ENVIRONNEMENT – En 2050, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons. Pour lutter contre la pollution marine mais également préserver les écosystèmes marins, combattre la surpêche et limiter l’acidification des océans à cause de l’absorption croissante de CO2, l’ONU s’apprête à organiser la première conférence mondiale sur les océans à son siège de New York.
Du 5 au 9 juin, gouvernements, ONG, organisations internationales, experts et scientifiques se réuniront autour de l’un des 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’ONU en 2015, à savoir la gestion durable des océans.
Un objectif timidement débattu lors des différentes conférences sur le climat mais qui a commencé à émerger pendant la COP21 à Paris en décembre 2015, puis à Marrakech un an plus tard pour la COP22, où une journée a été consacrée aux océans.
« Pour une planète en bonne santé, il faut des océans en bonne santé »
D’ici 2030, selon l’agenda des ODD, les États membres de l’ONU devront en effet rendre des comptes sur leur capacité à préserver les océans. Car ces derniers ont un rôle extrêmement important à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique et sont vitaux pour l’économie de nombreux pays, dont les petits États insulaires qui vivent essentiellement de la pêche et souffrent particulièrement du changement climatique.
« Pour avoir une planète en bonne santé, il faut des océans en bonne santé », a ainsi déclaré Julian Barbière, chef de la section des politiques maritimes de la commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, lors d’une visioconférence de presse tenue mardi 23 mai à Rabat. « Les océans sont un espace complexe à gérer, puisqu’une partie est sous la souveraineté des États, et une autre appartient à tout le monde », a-t-il rappelé.
D’où la nécessité de mettre en place une bonne gouvernance internationale des océans. Si plus de 3 milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour subvenir à leurs besoins, toute la planète est en effet concernée par les effets néfastes du réchauffement climatique que des océans « en bonne santé » peuvent limiter.
Un océan… de plastique
Or, aujourd’hui, 40% des océans du monde sont fortement touchés par les activités humaines, dont la pollution, l’épuisement des ressources halieutiques et la disparition des habitats côtiers. 8 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans, au point que l’on parle même d’un septième continent formé de déchets et de particules de plastique. Et à cause de l’excès de dioxyde de carbone absorbé, 20% des récifs de corail ont déjà disparu.
« Une conférence ne va pas tout changer, mais c’est le début d’une nouvelle approche », estime Julian Barbière. S’il n’y aura pas d’accord « contraignant » signé à l’occasion de cette conférence, comme cela a été le cas lors de la COP21 à Paris, l’événement sera l’occasion de lancer un « appel à l’action » et de dresser une liste des engagements volontaires pris par les différentes parties pour mettre en oeuvre l’objectif de développement durable sur les océans.
Il s’agira également de mettre en avant la nécessité d’adopter une « économie bleue » (les océans ont une valeur marchande de 5% du PIB mondial), et d’augmenter la connaissance et la recherche scientifique autour des océans.
« On a plus d’informations sur la surface de la lune que sur le fond des océans! », a ainsi déclaré Julian Barbière. A ce jour, alors que les océans représentent 71% de la surface du globe, seuls 5% des planchers océaniques ont été cartographiés de manière topographique.
Avec huffpostmaghreb