La présidence Hollande aura été rythmée par de nombreux mouvements de protestation, tant sur des problématiques sociales que sociétales. De la Manif pour tous à la contestation de la loi El Khomri, RT France revient sur cinq ans de mobilisations.
Après avoir incarné l’espoir de la gauche en 2012, le «changement» promis par François Hollande durant sa campagne présidentielle n’a pas été celui que ses électeurs attendaient. Président le plus impopulaire de la Ve République, «Monsieur 4%» s’est mis à dos non seulement ses opposants naturels, avec des réformes sociétales progressistes telles que le «mariage pour tous», mais aussi de vastes pans de son électorat, en touchant au droit du travail. Un bilan sans appel qui aura contraint François Hollande à ne pas pouvoir briguer de second mandat.
Mobilisation contre le mariage homosexuel
Promesse de campagne du candidat François Hollande, le mariage entre personnes de même sexe a cristallisé l’un des mouvements de contestation les plus longs et importants du quinquennat. Une trentaine d’associations, pour la plupart proches des milieux catholiques et de la droite conservatrice, se sont rassemblées sous la bannière de La Manif pour tous (LMPT), afin de lutter contre le projet de loi gouvernemental.
L’ouverture du droit à l’adoption pour les couples homosexuels a concentré les critiques des manifestants, qui estimaient la présence d’un père et d’une mère essentielle dans l’éducation des enfants. La perspective de la légalisation de la procréation médicalement assistée (PMA), ainsi que celle de la gestation pour autrui (GPA), a également motivé l’opposition au projet de loi, menée au nom du combat contre la marchandisation du corps humain.
Avec comme porte-parole Frigide Barjot, les opposants au mariage homosexuel tiennent leur première manifestation le 17 novembre 2012, réunissant entre 70 000 et 200 000 personnes. Les rassemblements se succèdent, et sont accompagnés d’autres initiatives, telles qu’une pétition signée par plus de 700 000 personnes déposée auprès du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Avançant un vice de forme, le texte sera rejeté par le CESE en février 2013.
Le point d’orgue du mouvement est atteint le 24 mars 2013, lors d’une grande manifestation qui aurait rassemblé, selon les organisateurs, 1,4 million de participants. La mobilisation n’empêchera pas le vote du texte par l’Assemblée nationale, puis par le Sénat.
Les Bonnets rouges contre l’écotaxe
Mais les Bretons, déjà soumis à la concurrence des élevages et abattoirs des autres pays de l’Union européenne (UE), où la production se fait parfois à moindre coût, ne l’entendent pas de cette oreille. Les frais supplémentaires engendrés par cette taxe, impossibles à éviter pour certaines exploitations situées loin des axes fluviaux et ferroviaires, attisent la grogne de citoyens se réunissant sous la bannière du Collectif «Vivre, décider, travailler en Bretagne».
Reprenant le symbole d’une révolte anti-fiscale bretonne de 1675, les manifestants se coiffent de bonnets rouges (fabriqués localement par Armor Lux) pour mener leurs actions de contestation. Elles visent notamment les portiques que les participants s’efforcent de mettre hors service.
Le 2 novembre 2013, à Quimper, se tient la première mobilisation d’envergure du mouvement. De 15 000 à 30 000 personnes sont rassemblées dans la ville pour une manifestation, qui dégénère rapidement en affrontements avec les forces de l’ordre. Les émeutiers sont dispersés à coups de canon à eau, de charges de CRS et de grenades lacrymogènes.
Enchaînant protestations de masse et actions coup de poing jusqu’en 2014, les Bonnets rouges réussissent finalement à faire plier le gouvernement qui annonce en octobre, via sa ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, la suspension de la mesure.
En février 2017, la Cour des comptes publie un rapport qui épingle le coût de cette décision. Car l’ardoise est lourde : 957,58 millions d’euros d’indemnités sont à verser à la société Ecomouv’ et ses partenaires qui devaient gérer l’exploitation des portiques, à la suite de l’abandon de l’écotaxe. De plus, 70 millions d’euros ont été dépensés par l’Etat pour mettre en œuvre cette mesure, avant de faire marche arrière.
