Quatre mois après avoir soumis sa demande d’adhésion à l’Opep, la Guinée équatoriale annonce quel aura le soutien de l’Arabie Saoudite à sa candidature. Communication stratégique de la part de Malabo ?
C’est avec fierté que le gouvernement équato-guinéen a annoncé jeudi, dans un communiqué, le «soutien crucial» de l’Arabie Saoudite à sa demande d’adhésion à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Par la même occasion, Malabo a confirmé qu’elle s’engagerait à suivre les objectifs de réduction de la production en vigueur au sein du cartel, en prévoyant une diminution de sa production de pétrole de 12 000 barils par jour.
Pour rappel, la Guinée équatoriale est le troisième producteur de pétrole au monde, malgré une chute importante de sa production ces dernières années. Alors que celle-ci était de 360 000 barils par jour en 2004, elle est passée à 270 000 barils en 2014, selon les données du Département américain de l’Énergie, puis à environ 165 000 barils par jour en 2015, selon les chiffres de la Banque africaine de développement (BAD). Tout cela est principalement la conséquence du choc pétrolier de ces dernières années qui a d’ailleurs plongé le pays dans une récession sans précédent depuis 2014. Mais en dépit de ces contraintes conjoncturelles, la non intégration de la Guinée équatoriale à l’OPEP, en 55 ans d’existence de l’institution, pouvait souvent susciter moult interrogations.
En janvier dernier, Malabo a soumis sa demande d’adhésion, se disant «convaincu que les intérêts de la Guinée équatoriale sont en totale adéquation avec ceux de l’OPEP, visant à servir les meilleurs intérêts du secteur, de l’Afrique et de l’économie mondiale». Depuis, le cartel n’y a pas officiellement réagi, visiblement préoccupé par l’atteinte de ses objectifs au moment où le degré de hausse attendue du cours du baril n’est pas forcément au rendez-vous.
«Toute-puissante» Arabie Saoudite ?
L’annonce du soutien de l’Arabie Saoudite à sa requête peut être considérée comme une façon pour le gouvernement équato-guinéen de signifier qu’il est sur la bonne voie. D’autant plus que le poids de «l’ami» saoudien au sein du cartel est bien connu. Deuxième producteur mondial (derrière la Russie non membre) couvrant 35% de la production de l’OPEP et 12% de la production mondiale, Riyad est le leader historique du cartel dont l’avis compte, en règle générale, au plus haut point dans les décisions prises. Et cela, Malabo le sait très bien. D’ailleurs l’ancien ministre saoudien du Pétrole (1995-2016), Ali al-Nouaïmi, était connu pour être «l’homme le plus influent» au sein du cartel. Son successeur, Khalid A. Al-Falih -en poste depuis un an et qui a fait ses preuves à la tête de la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures, Saoudi Aramco, où il a travaillé pendant plus de 35 ans- n’y est pas moins puissant, même si la présidence revient actuellement au Qatar et le secrétariat général au Nigéria.
En cas de non réticence des autres membres, reste à savoir si le cartel, qui cherche à retrouver son influence d’antan sur les marchés internationaux, tiendra ou non compte de la situation économique de la Guinée équatoriale : en 2016, le pays a affiché -5,7% de croissance et selon les différentes prévisions d’institutions internationales, il ne ferait pas mieux en 2017 où il a vécu entre mars et avril d’importantes pénuries de carburant.
Si la Guinée équatoriale reçoit un avis favorable du cartel, elle en deviendra le 14e membre et le sixième pays africains à y siéger après le Nigéria, l’Angola, l’Algérie, la Libye et le Gabon.
Avec latribune