Si l’administration d’Edgar Lungu, le président zambien, donne son aval, la capitale de la Zambie ne sera plus Lusaka. Sur proposition de son ministère du Plan, le gouvernement se penche sur la possibilité de transférer la capitale actuelle dans le petit village de Ngabwe, situé dans le centre du pays. Objectif, décongestionner Lusaka mais aussi et surtout développer cette zone rurale en manque d’infrastructures et régulièrement submergée par des inondations. Les détails.
Pour le moment, la décision est suspendue au conclave du gouvernement. Mais déjà dans les rues zambiennes, le sujet alimente toutes les conversations. Il faut dire que la décision qu’Edgar Lungu, le président zambien, prendra d’ici deux semaines, sera cruciale pour l’avenir du pays.
Argument principal, décongestionner Lusaka…
Après consultation d’une équipe d’experts qui a planché sur l’opportunité, Lucky Mulusa, le ministre du Plan a soumis au cabinet présidentiel, sa proposition de transférer la capitale actuelle du pays de Lusaka, située au sud-est vers Ngabwe, au centre.
Et le premier argument de la proposition ministérielle a de quoi faire mouche. Lucky Mulusa met en avant la démographie galopante de Lusaka, devenue depuis 1935, la capitale de ce qui était alors la Rhodésie du Nord. Pourtant, avec ses 70 kilomètres carrés, Lusaka abritait 1,7 million de personnes selon le dernier recensement effectué en 2010.
Depuis cet inventaire démographique, la population dans la capitale a dû atteindre 2,5 millions et pourrait dépasser la barre des 3 millions d’habitants, selon des projections du ministère du Plan. Résultat, la forte densité a congestionné l’actuelle capitale et y rend difficile la mobilité.
« Dans les 10 prochaines années, il sera difficile de faire des affaires à Lusaka en raison de la congestion. La ville est surpeuplée, et la chose la plus judicieuse est de déplacer la capitale », a indiqué dans une déclaration à l’AFP, Lucky Mulusa, ministre de la planification nationale et du développement.
… et développer la ville rurale de Ngabwe
Si la décongestion de l’actuelle capitale est l’argument mis en avant, le transfert de l’administration en zone rurale a une portée stratégique. Le petit village de Ngabwe, la capitale de substitution, est situé à 120 kilomètres de Lusaka, pourrait en profiter. La future capitale souffre d’un criant déficit d’infrastructures et est régulièrement en proie à des inondations.
Les autorités espèrent que le transfert de la capitale dans cette zone rurale créera une dynamique de construction d’infrastructures et poussera également les entreprises à installer leurs sièges dans cette ville. Le département de Lucky Mulusa a indiqué aussi que la nouvelle ville devrait être préparée à accueillir les corps diplomatiques mais aussi les sièges et bureaux régionaux des organisations internationales.
Dans les couloirs de la State House, le palais présidentiel, la perspective n’effraie pas. On rappelle déjà le remplacement de Lagos par Abuja effectué par le Nigéria en 1976. Dans le même sillage, plusieurs pays africains notamment l’Afrique du Sud, le Maroc, possèdent une capitale économique et une capitale administrative. D’autres pays comme le Sénégal et l’Egypte avaient étudié la possibilité de changer de capitale, sans passer à l’acte.
Dans le cas de la Zambie, le changement de capitale devra encore passer par un long processus allant de la décision de validation du président à l’édification d’un plan d’aménagement de la nouvelle ville avant que Ngawbe ne devienne officiellement la capitale de la Zambie.
Avec latribune