Un nouveau gouvernement dirigé pour la première fois depuis près de 30 ans par un Premier ministre, a été formé au Soudan avec l’objectif ambitieux de régler la crise économique et les multiples conflits avec les rebelles.
La formation de ce gouvernement a été annoncée jeudi tard le soir par Bakri Hassan Saleh, nommé le 1er mars Premier ministre par le président Omar el-Béchir qui garde néanmoins le pouvoir de nommer et limoger les ministres.
La fonction de Premier ministre avait été supprimée en 1989 après le coup d’Etat ayant porté au pouvoir M. Béchir. En décembre 2016, les députés avaient voté en faveur du rétablissement du poste.
L’opposition dont le principal mouvement dirigé par Sadek al-Mahdi, ne participe pas au nouveau gouvernement qui compte 31 ministres dont quatre femmes.
Les ministres des Affaires étrangères Ibrahim Ghandour et de la Défense Awad Ahmed Benawf dans le précédent gouvernement gardent leurs postes dans le nouveau cabinet.
Les portefeuilles de l’Intérieur, des Finances et du Pétrole ont été attribués à des nouveaux venus: Hamed Mannan al-Mirghani, Mohamed Othmane al-Rikabi et Abdel Rahmane Othmane.
M. Saleh, qui conserve son poste de premier vice-président, a cité parmi les “priorités” de son gouvernement la fin des conflits avec les rebelles dans les régions du Darfour (ouest), du Kordofan-Sud (sud) et du Nil-Bleu (sud-est). Ces deux dernières régions proches sont situées à la frontière avec le Soudan du Sud qui a fait sécession en 2011.
M. Béchir avait qualifié d'”étape majeure” la nomination de M. Saleh, l’un de ses proches conseillers, comme Premier ministre. Mais plusieurs observateurs y avaient vu une poursuite de la politique de M. Béchir plutôt qu’un “nouveau chapitre” dans la vie politique soudanaise.
L’économie soudanaise souffre, en raison notamment de la perte des trois quarts de ses ressources pétrolières depuis la sécession du Sud et de l’embargo imposé par les Etats-Unis depuis 1997 mais qui doit être levé prochainement après une décision de la précédente administration de Barack Obama.
Ces dernières années, plusieurs manifestations ont secoué ce pays pauvre pour protester contre la politique du gouvernement qui avait réduit les subventions et augmenté le prix de certains produits de base.
Au pouvoir depuis 1989, Omar el-Béchir a lancé entre octobre 2015 et octobre 2016 un dialogue national pour résoudre les problèmes économiques et les insurrections. Mais ce dialogue a été boycotté par la plupart des groupes armés et des partis d’opposition.
M. Béchir, dont le pays est sur la liste américaine des “Etats soutenant le terrorisme”, est recherché depuis 2009 par la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre de crimes de guerre et génocide au Darfour.
Cette vaste région est le théâtre d’un conflit sanglant depuis 2003, quand des insurgés issus de minorités ethniques ont pris les armes contre le pouvoir majoritairement arabe de Khartoum.
Avec AFP