Surprise générale ! Alors que les Camerounais s’attendaient à voir plutôt le Conseil d’Administration débarquer le Directeur Général Ernest Dikoume accusé par les employés-mêmes de ne rien faire d’autre qu’enfoncer la compagnie depuis son arrivée à sa tête en août 2016, une mesure qui pouvait éventuellement s’appliquer aussi au président du Conseil d’Administration, c’est plutôt celui-ci qui a été limogé, et aussitôt remplacé par un fonctionnaire des services du premier ministre, Louis Georges Njipendi.
Pour de nombreux connaisseurs du dossier Camair-Co, le désormais ex-PCA paie ainsi le prix de son désaccord avec le ministre des Transports Edgar Alain Mebe Ngo’o, au sujet de la gestion du plan de relance de la Camair-Co. Mefiro Oumarou se serait senti pousser des ailes au point de vouloir instaurer un excès de rigueur dans la gestion de la compagnie, là où son patron se voulait plutôt tolérant, à la limite de la permissivité. Nos sources ajoutent que dans cet élan, le PCA qui est par ailleurs ministre délégué auprès du ministre des Transports, aurait .laissé transparaître dans son attitude de spécialiste des questions de transports, un zeste de désinvolture vis-à-vis du ministre Mebe Ngo’o, qui lui est administrateur civil de profession, et ne pouvait le tolérer. Il faut dire que depuis la nomination de Mefiro Oumarou à la tête du Conseil d’Administration de Camair-Co, les relations entre les deux hommes s’étaient considérablement détériorées, au point où le patron, arrivé en octobre 2015 à la tête de ce ministère où Mefiro séjourne depuis 2009, d’abord en tant que Secrétaire d’Etat, puis comme ministre délégué, s’était cru obligé de lui rappeler qu’il ne peut y avoir qu’un seul coq dans un poulailler, et que pour l’occurrence, c’était lui, incontestablement.
Aussi, profitant d’une série d’interviews accordées par son collaborateur, Mebe Ngo’o devait lui « infliger » une demande d’explication dont la teneur, aussi ferme qu’humiliante, fuitera « accidentellement », pour se retrouver dans la presse :
«Monsieur le Ministre,
Il m’a été donné de constater que le dimanche 28 août 2016, et le lundi 29 août 2016, vous avez, sans mon autorisation préalable, accordé deux interviews respectivement aux émissions Actualités Hebdo et Inside the Presidency.
De surcroit, en ma qualité de Chef du département des Transports, j’avais accordé le même jour deux interviews aux émissions Dimanche Midi et Scènes de Presse. En plus de n’avoir pas cru devoir solliciter mon autorisation, vous vous êtes évertué à prendre le contre-pied de mes déclarations concernant la politique du gouvernement en matière de transports, en remettant notamment fondamentalement en cause l’économie du plan élaboré par le constructeur Boeing en vue du redressement de Camair-Co, et qui a fait l’objet de la haute approbation de monsieur le Président de la République.
L’opinion publique nationale a ainsi assisté, médusée, au spectacle ahurissant sans précédent, mettant en scène le Ministre des Transports, Chef du département, déclinant la politique du Gouvernement, et le Ministre Délégué auprès de lui, contredisant ses déclarations. Par-dessus le marché, au moment où je demande à vous rencontrer le lundi 29 août 2016, il m’est revenu que vous avez quitté le Cameroun le samedi 27 août 2016, pour jouir de votre congé sans avoir eu la politesse et la courtoisie élémentaire de m’en prévenir.
Au cas où vous l’aurez perdu de vue, en vos qualités respectives de Ministre Délégué auprès du Ministre des Transports et de PCA de Camair-Co, vous demeurez placé sous l’autorité du Ministre, en vertu de mon double statut de chef de département des Transports et de tutelle technique de la compagnie aérienne nationale. Et à ce titre, toutes vos sorties médiatiques doivent être subordonnées à mon autorisation préalable.
Au demeurant, je vous demande de me fournir dans les meilleurs délais possibles, des explications écrites de ce comportement qui viole de façon flagrante des règles régissant la conduite au travail gouvernemental, et la bien séance indispensable à la préservation de la solidarité et des relations personnelles entre membres d’un même Gouvernement».
» … Au cas où vous l’aurez perdu de vue, en vos qualités respectives de Ministre Délégué auprès du Ministre des Transports et de PCA de Camair-Co, vous demeurez placé sous l’autorité du Ministre, en vertu de mon double statut de chef de département des Transports et de tutelle technique de la compagnie aérienne nationale. Et à ce titre, toutes vos sorties médiatiques doivent être subordonnées à mon autorisation préalable. »
Quoique l’on ne sache pas quelles explications le ministre-PCA avait fournies à celui sous l’autorité de qui il demeure placé, il a été maintes fois constaté que les deux personnalités n’évoluaient pas sous la même longueur d’onde, même si Mefiro essayait tant bien que mal de se « ranger ».
L’épilogue de ce combat à fleurets mouchetés, c’était hier, avec la décision du président de la République de faire droit à la hiérarchie.
Avec camer24