Ecobank Transnational Incorporated a mis en place un comité ad hoc, qui sera en charge de la gestion de ses créances douteuses. « Cette structure aura pour seul objectif de soustraire les créances douteuses provenant des acquisitions, de l’activité principale de Ecobank Nigéria », a expliqué Ade Ayeyemi, le directeur général de la holding financière panafricaine.
L’objectif recherché par ETI est de dissocier ses activités bancaires et financières, de celle de la gestion des créances douteuses, notamment au Nigéria, marché où le groupe est exposé à près de 40%. Pour le compte de l’exercice 2016, Ecobank dit avoir constitué une provision volontaire sur le portefeuille des créances douteuses, portant l’encours de ces provisions à près de 864 millions $, contre seulement 532 millions $ en 2015.
Cette situation a débouché sur la réalisation d’une perte d’exploitation de 128,8 millions $, une première pour le groupe qui en 2015, réalisait encore un résultat d’exploitation positif de 206,4 millions $. Le groupe prévoit ainsi de doter son comité ad-hoc d’une enveloppe globale de 200 millions $. Il a prévu pour cela de mobiliser 400 millions $, via l’émission d’obligations convertibles.
Celles-ci sont affectées d’un taux de 6,45% au-dessus du taux du marché interbancaire à Londres (LIBOR) et ont une valeur de conversion représentant deux fois la valeur boursière actuel de l’action ETI (3 centimes $) sur les trois différents marchés financiers (Abidjan, Lagos et Accra) où la holding est cotée.
L’initiative du comité ad-hoc, a déclaré Mr Ayeyemi, a reçu le soutien des actionnaires africains, qui ont déjà souscrit à l’émission des obligations convertibles à hauteur de 300 millions $. Il ne précise pas si Qatar National Bank, deuxième actionnaire du groupe après le sud-africain Nedbank, ainsi que d’autres actionnaires non régionaux comme la Société Financière Internationale, se sont désolidarisés du projet.
Au-delà de la constitution des provisions, les performances opérationnelles du groupe financier n’ont pas été bonnes. Ade Ayeyemi a blâmé les conditions difficiles d’exploitation au Nigéria, et l’appréciation du dollar américain (sa monnaie de référence) qui a affecté la rentabilité sur l’ensemble de ses opérations en Afrique.
Mais les chiffres racontent une autre histoire. La marge nette des intérêts (différence entre les intérêts perçus et ceux payés à la clientèle) est restée quasiment stable à 1,1 milliard $ à la fin 2016, contre 1,14 pour la même période en 2015. Malgré la poursuite, avec de lourds investissements, de l’amélioration des services, les revenus hors intérêts (frais et commissions) ont baissé à 865,8 millions $, contre 960,4 millions $ en 2015.
Les arbitrages sont difficiles pour l’équipe dirigeante actuelle, qui a hérité d’une structure visiblement défaillante, qui avait conduit à une crise au sein de son conseil d’administration et de son management, avec à la clé le limogeage du DG devenu aujourd’hui ministre, et des révélations fracassantes d’un cabinet d’audit sur des pratiques peu orthodoxes de l’ancienne équipe Ekpe.
« Le double objectif d’Ecobank vise à générer des rendements pérennes supérieurs au coût des capitaux propres tout en appliquant les normes internationales les plus strictes. Nous accordons le même niveau de priorité à ces deux objectifs », a expliqué Mr Ayeyemi.
Une note positive toutefois, ETI sort de l’exercice 2016, avec une trésorerie qui est demeurée positive à 2 milliards $. Le concours de ses actionnaires devrait lui permettre de faire encore reculer l’encours de son endettement, et enfin le groupe a investi sur des titres financiers et pourrait en tirer une certaine rentabilité en termes de plus-values.
Avec agenceecofin