Un général américain a estimé que l’indépendance du Kurdistan irakien était probable à terme et comportait un risque de déstabilisation de la région. Il a mis en garde les autorités contre ce défi, qui pourrait resurgir après la défaite de Daesh.
Le lieutenant-général américain Vincent Stewart, directeur de l’Agence du renseignement de la défense (DIA), a affirmé le 24 mai au cours d’une audience au Sénat que l’indépendance du Kurdistan irakien n’était qu’une question de temps. La DIA est une agence de renseignement fonctionnant sous la juridiction du ministère américain de la Défense.
«L’indépendance du Kurdistan [irakien] n’est pas une question de “si” mais de “quand”», a-t-il affirmé. Selon lui, la capacité des Kurdes d’Irak à s’entendre avec le gouvernement irakien sera essentielle pour éviter un nouveau conflit. Pour le responsable américain, le référendum – prévu selon lui en octobre de cette année – est donc crucial pour l’avenir du pays.
«Une fois que Daesh sera vaincu à Mossoul, le plus grand défi pour le gouvernement irakien sera de concilier les différences [de points de vue] entre le gouvernement dominé par les chiites, les sunnites à l’ouest et les Kurdes au nord», a-t-il relevé.
Le directeur de la DIA n’a pas hésité à prévenir : «[Les] question[s] relatives au champ pétrolifère de Kirkouk, [et du contrôle] de la ville de Kirkouk, seront des défis politiques importants à résoudre pour le gouvernement irakien.»
Kirkouk est une ville multiethnique, historiquement revendiquée par les Kurdes. Après la débâcle de l’armée irakienne en octobre 2016 face aux offensives de l’Etat islamique dans le nord du pays, les forces militaires kurdes avaient bloqué la progression des djihadistes et empêché la conquête de Kirkouk par Daesh. Récemment, les milices chiites irakiennes, soutenues par l’Iran, ont toutefois menacé d’expulser les populations kurdes de cette région.
En Irak, le gouvernement régional du Kurdistan est une entité politique, fédérale et autonome située dans le nord du pays, reconnue par la Constitution irakienne de 2005 et qui dispose de sa propre force armée : les Peshmergas. Soutenue par les Etats-Unis, cette force militaire joue un rôle important dans le dispositif anti-Daesh en Irak et prend part à la bataille meurtrière de Mossoul.