La bataille de Notre-Dame-des-Landes
Le projet de transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, dont l’ouverture était initialement prévue en 2017, remonte aux années 1960. Après trois décennies de procédures administratives, le gouvernement de Lionel Jospin a entériné cette décision,m suscitant aussitôt l’hostilité d’une partie de la population.
La construction de l’infrastructure, d’une surface de 1 650 hectares, entraînerait la destruction de deux zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), ainsi que de terres agricoles. Des paysans locaux, appuyés par des militants écologistes, anti-capitalistes ou encore anarchistes, se mobilisent pour empêcher le début des travaux. En 2009, l’occupation de la Zone à défendre (ZAD) démarre, doublée d’un combat sur le terrain juridique afin de ralentir le mise en route du projet.
En octobre 2012, le gouvernement de François Hollande mobilise d’importantes forces de maintien de l’ordre afin d’expulser les opposants installés dans la zone, et notamment retranchés dans des fermes. Plus d’un millier de policiers et de gendarmes sont engagés dans cette opération s’étalant sur plusieurs semaines, sans pouvoir venir à bout de la présence des militants. Après les heurts survenus à Nantes entre manifestants et forces de l’ordre, le gouvernement suspend l’évacuation.
Le 22 février 2014, le fossé est toujours béant entre pro et anti-aéroports. Une nouvelle grande manifestation, rassemblant de 20 000 à 40 000 personnes, se tient dans le centre-ville de Nantes. Rapidement, la situation dégénère : du mobilier urbain est détruit, des kiosques sont incendiés par les manifestants et de violents affrontements avec les forces de l’ordre éclatent. Les activistes n’hésitent pas à dépaver les rues de la ville pour se servir en projectiles, auxquels les policiers répliquent en tirant des gaz lacrymogènes, de grenades de désencerclement ou en utilisant des canons à eau. Les affrontements, qui ne se terminent qu’en fin d’après-midi, laisseront de profonds stigmates dans le centre-ville.
Faisant face à une situation bloquée, le gouvernement organise en juin 2016 un référendum local sur le sujet, qui était censé trancher le conflit. Si 55,17 % des habitants de la région se sont déclarés favorables au projet, les opposants restent sur leur positions et les zadistes occupent toujours la zone. Incapable de mettre fin à la polémique au cours de son mandat, François Hollande refilera la patate chaude de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à son successeur – qui a d’ailleurs tenu un discours ambigu sur ce dossier.
La grogne des taxis contre Uber
Lorsque la société californienne Uber débarque en France en 2011, son faible développement ne lui permet pas de concurrencer l’activité des chauffeurs de taxi. Mais en 2014, plusieurs milliers de chauffeurs de voitures de transport avec chauffeur (VTC) sont sur le marché avec une offre de plus en plus alléchante en termes de tarifs. A cela s’ajoute la mise en place par la compagnie d’un nouveau service, Uber Pop, permettant à tout un chacun de devenir chauffeur amateur.
Pour les conducteurs de taxi, dont la profession est réglementée et soumise à la détention d’une licence d’exploitation dont le montant peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros à Paris, s’en est trop. Une mobilisation se met en place, avec des manifestations et des actions coup de poing parfois violentes.
Le gouvernement tente de juguler la grogne des chauffeurs de taxi avec la loi Thévenoud mise en place en janvier 2015, qui impose notamment l’obligation pour les prestataires Uber de suivre une formation afin de se voir délivrer une carte professionelle VTC, et la nécessité d’un délai de réservation afin d’éviter la pratique de la maraude (recherche de clients par les chauffeurs), réservée aux taxis.
Néanmoins, la loi peine à être appliquée et Uber défie la politique gouvernementale en maintenant son application Uber Pop, qui permet à des conducteurs sans qualification spécifique de conduire des VTC. Les chauffeurs de taxis improvisent alors en juin 2015 des «chasses» aux véhicules Uber, entraînant de nouvelles violences.
Le 25 juin, à la Porte Dauphine, une grande manifestation tourne à l’affrontement. Des véhicules Uber sont retournés, d’autres sont incendiés. Le lendemain, François Hollande demande officiellement l’interdiction de l’application Uber Pop et son retrait des plateformes de téléchargement. Les contrôles sont renforcés pour faire appliquer la loi Thévenoud.
