Dans la sous-région comme sur le plan international, la politique active de coopération d’Alassane Ouattara redonne au pays toute son influence après des années d’isolement.
La Côte d’Ivoire sort enfin de son isolement diplomatique. Après dix années de crise, Alassane Ouattara a instauré une politique étrangère dynamique, renforcée par son mandat de président de la Cedeao entre février 2012 et mars 2014. À ce titre, il a aidé à résoudre plusieurs crises dans la sous-région – aux dépens parfois de certains dossiers internes, comme la réconciliation, maillon faible de son pouvoir -, notamment après les coups d’État au Mali et en Guinée-Bissau au printemps 2012.
En quelques années, Abidjan est redevenu un point de passage obligé des personnalités politiques du monde entier : Hillary Clinton, alors secrétaire d’État des États-Unis, s’y est rendue en janvier 2012, le Premier ministre japonais Shinzo Abe en janvier 2014, le président français François Hollande en juillet de la même année…
Alassane Ouattara fait même office de sage auprès de ses homologues d’Afrique de l’Ouest. Le Togolais Faure Gnassingbé, le Guinéen Alpha Condé, le Ghanéen John Dramani Mahama ou la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf sont tour à tour venus le consulter. Le 28 avril, au lendemain d’une élection présidentielle contestée au Togo, il n’a pas hésité à se rendre à Lomé en compagnie de John Dramani Mahama, alors président de la Cedeao, pour tenter de faire reconnaître le verdict des urnes.
Ses interventions sont également sollicitées à l’échelle du continent. « Le fait que l’Union africaine [UA] ait demandé au président Ouattara d’ouvrir des discussions avec Mohammed VI au sujet d’un possible retour du Maroc [le royaume avait quitté l’UA en 1984 pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique] démontre son influence », confie un ambassadeur africain en poste à Abidjan.
La diplomatie ivoirienne couvre actuellement 60% des pays membres de l’ONU. L’objectif est d’atteindre les 90% à l’horizon 2018
Sur des dossiers aussi brûlants que le terrorisme ou le réchauffement climatique, le pays est aussi mis à contribution. Yamoussoukro a accueilli les 24 et 25 juin un Sommet des régions et villes d’Afrique pour le climat, en prévision de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21), qui se tiendra à Paris en décembre.
Cette activité diplomatique a largement contribué au retour de la BAD dans la capitale économique ivoirienne. Elle a aussi favorisé l’ouverture de l’économie du pays aux investisseurs sud-coréens, turcs, chinois ou américains. C’est par exemple le sud-coréen Hyundai qui a construit l’extension de la centrale thermique de Yopougon (est -d’Abidjan). Une « éco-diplomatie » mise en œuvre par Charles Koffi Diby, le ministre des Affaires étrangères. « De nombreux pays nous rendent des visites d’amitié et de travail, au cours desquelles sont signés de nouveaux accords de coopération », explique le chef de la diplomatie ivoirienne, qui a conclu en avril plusieurs conventions fiscales et juridiques avec la Turquie et qui prépare d’autres accords bilatéraux avec l’Égypte.
Le 23 avril, le palais présidentiel a remis leur nouvelle feuille de route aux ambassadeurs. Onze adjoints ont été nommés, à New York, Abuja, La Haye, Addis-Abeba, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Rome, Vienne, ainsi qu’à l’Unesco (à Paris). La diplomatie ivoirienne couvre actuellement 60 % des pays membres de l’ONU. L’objectif est d’atteindre les 90 % à l’horizon 2018, soit 175 pays sur 193.
Avec Jeune Afrique