Le FMI et la Banque mondiale, dans leurs prévisions du mois d’avril, tablent sur un rebond de la croissance économique du continent. “Ce rebond reste insuffisant”, a toutefois tempéré Abebe Aemro Selassié, le directeur Afrique du FMI, ce vendredi.
C’est le rendez-vous traditionnel des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui se tiennent jusqu’à dimanche à Washington. À cette occasion, les deux institutions mettent à jour leurs objectifs de croissance de l’économie mondiale.
Et, cette année, toutes deux s’accordent sur un rebond africain, quoique leurs évaluations de début d’année peuvent régulièrement être corrigées significativement à la baisse, en octobre. Ainsi, mardi 18 et mercredi 19 avril, ils ont de concert fait état d’une croissance pour l’année 2017 sensiblement relevée, annonçant toutes deux +2,6% en 2017 en Afrique subsaharienne, même si leurs chiffres ne sont pas calculés de la même façon.
Un rebond encore « insuffisant »
Une bouffée d’air Après l’annus horribilis de 2016. La croissance est tombée à son plus bas niveau depuis 20 ans (1,3% pour la Banque mondiale et 1,4% pour le FMI), plombée par des cours du pétrole (–6,4% de croissance au Tchad et –2,7% en République du Congo) et des minerais déprimés. Ces nouveaux chiffres signalent donc bien un rebond africain dans le cadre d’une reprise plus franche au-dessus de 3% de croissance de la conjoncture mondiale, stagnante sous les 2,5% depuis 2012.
« C’est un rebond, mais il demeure insuffisant et en-dessous de la croissance démographique notamment parce que certains ajustements tardent à être faits », a estimé Abebe Aemro Selassié, ce vendredi, dans un point presse à Washington.
Au Maghreb, le FMI voit l’activité marocaine et tunisienne bondir de 4,4% pour le Royaume chérifien (contre +1,5% en 2016) et de 2,5% en Tunisie (contre 1% en 2016). Celle-ci vient d’ailleurs tout juste de bénéficier du déblocage d’un nouveau volet de l’aide de 3 milliards de dollars à laquelle l’institution s’est engagée.
Perspectives mornes en Algérie
Seule l’Algérie suscite moins d’enthousiasme de la part des économistes de Washington, avec en ligne de mire un très modeste 0,6% de croissance à échéance 2018.
À l’appui de ces bonnes prévisions, la Banque mondiale et le FMI citent des arguments similaires : remontée des prix du pétrole, renforcement des prix des métaux, précipitations supérieures à la moyenne qui stimulent la production agricole dans les pays qui avaient été touchés en 2016 par les sécheresses liées au phénomène El Niño…
Plus spécifiquement, chez les poids lourds de l’économie africaine, des raisons appellent à l’optimisme : au Nigéria, la reprise de la production pétrolière, en Afrique du Sud, la fin de la sécheresse et en Angola, la hausse des dépenses publiques. Des facteurs au vert dans ces trois pays qui doivent encourager la conjoncture continentale.
A fortiori, d’autres pays (Côte d’Ivoire, Éthiopie, Kenya, Mali, Rwanda, Sénégal et Tanzanie) font office désormais de locomotives et conservent un rythme proche ou supérieur à 7% environ de croissance.
Des mesures fiscales robustes en zone Cemac.
Pour Abebe Aemro Selassié, priorité doit désormais être donnée à des ajustement de politique économique, qui à ses yeux ont trop tardé. Tout particulièrement en Afrique centrale où une série de programmes sont en cours de négociation avec les pays de la zone.
« Nous y mettons en place des trains de mesures fiscales robustes pour répondre aux pertes de revenus qu’ont connues ces pays, qui sont doublés en Centrafrique et au Cameroun des débordements sur leur sol du conflit avec Boko Haram », a-t-il indiqué. Sans toutefois préciser la date à laquelle les programmes de prêts et leur montant seraient finalisés.
Avec jeuneafrique