Sur le plan judiciaire, Uber a été condamné plusieurs fois, pour son offre Uber Pop, à des amendes pour pratique commerciale trompeuse et complicité d’exercice illégal de la profession de taxi. La plus élevée, en juin 2016, se monte à 800 000 euros, dont la moitié avec sursis. Pour avoir entretenu l’ambiguïté sur le sujet de la maraude, dans ses échanges avec ses chauffeurs, Uber a aussi été condamné à verser 1,2 million d’euros à l’Union nationale des taxis en octobre 2016.
Une manifestation de soutien à Gaza dégénère
Le 8 juillet 2014, Israël lance l’opération «Bordure protectrice» sur la bande de Gaza, dans un contexte de fortes tensions avec le Hamas, à l’origine de plusieurs tirs de roquettes visant l’Etat juif.
Dans le monde, les manifestations de soutien au peuple palestinien fleurissent et la France n’en est pas exempte. Le 13 juillet, une première grande manifestation se tient à Paris et des affrontements ont lieu entre militants pro-palestiniens et pro-Israéliens radicaux de la Ligue de défense juive, à proximité de la rue de la Roquette, près de la place de la Bastille. L’incident, qui s’est déroulé près d’une synagogue, fait scandale dans l’opinion.
Le gouvernement prend alors l’initiative d’interdire une nouvelle manifestation pro-palestinienne le 19 juillet à Paris, invoquant un risque de trouble à l’ordre public. Le président de la République, qui est alors en déplacement au Tchad, prévient : «Ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité.» La mesure d’interdiction est vue comme une provocation de la part des soutiens du peuple palestinien, qui réclament alors plus de fermeté de la part de l’Elysée contre le gouvernement israélien.
Plusieurs organisations, dont le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), maintiennent leur appel à manifester. L’après-midi est émaillé d’incidents : drapeaux israéliens brûlés, affrontements avec la police, destruction de deux véhicules de la RATP, mobilier urbain saccagé… Les centaines de policiers mobilisés par le gouvernement afin de circonscrire le rassemblement n’auront pas atteint leur objectif. 38 personnes sont interpellées pour «jets de projectiles, violences contre les forces de l’ordre et outrage». Du côté des forces de l’ordre, 17 policiers et gendarmes sont blessés.
Tensions autour de la crise migratoire
La crise migratoire n’a pas épargné la France, qui a vu arriver sur son sol plusieurs milliers de migrants, entraînant parfois des tensions avec les forces de l’ordre et les populations locales.
Le 8 juin 2015, les policiers procèdent à l’évacuation de migrants réunis à la halle Pajol, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, sous couvert d’une «opération de contrôle d’identité», et afin, toujours selon les autorités, «de permettre à ceux qui le souhaitent de solliciter l’asile et d’obtenir un logement».
Ces migrants étaient installés près de du site depuis plusieurs jours, une poignée y dormant la nuit et les autres s’y rendant la journée, afin de bénéficier du soutien d’associations leur apportant de la nourriture et des vêtements.
Venus les soutenir lors de l’évacuation, une quarantaine de militants et d’élus arborant des écharpes tricolores ont crié leur solidarité avec les réfugiés. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser le rassemblement, molestant au passage Olivier Besancenot, l’une des figures du NPA. A l’issue de l’opération, 45 des 84 migrants embarqués par la police ont été libérés et 39 ont fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire.
Le 23 janvier 2016, 2 000 manifestants, des migrants et leurs soutiens, défilent dans le calme à Calais avant que les événements ne dégénèrent à proximité du port. Avec l’aide de militants d’extrême-gauche du mouvement No Borders, qui les ont aidé à traverser les grillages sécurisant les zones d’embarquement des ferry, une cinquantaine de migrants montent à bort d’un navire afin d’essayer de rejoindre le Royaume-Uni. Ces migrants sont finalement délogés par la police ; 24 d’entre eux sont interpellés sur le ferry et 11 militants No Border subissent le même sort.
