Avec cette décision, la Banque centrale de l’Algérie, espère freiner les importations mais risque d’accroître l’inflation dans le pays d’Afrique du Nord, durement affecté par le recul du prix du pétrole.
La Banque centrale de l’Algérie aurait laissé le dinar algérien tomber à 105,84 unités pour un dollar – un plus bas historique – et 117,48 unités pour un euro, a rapporté Reuters le 17 août, citant une source au sein de l’institution publique.
En 2014, le dollar américain valait en moyenne 80,6 dinars algériens selon les chiffres du ministère des Finances. Fin mai 2015, ce dernier annonçait un taux officiel de 99,57 dinars pour un dollar et 108,99 dinar pour un euro.
Avec cette décision, la Banque centrale de l’Algérie, qui maintient le dinar dans un régime de flottement vis-à-vis d’un panier comprenant les principales devises mondiales, espère freiner les importations dans le pays d’Afrique du Nord, durement affecté par le recul du prix du pétrole, avance Reuters.
Risque d’inflation
Si un dinar encore plus faible peut décourager certaines importations et encourager la consommation de produits locaux, cette politique risque d’alimenter l’inflation dans le pays. Fin mai, le taux d’inflation annuel de l’Algérie atteignait 5,48 % contre 1,92 % sur l’année 2014, porté par une forte progression des prix des denrées alimentaires et des boissons non-alcoolisées (+7,04 % contre 2,34 %) et ceux de certains produits manufacturés (+5,85 % contre -0,39 %).
Le gouvernement algérien a récemment accru ses efforts pour privilégier la consommation locale – notamment avec le rétablissement du crédit à la consommation pour des biens produits ou assemblés dans le pays – et encourager la production nationale avec un certain nombre d’incitations fiscales.
Balance commerciale
Au premier semestre 2015, le déficit commercial de l’Algérie a atteint 7,78 milliards de dollars, contre un excédent de 3,2 milliards de dollars fin juin 2014. Durant cette période, les exportations de l’Algérie ont atteint 19,28 milliards de dollars (- 42 % sur un an), tandis que les importations se sont chiffrées à 27,07 milliards de dollars (- 9,98 %).
Cette année, l’Algérie table sur un net recul des exportations d’hydrocarbures (plus de 95 % des recettes extérieures) : 34 milliards de dollars contre 68 milliards de dollars en 2014. Les importations pourraient atteindre 57,3 milliards de dollars cette année selon Reuters, contre 58,58 milliards en 2014.
Réserves
Fruit des excédents accumulés durant les années de forte croissance du prix du pétrole, l’Algérie dispose de ressources encore assez élevées dans lesquelles puiser pour amortir le choc pétrolier – bien que ces dernières soient en net recul depuis près d’un an.
Les réserves de change de l’Algérie atteignaient 159,91 milliards de dollars à la fin du premier trimestre 2015, contre 194,96 milliards de dollars à la fin mars 2014, soit une baisse de près de 18 % sur un an. Dans un rapport publié en juin dernier, la Banque centrale algérienne jugeait qu’en dépit de cette « forte contraction », le niveau des réserves officielles de change « reste adéquat pour faire face au choc externe en situation de très faible dette extérieure (3,38 milliards de dollars à fin mars 2015) ».
À la fin du premier trimestre 2015, les ressources du Fonds de régulation des recettes, le fonds souverain chargé de gérer les excédents budgétaires issus de l’exploitation pétrolière, atteignaient 3 916 milliards de dinars (36,9 milliard d’euros), contre 4 488 milliards de dinars à fin décembre 2014 et 5 088 milliards de dinars à fin mars 2014 [PDF].
Avec Jeune Afrique