Qui succédera à Ouattara
Suite à l’annonce d’Alassane Ouattara affichant son intention de ne pas rempiler en 2021, les pronostics se multiplient sur l’identité de son successeur. C’est la première fois de l’histoire politique ivoirienne qu’un chef d’Etat se retire sans désigner au préalable son dauphin. Une situation qui voit émerger plusieurs prétendant dans les rangs du RDR. Les anciens du régime Gbagbo pourraient également essayer de placer leurs pions pour reprendre le pouvoir. Tour d’horizon des principaux prétendants à la succession de Ouattara.
Amadou Gon Coulibaly : le candidat masqué
Ingénieur de formation, l’actuel secrétaire général de la présidence a fait partie du cabinet du Premier ministre de 1990 à 1993, en tant que conseiller technique. Il occupe ensuite la fonction de ministre de l’Agriculture, dans le gouvernement de réconciliation national de 2003. Il fut ministre d’Etat sans interruption depuis cette période, jusqu’en 2010. Gon Coulibaly est également maire de la localité de Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire) depuis un peu plus de 15 ans sous la bannière du Rassemblement des républicains (RDR). Ce descendant de la famille qui a fondé son chef-lieu de Korhogo a servis sur un plateau, les voies de la 4e ville du pays, à Ouattara en 2009. Le poids de Gon Coulibaly au Nord de la Côte d’Ivoire le rend incontournable dans les tractations en haut lieu.
Daniel Kablan Duncan : l’outsider
Originaire du centre du pays, Kablan Duncan a fait ses débuts comme haut fonctionnaire dès les années 1970 au ministère des Finances jusqu’en 1973, année où il intégrera le FMI. Un an plus tard, il rejoint la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest jusqu’en 1990. Il exerce par la suite la fonction de ministre des Finances de juillet à novembre 1990 sous les ordres de Félix Houphouët-Boigny. Kablan Duncan aura également la confiance d’Henri Konan Bédié, qui le nomme Premier ministre de 1993, jusqu’au coup d’Etat du général Robert Guéï en 1999. Après une traversée du désert, il fait son retour avec l’avènement de Ouattara en tant que ministre des Affaires étrangères de 2011 à 2012. Il sera à nouveau nommé Premier ministre par Ouattara en 2012, poste qu’il continue à occuper jusqu’à cette fin d’année 2016.
Guillaume Kigbafori Soro : l’omniprésent
Ce catholique, originaire du Nord de la Côte d’Ivoire a débuté sa carrière politique dès l’université. Alors qu’il préparait une licence d’anglais à l’université d’Abidjan, Soro intégrera puis dirigera la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) de 1995 à 1998. Après un passage par l’Europe, Guillaume Soro revient en Côte d’Ivoire en 1999, pour créer le Forum international des étudiants francophones (FIEF) et s’allie au Rassemblement des républicains d’Alassane Ouattara. Après le coup d’Etat de Robert Géuï, il maintiendra son rapprochement avec Ouattara, tout en devenant secrétaire général du mouvement rebelle des Forces nouvelles en Côte d’Ivoire. Soro participe tour à tour aux gouvernements de réconciliation nationale de 2003 à 2007. L’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne a échappé à 6 tentatives d’assassinats entre 2003 et 2007. Soro accédera au poste de Premier ministre en 2011 en cumulant le portefeuille de la Défense. Ce dernier a par ailleurs été accusé par le Burkina Faso d’avoir soutenu, le coup d’Etat de septembre 2015 fomenté par des proches de Blaise Compaoré. Il a également été pointé du doigt par un rapport de l’ONU selon lequel Soro aurait constitué illégalement un arsenal militaire.
Pascal Affi N’Guessan : le revanchard
Originaire de l’Est du pays, Affi N’Guessan est un fidèle parmi les fidèles du président déchu, Laurent Gbagbo. Il rejoint le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo en 1986 et devient membre de la direction nationale du parti en 1990. Après un passage par la mairie de Bougouanou de 1990 à 1995, il sera nommé ministre de l’Industrie et du tourisme de janvier à octobre 2000 lors de la transition militaire. Affi N’Guessan sera catapulté Premier ministre de 2000 à 2003, tout en décrochant la présidence du FPI en 2001. Poste qu’il conserve jusqu’à aujourd’hui. Suite à la crise de 2011, il est assigné à résidence sous protection de l’ONUCI en avril de la même année. Les forces de Ouattara récupèrent sa garde et le transfert dans la région de Bouna contrôlé par le chef de guerre Morou Ouattara où il est retenu en compagnie de plusieurs dignitaires du régime Gbagbo dont le fils de celui-ci, Michel Gbagbo. Suite à des critiques sur les conditions de sa détention, il bénéficie en août 2013, d’une remise en liberté provisoire avec 13 autres détenus pro-Gbagbo.
Hamed Bakayoko : l’homme de l’ombre
Ce natif d’Abidjan, a fait ses premières armes dans le journalisme, en devenant à 25 ans directeur de publication du quotidien Le Patriote. Bakayoko sera nommé par la suite à la tête de Radio Nostalgie avant de devenir PDG de Nostalgie Afrique en 2.000. Membre du Rassemblement des Républicains, Bakayoko a piloté le ministère des Nouvelles technologies de l’information et de la Communication en 2003 avant d’être nommé ministre de l’Intérieur de Côte d’Ivoire depuis 2010. Un poste où il sera reconduit en 2012. Bakayoko a chapeauté depuis toutes les missions « délicates », notamment la protection du président déchu Laurent Gbagbo après son arrestation, les négociations avec le camp Gbagbo au Ghana ou encore la baisse de l’insécurité et la gestion de l’après Bassam.
Thierry Tanoh : le jeune loup
Né en France, cet expert-comptable de formation a intégré en 1994 la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale après son passage par Harvard. Durant son passage à la SFI, il est détaché au Brésil en 2001, avant d’être promu directeur régional adjoint pour la zone Afrique à Johannesburg en 2003. Tanoh est promu directeur régional pour l’Afrique subsaharienne en 2006, avant d’être nommé Vice-président pour l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine, Caraïbes et Europe de l’Ouest de l’SFI. Un établissement que Tanoh quitte en 2012, pour prendre la tête du groupe Ecobank basé à Lomé (Togo). Une banque d’où il sera évincé en 2014, suite à un long feuilleton judiciaire. Il sera par la suite repêché par le président ivoirien qui le nomme secrétaire adjoint de la présidence en septembre 2014, après que Tanoh ait apporté son soutien à Ouattara lors de la crise de 2009.
Avec latribune