Le projet de loi pour la moralisation de la vie politique constitue la première grande mesure emblématique du mandat d’Emmanuel Macron. Pourtant, chargé de porter le texte, Edouard Philippe n’a pas toujours été un partisan de la transparence.
C’est la première loi annoncée de ce quinquennat, François Bayrou en avait fait une condition de son ralliement à la candidature d’Emmanuel Macron fin février. Et le texte devrait être présenté devant le Conseil des ministres avant les législatives. Et c’est le Premier ministre Edouard Philippe, tout juste nommé à Matignon, qui devra le porter, tout en supervisant les grandes manœuvres politiques des élections à venir.
Cependant, les prises de positions passées du maire du Havre sur les questions de la transparence dans la vie politique reviennent à la surface. En 2013, en plein scandale de l’affaire Cahuzac, la majorité de François Hollande adopte déjà une loi imposant aux parlementaires une déclaration patrimoniale. La loi visait en outre à éviter les conflits d’intérêts potentiels, comme par exemple des liens avec des laboratoires pharmaceutiques.
Député-maire du Havre, Edouard Philippe avait alors voté contre le projet de loi, en même temps que 175 autres députés de l’alors Union pour un mouvement populaire. Discipline de vote ? Peut-être. Mais outre que six députés de l’UMP, dont un certain Laurent Wauquiez, ont tout de même voté en faveur de la loi de 2013, Edouard Philippe semble par la suite plutôt réfractaire aux dispositions contraignantes du texte de loi. En 2014, invité à remplir le formulaire et estimer la valeur de son appartement parisien, il se contente d’écrire : «Aucune idée». Même légèreté pour l’estimation d’une propriété en Indre-et-Loire ainsi que de la valeur de ses parts dans une résidence en Seine-Maritime.
Pour ses réponses pour le moins évasives – voire désinvoltes – Edouard Philippe reçoit alors un blâme de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. En juin 2013, malgré une opinion publique choquée par les mensonges de Jérôme Cahuzac quant à l’existence d’un compte en Suisse, le maire du Havre avait également voté contre une loi relative à la lutte contre la fraude fiscale. Mais, en politique, il est toujours temps de changer d’avis.
Avec rtfrance