La ligne de fracture entre les leaders de la coalition qui a soutenu Jean Ping lors de l’élection présidentielle du 27 aout 2016 est désormais bien visible. Divisés sur l’opportunité d’amorcer un dialogue avec Ali Bongo pour sortir de la crise politique, les leaders affichent désormais leurs positions individuellement sur la place publique.
Ces derniers jours, 3 responsables de l’opposition, et pas des moindres, se sont prononcés l’un après l’autre pour un dialogue. Jean Ping qui s’est toujours montré opposé à un dialogue avec Ali Bongo dont il continue de contester l’élection prépare lui aussi une déclaration pour faire connaitre sa position.
Les opposants Guy Nzouba Ndama, Casimir Oyé Mba et Jean-de-Dieu Moukagni Iwangou, tous membres de la coalition pour la nouvelle République, sont sur la même longueur d’onde. Pour eux, l’opposition réunie autour de Jean Ping doit dialoguer avec Ali Bongo pour mettre fin à la crise politique qui dure depuis 9 mois.
Le dialogue et le « droit d’inventaire »
Ce jeudi, Guy Nzouba Ndama, qui observait jusque-là une réserve quant à l’opportunité d’un dialogue entre la coalition dont il est membre et Ali Bongo, est sorti du bois. Sur les antennes de RFI, l’ancien président de l’Assemblée nationale a appelé sans ambigüité à un dialogue entre les deux camps sous les auspices d’un médiateur international.
« Je pense que ce qu’il faudrait c’est que les deux camps se surpassent et trouvent un facilitateur qui permette aux deux camps de se retrouver, de se regarder les yeux dans les yeux et poser les vrais problèmes pour que nous repartions sur de bonnes bases. […] Chacun doit concéder quelque chose. On ne peut donc pas dire que jamais on ne discutera », a-t-il déclaré.
La sortie de Guy Nzouba Ndama, vient conforter celle de Casimir Oyé Mba qui comme lui avait retiré sa candidature pour apporter son soutien à Jean Ping afin d’en faire le « candidat unique » de l’opposition. En effet, le 26 mai Casimir Oyé Mba avait convoqué la presse à Libreville pour livrer sa position personnelle et son analyse de la situation du pays. Pour lui aussi il faut « se parler » en présence d’un facilitateur.
« Au lendemain des élections présidentielles, M. Ali BONGO et M. Jean PING ont appelé l’un et l’autre à un «Dialogue National». Même si c’est regrettable, force est de constater qu’il s’est tenu finalement deux dialogues […] Pourquoi s’interdire de rechercher et d’organiser une convergence entre ces deux réflexions ? », s’est-il interrogé.
Premier à avoir défendu cette position au sein de la coalition, Jean-de-Dieu Moukagni Iwangou, le leader d’une des branches de l’Union du peuple gabonais (UPG), avait proposé dès le mois d’avril un « Agenda de sortie de crise » en 12 points. Plus récemment, le 29 mai il est revenu à la charge pour réclamer un « droit d’inventaire » au sein de l’opposition.
« Ontologiquement opposée à toute pensée unique, qu’elle combat depuis le 14 juillet 1989, l’Union du Peuple Gabonais a été la première à rompre le rang, pour proposer un Agenda de sortie de crise à la Nation, parce que, nous ne plierons jamais à l’idée, que l’exclusivité de la réflexion au sein de l’opposition relève simplement de certains.
J’appelle donc à un droit d’inventaire totalement décomplexé. Pour refaire notre relation de confiance, pour consolider notre force, et nous placer à la hauteur des enjeux. », a-t-il publié sur sa page Facebook.
Dans l’entourage de Jean Ping on n’entend pas demeurer sans rien faire. Ses proches, convaincus qu’il est le seul à détenir une assise populaire et nationale, ne voient pas l’intérêt d’un dialogue avec Ali Bongo. Dans la soirée du 30 mai, ils ont préparé une déclaration qui va être communiquée ce mercredi. S’appuyant sur les conclusions décevantes du dialogue national initié par Ali Bongo et qui s’est achevé le 25 mai, ils mettront en doute l’opportunité d’un dialogue avec Ali Bongo.
Avec africapostnews