Un vaccin contre la fièvre hémorragique Ebola s’est enfin montré efficace lors d’un essai clinique à grande échelle. Un nouvel outil extrêmement prometteur. Mais comment fonctionne-t-il précisément ?
VACCIN. Cette fois, il semble que la communauté scientifique a bel et bien mis la main sur une protection efficace contre le virus Ebola. Le vaccin VSV-Ebola mis au point par l’Agence de la santé publique du Canada et développé par le laboratoire américain Merck s’est montré efficace à 100% dans un vaste essai clinique mené sur le terrain en Guinée sur plus de 7.000 personnes. Le résultat est évidemment d’importance et extrêmement prometteur. Toutefois, il convient de rappeler qu’aucun vaccin ne dispose jamais d’une efficacité absolue. Si celui-ci s’est bien révélé totalement efficace dans cet essai, c’est dans une population donnée. À titre d’exemple, des vaccins élaborés de longue date et perfectionnés comme celui contre la rougeole, le tétanos ou la diphtérie présentent une efficacité évaluée entre 90% et 99%. Mais le cap des 100% n’existe pas en médecine.
Si des campagnes de vaccination de grande ampleur interviennent dans les prochains mois, il y a fort à parier que certaines personnes ne répondront pas de la même façon. Mais les résultats de l’essai publiés dans The Lancetlaissent croire que ces cas de figure resteront très marginaux.
La clé de l’infection est aussi celle de la protection
Quelle stratégie a-t-elle été utilisée pour venir à bout de la résistance du virus ? Comme la plupart des vaccins, le VSV-Ebola a été conçu à partir d’un autre virus. C’est celui de la stomatite vésiculaire (VSV) qui a été utilisé par les chercheurs canadiens pour sa capacité à stimuler le système immunitaire d’une personne sans pour autant la mettre en danger. En effet, celui-ci est relativement inoffensif pour l’humain chez qui des symptômes semblables à ceux de la grippe peuvent apparaître dans le pire des cas.
Pour entrer dans les cellules humaines, le virus Ebola possède une clé : les protéines GP réparties à la surface de la capside qui enveloppe l’information génétique du virus. L’idée des chercheurs a donc été de faire produire par l’organisme des anticorps contre ces protéines. Ils ont ainsi récupéré le gène de la protéine GP dans le virus Ebola, avant de le transférer sur le virus VSV, en remplacement d’un gène correspondant. Alors pourvu de ces fameuses protéines, le VSV injecté à un individu va être rapidement combattu par le système immunitaire. Lequel va développer des anticorps spécifiques aux protéines GP. De cette façon, lorsque le virus Ebola entre en contact avec l’individu vacciné, il est neutralisé avant de pouvoir pénétrer les cellules. La clé du virus ne fonctionne plus pour la simple et bonne raison que le vaccin a, en quelque sorte, changé les serrures.