Vendredi 26 et samedi 27 mai 2017 sont deux jours qui resteront gravés dans les mémoires de ceux qui, demain, écriront l’histoire des élections générales de 2018 au Cameroun.
En effet, toutes les délégations régionales du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti proche du pouvoir, ont tenu des séminaires décentralisés de l’Académie de ce parti politique. Les mots clés qui se dégagent tant des interventions des animateurs des ateliers que de celles des séminaristes sont: former les militants à la chose politique, renforcer les capacités des militants, restaurer la discipline, renforcer la cohésion autour du président national, gagner les élections à venir pour conserver le pouvoir. Les séminaristes invités étaient des membres titulaires du comité central, des membres du bureau politique, des responsables des organes de base, des élus nationaux et locaux, des responsables des délégations permanentes régionales et départementales du comité central, des membres du gouvernement, des directeurs généraux des établissements publics, etc. C’étaient ceux-là même qui, en cas d’élection, seront chargés de conduire la campagne électorale et de l’animer suivant la configuration actuelle du parti. Ce sont ceux à qui on demandera, demain, des voix et des résultats. C’est donc un moment important de la vie politique nationale qu’on vient de vivre. L’Académie dont les responsables ont été nommés l’année dernière par le président national, Son Excellence M. Paul Biya, est chargée de la formation politique des militants. La création et la mise en place de cette structure de formation politique appliquée sont devenues des nécessités car, au fil du temps, les militants ont montré de nombreuses limites dans la maîtrise des fondamentaux de la politique en contexte de démocratie pluraliste. Certes, le parti a continué à gagner, mais on a vu des vagues hautes de contestation s’élever pour remettre en cause, en violation nette des textes de base, certaines décisions des instances dirigeantes. L’indiscipline avait donc fait son lit dans le RDPC, surtout à cause de l’ignorance ou l’inobservation par certains membres, et pas des moindres, des bases essentielles de l’adhésion, de l’action et de l’appartenance à un parti politique. La mobilisation nationale observée ce week end peut donc être interprétée comme la classe en grandeur nature d’une leçon déterminante de discipline, afin que nul n’en ignore. Cette mobilisation est également, à n’en point douter, l’ouverture de la saison politique pré-électorale au Cameroun. En effet, il est apparu ces temps derniers que le parachèvement du processus de décentralisation appelle dans les prochains jours, au plus tôt, les prochains mois au plus tard, à la mise en place des régions. Les régions, collectivités territoriales décentralisées, constituent l’autre pied indispensable du sénat. La descente des responsables des délégations régionales permanentes du comité central sonne donc le tocsin du rassemblement autour des enjeux électoraux de demain car, nous le savons, le RDPC aura des candidats aux élections régionales. Le RDPC aura également des candidats aux élections générales de l’année prochaine : le président national, S.E. Paul Biya est son candidat à l’élection présidentielle en vertu de l’article 27(3) des statuts. Jusqu’ici, aucun autre militant n’a vraiment contesté la candidature naturelle du Président Biya. Quelques militants anormalement enthousiastes ont, ici et là, annoncé leurs candidatures. Mais, franchement rien de vraiment sérieux. Les séminaristes du week-end dernier ont tous adressé des motions de soutien au président national. Ce qui confirme que c’est bel et bien le courant majoritaire, légaliste et légitimiste du parti qui était en mouvement. Le RDPC investira aussi des candidats aux municipales, aux législatives et aux sénatoriales. Tous ces candidats auront besoin d’un appareil partisan fort, uni et discipliné. D’autant plus discipliné que deux phénomènes risquent de dresser les uns contre les autres: le débat classique sur le mode de sélection des candidats d’une part, et la volonté de certains militants de se présenter à l’élection présidentielle d’autre part. Faut-il organiser des primaires pour sélectionner des candidats? Faut-il plutôt en investir sans primaires? Les deux formules ont été essayées, avec le bonheur que nous connaissons. Sachant que le moment du choix des candidats est celui où le RDPC est souvent affaibli, la décision à prendre doit être soutenue par des militants prévenus, avertis, avisés et finalement responsables. La décision de rassembler tout le monde maintenant vise donc à muscler le mental militant face à ces enjeux. Rassembler tout le monde maintenant aussi et enfin pour recueillir l’état d’esprit des militants à la base, avant la convocation du quatrième congrès ordinaire délayé l’année dernière, conformément aux dispositions statutaires en la matière. Le jour où ce congrès se tiendra, l’on sonnera à coup sûr le démarrage de la machine à gagner du RDPC. Une machine redoutable. La saison électorale qui s’est conclue en France par l’élection présidentielle et la consécration de M. Emmanuel Macron nous ont administré la preuve que nous ne sommes pas si en retard que ça dans la pratique politique. Nous avons vu qu’il n’est pas du tout archaïque de procéder aux investitures sans primaires. La semaine dernière, les listes des candidats aux législatives françaises des 11 et 18 juin 2017 ont été publiées. Les candidats ont été investis sans primaires. L’investiture sans primaires n’est pas du tout l’anti-démocratie dont certains nous parlent souvent. Ce mode de désignation des candidats est plutôt un signe de bonne santé du parti, vu comme une organisation qui a un chef écouté et soutenu, des règles, un esprit et une discipline à observer. Puisse certains militants du RDPC le comprendre une fois pour toute pour une bonne amplification des leçons des séminaires!
Avec actucameroun