Le romancier haïtien Louis-Philippe Dalembert a reçu mardi le prix Orange du Livre pour “Avant que les ombres s’effacent” (Sabine Wespieser), une saga familiale reposant sur un épisode méconnu de l’histoire d’Haïti: l’accueil des juifs persécutés en Europe avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
En janvier 2010, quand Haïti est frappé par un terrible séisme, Deborah, la petite-fille de sa défunte tante Ruth, arrive dans la capitale haïtienne parmi les équipes de secours venues d’Israël. Le vieil homme qu’est devenu Ruben lui confie sa fabuleuse histoire. Son enfance dans le ghetto de Lodz, ses études à Berlin, les premiers pogroms nazis, son internement à Buchenwald…
L’écrivain avait déjà reçu lundi le prix France Bleu/Page des libraires pour ce livre captivant publié en mars chez Sabine Wespieser et qualifié par le jury de ce prix de “meilleur roman francophone de l’été”.
L’épopée du Saint Louis, un paquebot avec à son bord un millier de juifs allemands pour rejoindre Haïti en 1939
Dans une langue toujours tonique, le romancier mêle à son oeuvre d’imagination des événements bien réels comme l’épopée du Saint Louis, un paquebot à bord duquel environ un millier de juifs allemands embarquèrent d’Hambourg en 1939 avec le vain espoir de rejoindre l’Amérique. Las, les passagers du navire se virent refuser l’entrée à Cuba malgré les visas que leur avait accordés l’ambassade de Cuba en Allemagne.
Le débarquement aux États-Unis fut également refusé par les autorités américaines. Le bateau et ses passagers durent repartir vers l’Europe. Grâce aux efforts du capitaine du navire, Gustav Schröder (devenu “Juste parmi les nations” après sa mort à la fin des années 1950), la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la France acceptèrent d’accueillir les réfugiés juifs condamnés sinon à retourner en Allemagne. C’est ainsi que Ruben se retrouvera à Paris à la fin des années 1930 avant son départ définitif pour Haïti.
Le Prix Orange du Livre récompense, depuis 2009, une oeuvre de fiction écrite en français et publiée entre le 1er janvier et le 31 mars de l’année en cours. Il est doté de 15.000 euros. L’an dernier, c’est Vincent Message qui avait été distingué pour “Défaite des maîtres et possesseurs” (Seuil).