Dans le cadre de la semaine de l’Europe, la ville de Yaoundé vient d’abriter un forum d’échanges d’experts sur la filière coton sur le thème : « Evolution, défis et perspectives de la filière coton au Cameroun et son accompagnement par les partenaires ».
L’événement organisé par la Banque européenne d’investissement, la délégation de l’Union européenne et la Cellule d’appui à l’Ordonnateur national du Fonds européen de développement avait pour but de mettre en avant la chaîne de valeur de la filière coton et sa contribution dans l’économie du Grand-nord du pays. Il s’agit aussi d’examiner les perspectives de financement des partenaires au développement.
Il ressort de ce forum que les défis auxquels fait face le secteur du coton au Cameroun sont énormes. En ce qui concerne la production, des pertes importantes ont été enregistrées récemment, dues à la mouille du coton, à la dépréciation des stocks de graines de coton et de soja et à la mévente des produits.
La flotte de camions de transport de la Sodecoton et ses usines d’égrenage et d’huilerie sont vétustes. Les coupures d’électricité sont fréquentes. Pour remédier à ces déficiences, il a été calculé que les besoins de financement de la Sodecoton sont autour de 40 milliards FCFA à court terme.
Pour ce qui est de la transformation, l’entreprise Cicam est désormais la seule industrie textile dans la sous-région Cemac. Alors qu’en 1985 elle traitait 85% des fibres de coton produites sur le territoire national, aujourd’hui la Cicam n’occupe que 5% du marché camerounais. Plus de 80% du coton africain est traité actuellement en Chine à des coûts beaucoup plus bas.
Les experts du forum ont discuté des axes d’action pour réorganiser le secteur. Ceux-ci prévoient d’augmenter les surfaces et améliorer leur mécanisation, intensifier la gestion durable de la fertilité des sols, augmenter les capacités de production de l’huile de coton, valoriser la fibre de coton et les produits dérivés comme l’huile raffinée et les aliments du bétail, chercher à créer une brand de coton de haute qualité « Made in Africa ».
Le secteur du coton revêt d’une importance particulière pour le Cameroun et notamment pour ses zones septentrionales, caractérisées par des taux de pauvreté élevés et souffrant des instabilités sécuritaires. La zone cotonnière camerounaise couvre 85 000 km2 et compte environ 200 000 producteurs de coton, pour une production aux alentours de 250 000 tonnes par an. Plus de deux millions de personnes au Cameroun dépendent d’une manière ou d’une autre de la chaîne de valeur du coton. L’impact fiscal de la filière peut être estimé à 30-40 milliards de FCFA/an et la contribution au PIB du septentrion à 8-10%.
Avec agenceecofin