Plusieurs personnalités politiques vont jouer gros lors des élections législatives des 11 et 18 juin prochains. À commencer par les nouveaux ministres qui devront démissionner en cas de défaite. Mais pour les autres figures emblématiques du monde politique, l’enjeu est également de taille.
C’est une bataille politique qui s’annonce passionnante. À trois semaines du premier tour des élections législatives, les candidats investis ont presque tous été dévoilés. Parmi eux, des ministres fraîchement nommés, des poids-lourds de partis ou encore des membres sortants du gouvernement Cazeneuve. Autant de têtes d’affiche qui auront beaucoup à perdre en cas de défaite. Tour d’horizon.
> Les ministres:
Parmi les 22 nouveaux ministres et secrétaires d’État nommés mercredi par Édouard Philippe, six se sont lancés dans la bataille des législatives du 11 et 18 juin prochains. L’enjeu sera de taille pour ces candidats qui devront démissionner de leur poste en cas de défaite. Sont ainsi concernés:
Richard Ferrand: Le ministre de la Cohésion des territoires se présentera sous l’étiquette de la République en Marche dans la sixième circonscription du Finistère. En tant que député sortant largement vainqueur en 2012 (58,36% des voix), il est présenté comme le ministre ayant le plus de chance de conserver son siège à l’Assemblée. D’autant que la Bretagne est une des terres acquises par Emmanuel Macron lors de la présidentielle. Ancien socialiste, Richard Ferrand n’aura aucun candidat PS face à lui. Il sera toutefois opposé à Christian Troadec, le leader des bonnets rouges.
Bruno Le Maire: Exclu des Républicains pour avoir rejoint le gouvernement Philippe en tant que ministre de l’Économie, l’ancien candidat à la primaire de la droite et du centre remet son mandat en jeu dans l’Eure où il est élu depuis 2007. La tâche s’annonce néanmoins plus compliquée dans cette circonscription où le Front national est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle et où un candidat LR sera face à lui.
Annick Girardin: Député depuis dix ans dans la circonscription de Saint-Pierre et Miquelon, la ministre des Outre-mer brigue un nouveau mandat dans cette terre où Jean-Luc Mélenchon (35,5% des voix) s’est imposé au premier tour de l’élection présidentielle devant Marine Le Pen (18,2%) et Emmanuel Macron (18%).
Christophe Castaner: Le nouveau porte-parole du gouvernement et secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement se présente une nouvelle fois dans sa deuxième circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Si aucun candidat PS ne sera investi face à lui, le pari reste risqué dans cette région où Jean-Luc Mélenchon (22,93%) et Marine Le Pen (22,81%) ont réalisé de très bons scores lors du premier tour de l’élection présidentielle, laissant Emmanuel Macron sur la dernière marche du podium.
Outre ces ministres qui remettent leur mandat en jeu, deux autres membres du gouvernement vont tenter d’obtenir un siège à l’Assemblée pour la première fois. Il s’agit de la candidate MoDem Marielle de Sarnez (ministre en charge des Affaires européennes), engagée dans la onzième circonscription de Paris. Elle verra face à elle le frondeur socialiste Pascal Cherki. Mounir Mahjoubi (secrétaire d’État au numérique) espère lui aussi intégrer les bancs de l’hémicycle en se présentant dans la seizième circonscription de la capitale. Face à lui, Jean-Christophe Cambadélis qui avait remporté cette même circonscription avec 70% des voix en 2012.
> Les têtes d’affiche:
Leaders de parti politique ou figures emblématiques, la campagne des candidats “poids-lourds” sera, elle aussi, particulièrement scrutée.
- La France insoumise
Premier d’entre eux, Jean-Luc Mélenchon qui se présente dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône. Le leader de la France insoumise qui est sorti en tête du premier tour de l’élection présidentielle sur cette terre sera opposé au ténor socialiste Patrick Mennucci.
Également investi par la France insoumise, le journaliste et réalisateur François Ruffin sera quant à lui candidat dans la première circonscription de la Somme. Face à lui, la ministre sortante des Droits des femmes Pascale Boistard ou encore le comédien Franck de Lapersonne, investi par le Front national.
