La prochaine assemblée générale de l’ANC qui se tiendra du 26 au 28 mai, pourrait déboucher sur le « départ » de Jacob Zuma. Ce dernier pourrait être forcé de jeter l’éponge pour éviter une implosion du parti voire un échec aux élections de 2019. Bien que seul le parlement puisse forcer le président au départ, l’Etat-major de l’ANC avait déjà forcé la main à Thabo Mbeki en 2008.
Les principaux leaders du Congrès national africain (ANC) devrait discuter d’un possible limogeage de Jacob Zuma de son poste lors de l’assemblée générale de l’ANC, prévue du 26 au 28 mai prochain. Une information relayée par les médias sud-africains, qui citent des membres du comité exécutif de l’ANC ayant requis l’anonymat.
Une crise qui couve depuis août dernier
Selon ces derniers, la décision d’évincer Zuma par la plus haute autorité de l’ANC vise à sauver les apparences en changeant de direction en interne et non suite à une motion de censure déposée par l’opposition. Une hypothèse qui vise également à maintenir une certaine cohésion au sein de l’ANC. Le parti connaît l’une des plus importantes crises internes après que le parti ait perdu lors des dernières municipales, le contrôle de Johannesburg et Pretoria.
Un échec électoral qui a été suivi par les tensions intergouvernementales entre Zuma et son ministre des Finances de l’époque, Parvin Gordhan suite à la publication du rapport sur les liens entre Zuma et la richissime famille Gupta. Une situation qui a débouché sur un remaniement gouvernemental express en mars dernier où Gordhan taxé de frondeur par la présidence a été remplacé manu-militari par Malusi Gigaba, ex-ministre de l’Intérieur et fidèle parmi les fidèles.
Une décision justifiée par Zuma comme une mesure pour ressouder le gouvernement et mettre fin « à la contestation » interne que personnifiait Parvin Gordhan. Un remaniement qui n’a fait qu’amplifier la crise à l’ANC en impactant les marchés financiers et entraînant la dégradation de la note souveraine d’Afrique du Sud par les principales agences de notation. Le président Zuma a rappelons-le, déjà fait face à une pareille procédure partisane en novembre dernier.
Eviter l’implosion du parti
Bien que seul le parlement puisse légalement forcer le président au départ, le comité exécutif de l’ANC a déjà poussé Thabo Mbeki vers la sortie en 2008. L’ANC est également capable de pousser ses parlementaires qui représentent 62% des sièges de voter en faveur d’une motion de censure. Une hypothèse que les caciques de l’ANC cherchent justement à éviter, en « réglant » la question en interne. Pour le comité central du parti au pouvoir, laisser le parlement statuer sur l’affaire Zuma pourrait infliger des dommages irréversibles à l’ANC voire causer l’implosion du parti à cause des divisions internes qui résulteraient d’un tel scénario.
Pour les frondeurs de l’ANC, un départ anticipé de Zuma représente une opération de damage control à l’approche des élections générales de 2019. En effet, l’Etat-major de l’ANC ne cache plus ses craintes pour le scrutin à venir, après que le Congrès des syndicats sud-africains ait empêché Zuma de prendre la parole lors de ses meetings. Un mouvement de défiance à l’encontre du président en exercice qui a été renforcé par l’appel lancé par 101 anciens combattants de l’ANC et militants anti-apartheid pour pousser Zuma à la démission, ou encore la commission d’enquête lancée par le Conseil sud-africain des églises sur le « siphonage systématique des biens de l’Etat par le clan Zuma ».
Le Conseil constitutionnel y a également mis son grain de sel, en annonçant que ses membres allaient statuer sur la possibilité d’autoriser le vote secret pour les parlementaires en cas de motion de censure. Une mesure qui permettrait aux parlementaires de l’ANC de voter sans craindre des représailles partisanes et ainsi désamorcer toute consigne de vote qui contraindrait ces derniers à formuler un vote négatif à une motion de censure.
La possibilité d’un départ forcé de Zuma a eu un effet positif sur la rand, qui a connu une hausse de 0,3%.
Avec latribune