Le reste du cortège défile dans les zones résidentielles de Calais, lorsque des migrants et des militants d’extrême-gauche prennent à partie une famille. Le fils, proche des milieux nationalistes, rentre alors dans sa maison et y saisit un fusil qu’il brandit face aux manifestants. L’image fait le tour des médias et des poursuites judiciaires sont initiées à l’encontre de l’individu.
Deux mois plus tard, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer annonce que cette affaire sera classée sans suites. «Tout d’abord, parce que le jeune homme a été agressé. Ensuite, parce que le fusil qu’il a brandi n’était pas chargé», a précisé Jean-Pierre Valensi.
Opposition à la loi El Khomri
La loi El Khomri, visant à assouplir le droit du travail, a rencontré l’une des oppositions les plus massives du quinquennat. Le projet de loi, dévoilé dans la presse en février 2016, se heurte d’abord à une pétition en ligne, signée par plus d’un million de citoyens opposés à cette réforme soutenue par le MEDEF. Des grèves et des manifestations sont organisées dans le prologement de cette pétition, dans les grandes villes françaises, à partir du 9 mars 2016.
En prise avec les frondeurs socialistes, le gouvernement conduit par Manuel Valls décide d’engager sa responsabilité avec l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution, afin de faire accepter cette loi sans la soumettre au vote des parlementaires. Le 12 mai, les députés refusent de censurer le gouvernementet le texte est donc adopté en première lecture, avant d’être examiné par le Sénat en juin.
Le mouvement de protestation contre le projet de loi, qui s’est alors déjà illustré par de nombreuses violences dues notamment à des militants autonomes, se radicalise. Le 14 juin, une grande journée de mobilisation est prévue dans tout le pays, dans le but de faire pression sur les parlementaires. Entre 125 000 et 1 000 000 de manifestants (soit le plus grand écart de comptage de la Ve République) battent le pavé.
Des tensions émergent très rapidement dans le cortège parisien, avec la présence importante de militants autonomes et de syndicalistes particulièrement remontés contre le projet gouvernemental. Les affrontements entre policiers et manifestants atteignent une intensité rare dans les rues de la capitale, à tel point que des canons à eau doivent être déployés pour disperser les éléments les plus radicaux.
Deux images fortes resteront de cette mobilisation nationale : les vitres brisées de l’hôpital Necker et la charge des dockers de la CGT du Havre sur les CRS, les frappant à coups de casques de chantier avant d’être aspergés de gaz lacrymogènes. En fin de journée, trois véhicules sont brûlés par des manifestants autour de la place de la République.
58 personnes ont été interpellées à la suite de ces heurts. Selon les décomptes officiels, 29 membres des forces de l’ordre et 11 manifestants ont été blessés lors des affrontements.
Malgré une forte mobilisation, la loi sera tout de même adoptée le 8 août 2016, à nouveau à l’aide de l’article 49-3. Cela n’aura pas pour autant mis fin à ce mouvement social, dont les revendications d’abrogation perdurent encore aujourd’hui.
Quand la police descend dans la rue
Le 8 octobre 2016, quatre policiers sont blessés dont deux grièvement à Viry-Châtillon, lors d’une attaque menée par une bande de jeunes, qui incendient leurs véhicules à l’aide de cocktails Molotov. L’incident, unanimement condamné par la classe politique, suscite la colère des policiers, dont certains ne s’estiment pas suffisamment considérés par les pouvoirs publics, leur hiérarchie, ou même leurs syndicats.
Dans la nuit du 17 au 18 octobre, un rassemblement spontané de policiers se déroule à Paris. Des centaines d’agents se sont donnés le mot, par les réseaux sociaux ou par chaînes de SMS, afin de battre le pavé de la capitale et d’exprimer leurs revendications, masqués ou cagoulés pour la plupart.
Locaux, matériel, véhicules… Les policiers estiment ne pas avoir les moyens matériels de mener leur mission à bien. Sont aussi réclamés, une révision du cadre juridique d’emploi des armes, la mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l’ordre ou encore l’alignement de la répression des outrages à personne dépositaire de l’autorité publique sur celle des outrages à magistrats, dont les peines sont deux fois plus lourdes. Tout cela, dans le but de dissuader l’expression de la «haine anti-flics». La justice a aussi été pointée du doigt par les forces de l’ordre, qui l’accusent d’être trop clémente vis-à-vis de certaines personnes interpellées.