- Les Républicains
Chez les Républicains, la candidature de Nathalie Kocsiusko-Morizet dans la deuxième circonscription de la capitale sera observée attentivement. L’ancienne ministre de l’Écologie, qui fait partie des personnalités politiques de droite ayant signé un appel pour répondre à la “main tendue” d’Emmanuel Macron, aura face à elle le maire LR du VIe arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, sans étiquette… officielle.
Autre candidat de poids à droite: Christian Jacob, investi dans la quatrième circonscription de Seine-et Marne où il est élu député depuis 1995. Récemment, le président des députés LR s’en était pris avec virulence aux investitures d’En Marche! qui sont, selon lui, le fruit de “petites combines” et de “grosses magouilles”.
- Le Front national
Du côté du Front national, trois candidatures devraient être particulièrement commentées. Celle de Marine Le Pen d’abord. La présidente du parti, défaite au second tour de l’élection présidentielle, se présente dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais. Une terre qui lui est largement favorable malgré deux échecs lors des élections législatives en 2007 et 2012.
Le numéro 2 du FN, Florian Philippot sera de son côté candidat à Forbach. Enfin, le député sortant Gilbert Collard défiera la torera Marie Sara investie par la République en marche dans la deuxième circonscription du Gard. Marion Maréchal-Le Pen ayant mis sa carrière politique entre parenthèses, il s’agit du seul député sortant Front National à briguer un nouveau mandat.
- Le Parti socialiste
Plombé par les 6,3% de voix recueillies lors de l’élection présidentielle, Benoît Hamon veut se relancer. Le défenseur du revenu universel se porte ainsi candidat dans sa onzième circonscription des Yvelines où Macron l’avait emporté lors du premier tour de la présidentielle devant Jean-Luc Mélenchon. Le candidat socialiste y avait quant à lui obtenu 12,8% des voix.
Autre figure socialiste candidate aux législatives, la frondeuse Aurélie Filippetti, investie dans la première circonscription de Moselle, largement acquise au Front national arrivé localement en tête du premier tour lors de l’élection présidentielle avec 28,35% des voix. Un résultat nettement supérieur aux 5,9% du candidat socialiste Benoît Hamon…
- Europe Écologie Les Verts
Après avoir perdu lors de la primaire d’EELV, Cécile Duflot remet son mandat en jeu en se présentant dans la sixième circonscription de Paris. Elle fera notamment face à Danielle Simonnet, porte-parole de la France insoumise, ainsi qu’à Nawel Oumer, candidate socialiste dissidente soutenue par Anne Hidalgo.
- Debout la France
Annoncé à Matignon en cas de victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan sera finalement candidat à sa propre succession dans la huitième circonscription de l’Essonne. Le leader de Debout la France aura bien face à lui un candidat Front national. Et pour cause, l’accord passé entre les deux formations politiques a volé en éclats peu après la défaite de Marine Le Pen le 7 mai dernier.
- Sans étiquette
Visé par une procédure d’exclusion du PS et non investi par La République en marche d’Emmanuel Macron, Manuel Valls a concentré une large partie des commentaires politiques ces derniers jours. L’ancien Premier ministre est finalement contraint de se représenter dans la première circonscription de l’Essonne sans étiquette. Toutefois, aucun candidat socialiste ou d’En Marche ne seront investi face à lui.
> Les ministres sortants:
Outre la candidature de Pascale Boistard face à François Ruffin (voir ci-dessus), six autres ministres du gouvernement Cazeneuve se sont portés candidats aux élections législatives. C’est le cas de Juliette Méadel, ancienne secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes, dans la dixième circonscription de Seine-et-Marne. Même chose pour l’ex-ministre de l’Intérieur Matthias Fekl dans la deuxième circonscription du Lot-et-Garonne, pour Axelle Lemaire (ex-secrétaire d’État chargée du numérique) dans la troisième circonscription des Français établis hors de France, pour Najat Vallaud-Belkacem dans la sixième circonscription du Rhône et pour l’ex-ministre du Travail Myriam El Khomri (candidate dans la 18e circonscription de Paris).
L’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine (investie dans la troisième circonscription d’Indre-et-Loire) et l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll (candidat dans la quatrième circonscription de la Sarthe) n’auront aucun candidat de la République en marche face à eux.
Avec bfmtv