Les Gabonais résident dans des quartiers difficilement accessibles, non urbanisés et soumis à des conditions d’intempéries difficiles. Le pays doit résorber un déficit en logements estimé à environ 200 000 unités.
Lorsqu’il arrive au pouvoir en 2009, le président de la République fait la promesse d’endiguer ce phénomène, puis de réduire le déficit en logements par la construction chaque année de 5000 logements. Au bout de sept ans, 6730 maisons seulement sont sorties de terre. Le chef de l’Etat est le premier à reconnaître que, contrairement aux projets de routes, ponts et barrages rondement menés, sur le logement, il a échoué.
Pour corriger le tir, Ali Bongo Ondimba fait le pari de loger davantage de concitoyens tout au long du nouveau mandat en changeant de modèle économique. Pour cela, il se propose d’atomiser les risques en nouant avec des opérateurs intéressés des partenariats publics-privés.
Pour de nombreux observateurs, la promesse s’apparente à un rêve éveillé, tant cette forme de financement, si elle peut s’adapter à certains secteurs, rencontre souvent des obstacles dans sa mise en œuvre. Les craintes des sceptiques se fondent notamment sur les difficultés rencontrées dans la mise à disposition des parcelles, les lenteurs administratives, la santé financière d’un Etat en proie à des difficultés budgétaires… Le nouveau ministre de l’Urbanisme, de l’habitat social et du logement, Bruno Ben Moubamba (photo), nommé le 2 octobre 2016, expérimente alors ce modèle qui doit faire date.
Après les annonces de début de magistère, Bruno Ben Moubamba promet d’ériger 10 000 maisons par an et lance un périple en Europe dont les premiers résultats ne tarderont pas. Une entreprise portugaise, le groupe Omatapalo Somust, conclut un partenariat avec le gouvernement pour la construction de 5000 logements par an dans la commune de Ntoum, située à 40 km de Libreville. Les logements seront construits suivant le modèle partenariat public-privé (PPP), en raison du contexte économique morose que traverse le Gabon, marqué par la baisse significative des recettes pétrolières. Ce qui permettra de rattraper une partie du gap en sept ans avec 35 000 logements à la clé si le chronogramme est honoré.
La nouvelle approche, celle du PPP, qui vise à booster le programme de construction des logements qui peine à se matérialiser depuis 2009, va s’étendre à d’autres partenaires. Un groupe sud-africain, Palace Group, va décider lui aussi de s’investir dans ce chantier en construisant 20 000 logements sociaux à Bikele et 10 000 à Angondje.
L’on peut encore citer la société générale d’ingénierie moderne GIM BTP, porteuse du projet de construction de 1000 logements dans la Zone de Ntoum, dénommé Cité du Komo.
Mais le plus grand contrat c’est assurément celui conclu avec le consortium chinois One Holding Group Limited, visant la construction de 200 000 logements sociaux dans plusieurs villes du pays. Ce gigantesque projet qui sera lancé dans quelques semaines, s’étalera sur quatre ans. Il comprend également la construction et le développement d’une nouvelle ville à Panga dans la province de la Nyanga (sud du Gabon), où sera construit le port en eau profonde de Mayumba, mais aussi la construction d’une cité administrative et de deux cités universitaires, à l’université Omar Bongo de Libreville.
Tous ces projets, qui portent sur la construction de près de 300 000 logements en sept ans, ont déjà démarré pour certains, seront lancés très prochainement pour d’autres et seront mis en œuvre pour le reste, sans que le gouvernement ne sorte un centime. Sept ans plus tôt, plusieurs milliards de Fcfa avaient été décaissés par l’Etat pour un résultat mitigé.
Avec (Agence Ecofin)