Le patron de la police nationale, Jean-Marc Falcone, dit «comprendre» le malaise de ses hommes, mais engage une saisine de l’IGPN pour «l’utilisation de véhicules et de moyens de la police nationale pendant les heures de service» à l’occasion du rassemblement spontané.
Le mouvement de contestation se répète régulièrement et gagne de l’ampleur, malgré cette pression venue de l’institution policière, et les accusations du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui voyait dans ce mouvement spontané «la patte du FN».
Dans une tentative de canalisation du mouvement, les syndicats organiseront leurs propres manifestations, sans toutefois réussir à susciter l’adhésion d’agents devenus méfiants envers ces organisations.
Néanmoins, en février 2017, des mesures répondant à plusieurs revendications seront votées par les parlementaires. Plan matériel de 250 millions d’euros, alignement des règles de légitime défense des policiers sur celles des gendarmes qui disposent d’une plus grande marge de manœuvre, ou encore, doublement des peines prévues pour les outrages aux membres des forces de l’ordre.
Violences en banlieue à la suite de violences policières
Le 19 juillet 2016, un jeune homme de 24 ans, Adama Traoré, meurt dans l’heure qui suit son interpellation par des gendarmes, après s’être interposé lors de l’arrestation de son frère à Beaumont-sur-Oise, en région parisienne.
Lors de son interpellation, Adama Traoré a été maintenu au sol à l’aide de la technique du plaquage ventral réalisé par trois gendarmes.
Cinq nuits consécutives de violences urbaines ont lieu après la mort du jeune homme dans le Val-d’Oise. De nombreuses voitures sont brûlées par les émeutiers et les forces de l’ordre sont la cible de tirs de mortier d’artifice, d’armes à plombs ou encore de chevrotine. Plusieurs centaines de gendarmes et policiers sont déployées dans le département afin de contenir les émeutes.
Malgré deux autopsies, la cause du décès d’Adama Traoré n’a pu être établie avec certitude. Elles ont toutefois mis en évidence un «syndrome asphyxique».
La famille du jeune homme de 24 ans, qui a toujours dénoncé une bavure des gendarmes, a demandé avec succès que l’affaire soit dépaysée, en critiquant la conduite de l’enquête et la communication du procureur de Pontoise. Trois juges d’instruction ont été désignés à Paris pour poursuivre les investigations.
Autre affaire de «violence policière» ayant donné lieu à de violentes manifestations : celle de l’interpellation de Théodore Luhaka à Aulnay-sous-Bois le 2 février 2017.
Après une arrestation brutale par la police en marge d’une opération visant un dealer de drogue dans une cité d’Aulnay-sous-Bois, le jeune homme de 22 ans souffre d’une plaie anale. La presse se saisit de l’incident et l’hypothèse du viol par une matraque télescopique tenue par un policier est mise en avant.
Des incidents éclatent dans les nuits qui suivent, dans le département de Seine-Saint Denis principalement. Afin d’apaiser les esprits, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux annonce la saisine de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui écartera dans les semaines qui suivront la thèse du viol. Le président François Hollande se rend, lui, au chevet de celui que les médias ont surnommé «Théo» et pose avec lui à l’hôpital.
Malgré les signes de bienveillance de l’exécutif à l’égard du jeune homme hospitalisé, les soutiens de Théodore Luhaka se rassemblent le 11 février devant le tribunal de Bobigny afin de «réclamer justice». La manifestation tourne rapidement à l’émeute. Des centaines de vitres sont cassées, des voitures (dont le véhicule d’une radio) brûlées, les policiers pris pour cible, la gare de Bobigny saccagée, un Franprix pillé, un McDonald’s ainsi qu’un garage Speedy attaqués…
Au total, 247 000 euros auront été réglés par le département de Seine-Saint-Denis afin de couvrir les différents travaux de réparation publics faisant suite aux scènes d’émeutes urbaines – sans compter les atteintes aux biens privés.
L’instruction concernant cette «affaire Théo» est toujours en cours.
Avec rtfrance