Si les pays pétroliers souffrent toujours, le FMI estime que le pire est passé pour de nombreuses économies africaines. Mais, dans un contexte mondial très instable, la prudence reste de mise…
Bien que la croissance africaine ne soit pas près de renouer avec les 5 % des années 2000, le FMI a estimé, le 18 avril, que le coup de mou dû à la chute des cours des matières premières et à la conjoncture – languissante en Europe et hésitante en Chine – était passé. La croissance de l’Afrique subsaharienne, qui a réalisé un médiocre 1,4 % en 2016, devrait accélérer pour atteindre 2,6 % en 2017 et peut-être 3,5 % en 2018.
L’an dernier, huit pays étaient en récession au sud du Sahara : le Burundi, le Tchad, le Congo, le Liberia, le Nigeria, le Swaziland, la Guinée équatoriale et le Soudan du Sud. Cette année, seuls ces deux derniers resteraient « dans le rouge ». Si le Cameroun, le Gabon ou le Kenya continueraient de décélérer, l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud repartiraient, enregistrant une croissance autour de 1 %.
Les « champions » africains
Dans le classement des « champions » africains, avec plus de 6 % en 2017, figureraient l’indétrônable Éthiopie (7,5 %), Djibouti (7 %), la Côte d’Ivoire (6,9 %), le Sénégal et la Tanzanie (6,8 %), le Burkina Faso et le Rwanda (6,1 %).
En revanche, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les pays pétroliers n’ont pas fini de souffrir. Citons pour mémoire la Libye, que le FMI verrait progresser d’un spectaculaire 53,7 % si ses terminaux et ses puits pétroliers fonctionnaient, si les milices n’aggravaient pas son chaos politique, etc.
En 2017, on devrait encore observer un ralentissement des économies des géants des hydrocarbures que sont l’Arabie saoudite (0,4 % en 2017), le Koweït (– 0,2 %), les Émirats arabes unis (1,5 %) et l’Irak (– 3,1 %). Si certains pays pourraient retrouver de la vigueur, comme la Tunisie (1 % en 2016 et 2,5 % en 2017), la Mauritanie (1,5 % et 3,8 %) et surtout le Maroc (1,5 % et 4,4 %), l’Algérie risque de poursuivre sa glissade dangereuse (4,2 % et 1,4 %). Quant à l’Égypte, elle hésiterait entre un mieux et un moins bien (4,3 % et 3,5 %).
Des chiffres à prendre avec des pincettes
Ces prévisions sont cependant à prendre avec prudence, tant sont nombreux les événements qui pourraient affecter l’économie mondiale. De façon non limitative, on peut redouter les zigzags de Donald Trump, dont les projets d’investissements colossaux dans les infrastructures américaines pourraient doper la reprise – ce qui serait bon pour l’Afrique – et/ou déclencher une hausse du dollar et/ou des taux d’intérêt – ce qui serait ravageur pour les pays du continent très endettés.
Par ailleurs, les résultats des élections en France, en Grande-Bretagne, en Italie et en Allemagne pourraient déboucher sur des politiques protectionnistes, provoquant un ralentissement du commerce international et un recul des prix des produits de base, dont la santé du continent dépend encore trop.
Enfin, le terrorisme peut geler les projets industriels et touristiques des pays africains désireux de se diversifier. Le pire est écarté ; la solidité du mieux n’est pas garantie.