Une nuit dans le “Gran Hotel Manzana”, qui a ouvert ses portes lundi, est facturée de 440 à 2485 dollars. Le tout alors que le salaire moyen se situe aux alentours de 30 dollars par mois.
Le “Gran Hotel Manzana”, premier véritable hôtel de grand luxe à Cuba, a ouvert ses portes lundi à La Havane sous la bannière du groupe suisse Kempinski Hotels, qui tient désormais sa “porte d’entrée” vers le continent américain.
Situé au coeur de la capitale cubaine face aux jardins du Parque Central et du grand théâtre Alicia Alonso, l’établissement co-géré par Kempinski et l’opérateur touristique cubain Gaviota – contrôlé par l’armée – compte 246 chambres, dont 50 suites, quatre bars, deux restaurants et une piscine à débordement sur le toit.
Ce bâtiment immaculé de style européen renaît un siècle après avoir ouvert sous le nom “Manzana de Gomez”. Rénové de fond en comble par le groupe de construction français Bouygues en joint-venture avec l’opérateur cubain UCM, ce palace propose des chambres à des tarifs jamais vus dans l’île. Une nuit dans la chambre de base coûte 440 dollars (sans le petit-déjeuner). Pour s’offrir la suite la plus luxueuse, il faut être prêt à débourser 2485 dollars.
“Ce n’est pas pour les Cubains”
Xavier Destribats, directeur général du groupe hôtelier suisse assume totalement ce positionnement: “Nous apprécions les joyaux et cela correspond très bien à notre philosophie”, a-t-il expliqué sur l’antenne de la TV d’État cubaine. Kempinski gère déjà plus de 70 hôtels cinq étoiles dans le monde. Mais son nouveau bijou cubain est le premier qu’il exploite sur le continent américain.
Pour pouvoir livrer à temps ce chantier stratégique, l’État cubain a été contraint d’accepter voici quelques mois le recrutement d’une centaine d’ouvriers qualifiés venus d’Inde. Un événement inédit sur une île qui impose généralement l’emploi d’ouvriers cubains sous payés, donc peu motivés.
Au rez-de-chaussée, une galerie commerciale abritant des boutiques haut de gamme telles que Versace, Giorgio Armani, Lacoste ou Montblanc suscitait lundi la curiosité des badauds, le luxe ayant été longtemps banni de l’île par les autorités castristes.
“L’hôtel est vraiment beau, mais ici tout est terriblement cher. Ce n’est pas pour les Cubains”, s’exclamait notamment Lidia Martinez, femme au foyer de 29 ans. De fait, Leonardo Padilla, vendeur de la boutique Montblanc, reconnaissait éprouver des difficultés à vendre des montres oscillant entre 1.775 et 4.500 dollars dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas les 30 dollars, malgré l’essor d’un petit secteur privé plus lucratif.
Avec bfmbusiness