Les rédactions ont-elles encore «leur mot à dire»? Le récent incident où les journalistes n’ont pas pu assister à la sortie du conseil des ministres a suscité des interrogations quant à la communication présidentielle, ainsi que l’indignation des journalistes qui a débouché sur une lettre ouverte de ces derniers afin de rappeler leurs droits.
Des changements dans le dialogue gouvernement-médias ont été ressentis ce jeudi lors du premier conseil des ministres, en comparaison avec l’époque Hollande. Désormais, l’Élysée détermine les personnes qui pourront accompagner Emmanuel Macron en déplacement. Ensuite, modification encore plus inquiétante, la nouvelle équipe de l’Élysée peut brusquement faire partir les journalistes venus couvrir tel ou tel événement, ce qu’elle a d’ailleurs fait aujourd’hui.
Étonnés, les journalistes et les photographes ont été évacués de la cour d’honneur du Château où se tenait le conseil des ministres peu avant sa fin, sans pouvoir interpeller, selon l’habitude, les membres du gouvernement nouvellement formé à l’issue de la réunion.
Un incident qui a provoqué l’ire des rédactions vedettes de l’Hexagone : furieuses, une vingtaine d’associations de journalistes de médias français, dont Le Monde et Libération, ont signé une lettre ouverte qui fustige : « Monsieur le Président, il n’appartient pas à l’Élysée de choisir les journalistes ». A la veille du déplacement d’Emmanuel Macron au Mali, le document vise à transmettre les inquiétudes des journalistes « quant à l’organisation de la communication présidentielle » en termes catégoriques :
« Il n’appartient en AUCUN CAS à l’Élysée de choisir ceux d’entre nous qui ont le droit ou non de couvrir un déplacement », est-il dit dans le document. « Ce n’est pas au Président de la République, ou à ses services, de décider du fonctionnement interne des rédactions, du choix de leurs traitements et de leurs regards. Ce choix relève des directions des rédactions et des journalistes qui les composent », est-il conclu.
Sur les réseaux sociaux, un vent d’indignation s’est immédiatement levé, les journalistes exhortant la nouvelle équipe dirigeante à respecter l’indépendance des médias, mécontents de toute explication.
Certains rappellent toutefois le rôle des médias dans l’intronisation du candidat Emmanuel Macron.
Avec sputnik