développement de la SNDI, nous ambitionnons faire de la société un champion national et régional en informatique ou en TIC de façon générale. Nous comptons réaliser cela dans le cadre d’un écosystème d’affaires public-privé bâti autour de la société. Ce qui permet de développer la société tout en boostant le secteur de l’informatique de façon générale dans le pays. Nous avons déjà mis en place le fondement de cet écosystème d’affaires public-privé à travers la convention de partenariat que nous avons signé entre la SNDI et le GOTIC, le Groupement des Opérateurs du secteur des TIC en Côte d’Ivoire, depuis le 14 Juin 2012. La réalisation de notre ambition de faire de la SNDI un champion national et régional est un des principaux objectifs du nouveau plan d’actions stratégiques 2017-2020 de la société que nous avons élaboré en 2016.
Q8 – PME PMI : En tant qu’ancien étudiant de l’une des plus grandes écoles du monde, quels conseils pouvez-vous donner à la jeunesse ivoirienne qui souhaiterait devenir comme vous ?
[NS] : Pour étudier dans l’une des grandes écoles du monde, des capacités intellectuelles de haut niveau sont évidemment requises mais, elles, seules, ne suffisent pas. Il faut savoir ce qu’on veut faire dans la vie, être discipliné et assidu dans le travail, avoir l’amour du travail bien fait, avoir confiance en soi tout en étant humble pour reconnaitre ses faiblesses, savoir qu’un échec est une opportunité pour un nouveau départ sur le chemin de la réussite, avoir l’ambition d’accomplir de grandes choses dans la vie et dont les retombées vont au-delà du gain pour soi comme par exemple le développement de notre pays, etc.
Q9 – PME PMI : Quel est votre message à l’endroit de PME PMI Magazine et de la population ivoirienne ?
[NS] : Je tiens à remercier PME PMI pour sa persévérance à servir de relais pour véhiculer auprès des décideurs et des investisseurs des informations pertinentes pour la bonne conduite des activités des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Petites et Moyennes Industries (PMI) en Côte d’Ivoire. Comme vous le savez, l’économie de tout pays repose sur les contributions des PME et des PMI. Donc que vous dédiez votre magazine à la promotion de ces entreprises est une œuvre noble en mon sens et je vous félicite pour cela. Je vous souhaite un plein succès dans l’accomplissement de cette noble mission.
En ce qui concerne mon message à l’endroit de la population Ivoirienne, je voudrais simplement rappeler que nous sommes à l’ère de la société de l’information. Les exigences de cette société de l’information sont telles que la vulgarisation de l’usage des outils informatiques ou TIC dans la conduite de nos activités quelles qu’elles soient est une nécessité. Autrement dit, l’industrie des TIC et les services qui en découlent, ou tout simplement l’économie numérique, sont une nécessité de notre ère. Cependant, cette économie numérique représente une opportunité pour développer notre pays. Nous devons la saisir.
En effet, la principale matière première de l’économie numérique est l’intelligence humaine, le cerveau. Et quand il s’agit des cerveaux, il n’y a pas une race qui en a plus qu’une autre, ni une région qui en a plus qu’une autre. C’est une matière première qui, de façon intrinsèque, est équitablement répartie dans le monde. Nos universités et grandes écoles doivent donc former des étudiants rompus à l’usage des outils TIC indépendamment de leurs domaines d’études. Les jeunes, étudiants ou diplômés, doivent oser innover et entreprendre pour promouvoir le « Made in Côte d’Ivoire » dans tous les secteurs d’activités économiques en particulier dans l’industrie des technologies de l’information et de la communication. L’Inde est devenue un pays émergent en devenant le laboratoire des logiciels du monde, une composante essentielle de l’industrie des TIC. La Côte d’Ivoire a la capacité et le potentiel de faire autant car il y a encore de la place vue les exigences de la société de l’information. Nous devons œuvrer tous dans ce sens.
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