L’alliance avait donné des sueurs froides à la coalition présidentielle. Aujourd’hui, son implosion est du pain béni pour le pouvoir de Macky Sall, en difficulté pour les législatives. Pour barrer la route à la gestion jugée « mauvaise et nébuleuse » du premier septennat du président sénégalais, une dizaine de partis et de mouvements citoyens avaient décidé début mai de faire front commun pour remporter les législatives du 30 juillet prochain.
Querelle de leadership et de préséance entre Wade et Sall
Une task-force qui faisait présager à certains observateurs, l’hypothèse de la première cohabitation politique au Sénégal. Seulement, à quelques heures de la clôture du dépôt des listes, la coalition montre les premiers signes de fissures. Depuis sa cellule de la prison de Rebeuss où il est incarcéré depuis mars dernier pour de supposées malversations financières, Khalifa Sall a été désigné comme tête de liste de cette coalition, comme l’annonçait son avocat dans une interview à La Tribune Afrique.
En embuscade, Abdoulaye Wade l’ancien président (2000-2012) se voyait aussi en haut de la liste pour se « venger » de sa défaite lors de la présidentielle de 2012 remportée par Macky Sall mais aussi -et surtout- de l’incarcération de son fils Karim Wade dans l’affaire de la « traque des biens mal acquis ».
Pour le maire de Dakar depuis 2009, ces législatives sont une bascule pour mesurer son poids politique d’autant qu’il est présenté comme l’adversaire le plus sérieux à Macky Sall pour la présidentielle de 2019. La querelle de leadership entre le maire socialiste de la capitale et le président du parti démocratique sénégalais (PDS) avait tourné à l’avantage du premier.
Date limite de dépôt et beaucoup d’incertitudes
La coalition comptait donc surfer sur la vague de la popularité grandissante du maire de Dakar dont l’entourage dénonce « une cabale politique », pour apporter une riposte politique au pouvoir. Mais Abdoulaye Wade semblait s’accrocher à une sorte de préséance due à son statut d’ancien chef d’Etat.
Tardivement hier soir, Abdoulaye Wade a violemment claqué la porte de « Mankoo Taxawoo Sénégal » (Union pour le sauvetage du Sénégal, en wolof), la coalition d’opposition à peine créée au début du mois de mai. A 91 ans, l’ancien locataire du Palais de la République a formé la “Coalition gagnante Mankoo Taxawu Sénégal”, en réunissant autour de lui trois partis politiques qui avaient marqué son désaccord pour la désignation de Khalifa Sall comme porte-drapeau de l’opposition.
Par ailleurs, Modou Diagne Fada, qui a lancé lancé sa liste “Yessal” (Renouveler) , part à l’assaut de l’Assemblée nationale en solo. Pour autant, ce qui reste de la coalition « Manko Taxawu Sénégal » peut-elle atteindre l’objectif d’introduire une cohabitation au sein du Palais ? En tout cas, même si la coalition n’aura pas survécu longtemps aux querelles d’égo, Khalifa Sall reste la tête de liste de la coalition initiale avec derrière lui, l’ancien premier ministre Idrissa Seck, Malick Gackou, le SG du Grand Parti (GP). Les premiers signes laissent entrevoir une bataille serrée et âpre pour les sièges à l’Assemblée nationale.