L’Egypte a signé avec un succès certain, ce que ses dirigeants ont désigné comme étant sa dernière sortie sur le marché international de la dette. Son tout récent emprunt souverain (émission d’obligations internationales) s’est soldé par une forte sursouscription, qui s’est traduite par une accumulation de 11 milliards $ dans son carnet des ordres.
L’opération qui avait pour chefs de fil les groupes financiers BNP Paribas, Natixis, JP Morgan et Citi Group, a attiré surtout des investisseurs nord-américains et européens. La demande était tellement forte, qu’au final, les taux servis pour les différents tranches ont été plus faibles que ceux des 4 milliards $ servis en janvier 2017.
Des banquiers proches du processus ont fait savoir sur certains médias spécialisés, que le gouvernement égyptien tire profit de l’avis favorable émis par le Fonds monétaire international, qui a décidé de libérer 1,24 milliard $ supplémentaires dans le cadre du programme économique en cours avec le pays, et qui salue les efforts dans la mise en œuvre des réformes.
Malgré ce succès et l’intérêt des investisseurs, le gouvernement égyptien n’a finalement servi des obligations souveraines que pour 3 milliard $. C’est près de 2 fois le montant initial qu’il envisageait de collecter et cela porte à 7 milliards la valeur globale des eurobonds émis sur le marché international en 2017. A elle seule, l’Egypte a déjà dépassé l’encours des obligations souveraines de toute l’Afrique en 2016 (5 milliards $).
Encouragés par une baisse des taux, de nombreux pays africains arrivent de nouveau sur le marché des obligations souveraines. Le Sénégal est le plus récent pays de la région à s’y être essayé. Ses titres ont attiré des investisseurs pour près de 7 milliards $.
Sur le marché secondaire, les obligations souveraines africaines suivies dans le cadre de l’indice ABABI de la Banque Africaine de Développement et de Bloomberg, continuent d’observer une baisse de leurs rendements et une remontée du prix offert, même si le cours au 26 mai 2017 (80,9$) était encore en deçà de la moyenne des 12 mois précédents (82,34 $).
Des pays comme le Sénégal, le Cameroun et même l’Afrique du sud, continuent d’être des sur-performeurs de l’indice. Certains analystes expliquent malgré la situation basse des prix des matières premières, que les économies africaines ont atteint un certain niveau de stabilité, et surtout les obligations de leurs pays continuent d’offrir des taux de rendement supérieurs à 3%, ce qu’on ne trouve plus sur les marchés plus développés.
La saga des eurobonds africains ne semblent pas prête de s’arrêter pour l’exercice 2017. Le Kenya, qui a très peu utilisé les possibilités que lui offrait sa loi des finances de la période 2016/2017, promet de revenir sur le marché des obligations internationales dès le début de son exercice fiscal 2017/2018, qui débute en juillet.
Rappelons que l’Egypte ne séduit pas les investisseurs internationaux qu’avec ses obligations souveraines. A la faveur de la récente hausse des taux directeurs par la banque centrale, plusieurs investisseurs internationaux se sont jettés sur les obligations émises en devise locale. Le gouvernement dit vouloir utiliser toutes ces ressources, pour mener sa politique budgétaire de redressement du pays.
Mais si le FMI salue les consolidations budgétaires qui ont été réalisées et qui sont proposées dans la loi des finances, il attire toutefois l’attention du gouvernement sur le besoin de réduire davantage son déficit public. Par ailleurs le gouvernement devra convaincre que la stabilité retrouvée du système financier égyptien va de pair avec une amélioration du pouvoir d’achat des plus pauvres.
De ce point de vue, les arbitrages sont complexes aussi bien pour la banque centrale égyptienne, que pour le gouvernement. La hausse des taux d’intérêt a été fortement saluée par les acteurs du marché monétaire et celui des capitaux. Mais pour des millions d’Egyptiens qui ont besoin de liquidités pour mener leurs transactions économiques, les choses risquent d’être encore plus difficiles au quotidien.
Avec agenceecofin